Affiche du film- Copyright EuropaCorp Distribution
1. Votre long-métrage se donne-t-il comme une suite de votre court-métrage également intitulé "La Planque"?
Au départ, ce n’était absolument pas prévu. Je n’imaginais pas de suite à ce « huis clos ». Mais très souvent la vie d’un court-métrage est plus longue que celle d’un long. Et de festival en festival, j’avoue que l’idée me titillait de plus en plus. Et avec Jalil Naciri, l’auteur du scénario, nous avons à peine eût le temps de réfléchir à l’adaptation que Luc Besson, qui a vu le court, nous l’a proposé. Au final, c’est vrai que le film peut être perçu comme une suite du premier projet. C’est d’ailleurs la suite d’une véritable aventure humaine puisque la majorité des comédiens et techniciens étaient déjà là il y a 4 ans pour le court-métrage.
2. Avez-vous rencontré des difficultés à passer du court au long au moment de l’écriture ?
Pas tant que ça. La difficulté était de ne jamais perdre de vue le fil rouge du projet. « Se cacher au cœur de ce que l’on fuit » et « plus ce que l’on cherche est sous nos yeux, plus on cherche ailleurs ». Avec ce principe d’enfermement, d’oppression et d’urgence perpétuelle. Ce qui était plus évident dans le court grâce au huis clos. Et puis les personnages des braqueurs, que je suis de très près tout au long du film en privilégiant toujours leur point de vue, méritaient vraiment d’être développés.
3. Quelles ont été vos influences cinématographiques pour ce premier film ?
Je suis très séduit par le cinéma anglais (Arnaques, crimes et botanique par exemple) ou coréen. Mais de là à dire que je m’en inspire serait bien prétentieux. Ils me nourrissent certes, mais au moment de tourner je ne me fixe jamais de références. J’avais juste envie de spontanéité. C’est d’ailleurs ce que je demandais aux acteurs. Je n’avais pas envie d’utiliser les codes classiques de la comédie. Je voulais un film singulier et j’espère y être un peu arrivé.
4. Pourriez-vous expliquer ce qu’est la « blaxploitation » ?
La blaxploitation est un courant culturel et social propre au cinéma américain des années 1970. Il a revalorisé l'image des afro-américains en les présentant dans des rôles dignes et de premier plan et non plus seulement dans des rôles secondaires et de faire-valoir. C'est un mouvement culturel qui est nourri par une musique très proche de celle que l’on peut retrouver dans la BO de La Planque.
Gilles Bellomi- Copyright EuropaCorp Distribution
5. Comment avez-vous pensé l’univers musical du film ?
C’est un vrai un travail d’équipe. Les musiques sont déjà pensées au stade du scénario. Je les choisis en collaboration avec le scénariste et le compositeur, qui sont de véritables collectionneurs de soul-funk et disco. La musique du film définit presque à elle seule le fondement du mouvement et du collectif Alakis’, par ce qu’elle transporte et par tous les codes populaires à laquelle elle fait référence. Cet univers musical est aussi important pour colorer le film et dédramatiser les situations. Mon objectif étant de faire un film de divertissement avant tout.
6. Pourquoi ce choix d’une photographie très chaude, rappelant sous bien des aspects, les années 70 ?
Encore une fois, l’influence des années 70 est belle et bien présente. Mais je ne cherche pas à la souligner. Je suis naturellement attiré par cette esthétique, qui se marie bien en effet avec l’univers musical, mais qui participe surtout au ton particulier et décalé de La Planque.
Jalil Naciri- Copyright EuropaCorp Distribution
7. Comment s’est déroulée la rencontre avec Luc Besson ?
Très simplement. On a un sacré point en commun, et c’est un scoop ! L’envie de faire du cinéma par passion. A partir de là, tout devient assez simple.
8. Pourriez vous présenter le collectif Alakis’ en quelques mots ?
Alakis’ c’est un mouvement, un collectif, une bande de potes qui veulent tous faire du cinéma pour les mêmes raisons. Jouer, écrire, réaliser et divertir en mettant en lumière une culture très populaire et urbaine. Alakis’ ça veut dire « à l’ancienne » en hommage à une ancienne boîte de nuit, le Kis Club, sorte de temple de cette culture dans les années 80 ou tous les codes musicaux, vestimentaires et de langages s’y mêlaient et brillaient déjà sous les projecteurs.
9. Après les nombreux débats politiques sur le voile, l’islamisation…toujours perçus en France d’un œil sérieux et critique, aviez-vous pour ambition de désacraliser tout cela et d’aller à l’encontre de ce matraquage médiatique?
Ca aurait pu être mon ambition, mais ces débats n’ont pour moi absolument aucun intérêt dans la France d’aujourd’hui. Pourquoi chercher à désacraliser quelque chose qui ne m’intéresse aucunement?
En savoir plus: La Planque, Akim Isker
Propos de Akim Isker
Par Dounia Georgeon