AlloCine : Une personne sur deux dans le jury vient de la comédie ou du stand up. Ces films d’une minute se tournent souvent vers l’humour. Peut-on s’attendre à ce qu’une comédie remporte le Grand Prix cette année ?
Gad Elmaleh : On peut dire, en effet, au-delà de nos parcours respectifs, que les formats très courts se prêtent à la comédie. Cela dit, je ne sais pas si vous avez vu les films des années précédentes, mais il y a vraiment des situations qui n’en font pas partie. Je suis un acteur de comédies, je le revendique, j’aime ça, et je serai plus sensible (peut-être) à la comédie ! De là à dire qu’on va plutôt primer des comédies... J’ai vu un film qui était carrément un mini thriller ! C’est assez fascinant ! Je crois que ce qu’il faut encourager, c’est le talent. Comment a-t-on fait pour nous raconter cette histoire ? Et ça nous sautera aux yeux. Mais si c’est drôle, c’est mieux. (rires)
Le premier Prix que vous remettez est d’un montant de 15 000€. C’est une somme considérable pour un film d’une minute tourné sur téléphone mobile ! C’est presque comme donner un gros calibre à quelqu’un qui serait simplement doué aux fléchettes, non ?
La plus belle chose à offrir à un jeune réalisateur, ou à un auteur, c’est ça. Parce qu’à moins d’être sélectionné dans des festivals très prestigieux, un prix… c’est bien, je n’ai rien contre ! Mais rien ne vaut d'encourager concrètement, pour donner confiance à quelqu’un. Et ça passe par ça: de l’argent, du concret. Donc on pourrait dire au lauréat : « Arrête de faire mumuse avec tes fléchettes et viens plutôt ici faire du sérieux ». Mais pourquoi prendre des comparaisons guerrières, comme ça ? (rires) Disons plutôt, par exemple un mec qui… Je ne sais pas, je n’ai pas la bonne comparaison.
Vous avez commencé votre carrière au cinéma avec des courts métrages comme Dieu, que la nature est bien faite ! ou Trait d’union, et maintenant, vous tournez avec les plus grands cinéastes internationaux. Présider ce jury, c'est un hommage à vos premières amours ?
Non, puisque je tourne un court métrage le mois prochain ! En effet, les acteurs, au début, n’ont pas réellement le choix. Ils vont là où on a besoin d'eux, et en général, c’est plutôt des courts métrages, parce qu’eux aussi ont besoin d’acteurs. Donc, c’est une forme d’échange de bons procédés, puisque les deux parties sont dans la même situation. On construit ensemble. Après, moi, je reste ouvert ! Moins disponible, forcément, c’est logique… mais ouvert aux idées. Ce qui m’intéresse profondément, c’est l’idée. Comment elle tient sans artifice, sans lumière, sans montage, sans motion capture. D’ailleurs, j’y repensais il y a peu de temps. Pas au cinéma, mais à la scène (parce qu’hier, j’étais sur scène). Qu’est-ce qu’une idée drôle, efficace, ressentie et qui raconte des choses, sans le simple : « ça va, Toulouse ? ». En fait, ce « ça va, Toulouse ? », il existe un peu aussi au cinéma avec le mixage, le montage, les effets spéciaux… D’autre part, peut-être qu’inconsciemment, je me dis que c’est rafraichissant. Et que c’est un coup de vieux, peut-être. Mais positif ! Est-ce que ça m’inspire, me régénère, d’entendre des jeunes réalisateurs parler de leur parcours ? Est-ce que ça me ramène à l’essentiel ? Ça oui !
En bonus de ces quelques questions, Gad Elmaleh a joué au journaliste qui interroge AlloCine :
Gad Elmaleh : Sinon, vous qui bossez chez AlloCine, mettez-vous à l’honneur des courts métrages ? En parlez-vous ? Il y a moyen, peut-être, avant de voir une bande-annonce, au lieu de mettre vingt secondes de pub, de mettre la bande-annonce d’un court métrage ! Aujourd’hui, vingt secondes, c’est devenu très long, on a l’impression que la journée est foutue ! (rires)
AlloCine : Oui ! Nous mettons un court métrage à l’honneur tous les jours, dans le courant de l’après-midi. Et nous écrivons d’autres articles sur le monde du court métrage, les festivals dans l'actualité, etc. Aujourd’hui, sur le Mobile Film Festival, par exemple.
Alors c’est bien, tu es mon ami. Sinon, les gens qui écrivent des critiques, se sont de vrais gens ? (rires)
Non, ce sont des robots. (rires)
Propos recueillis par Gauthier Jurgensen