Curieux projet que celui-ci, concrétisé en 2002 par le réalisateur britannique Marc Isaacs : rester plusieurs jours durant dans l'ascenseur d’une tour de Londres, à filmer les résidents monter et descendre. En quelques questions simples (de quoi avez-vous rêvé cette nuit ? qu’est-ce qui vous préoccupe aujourd’hui ?) se brosse peu à peu un portrait de la société anglaise des années 2000. En filigrane se dessinent les problèmes de tout un pays : alcoolisme, chômage, promiscuité, différences culturelles… Ces menus tracas que ne peut dissimiler la bonne humeur naïve des habitants de l’immeuble, amusés de ce dispositif étrange. L' Ascenseur, c’est le film que nous aurions tous aimé faire : un petit budget, une caméra et quelques jours à rester assis dans une cabine en discutant. Plus efficace que Mike Leigh, moins démonstratif que Ken Loach, plus simple qu’Andrea Arnold, moins cher que Danny Boyle, Marc Isaacs a trouvé, avec L' Ascenseur, le moyen le plus direct de faire un film social objectif.
l'ascenseur par serumen
Gauthier Jurgensen