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    L'Etrangère
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "L'Etrangère" et de son tournage !

    Note d'intention

    "Ce film évoque le désir universel d’être aimé par ses proches pour ce que l’on est, et non pour le style de vie qu’on a choisi. Il y a, au coeur de cette histoire terrible, l’occasion manquée d’une réconciliation – comme une lueur d’espoir. C’est une histoire dans laquelle aucun personnage n’est condamné, mais je tenais à ce que les pulsions et les conflits, tout comme la tragédie qu’ils vivent, soient perceptibles sur le plan émotionnel. Je voulais qu’on éprouve de l’empathie pour tous les protagonistes pris au piège de ce conflit, et je souhaitais les humaniser, par-delà les préjugés des médias, et le poids de la culpabilité liée aux traditions communautaires."

    D'un côté à l'autre de la dénonciation

    Max Richter, le compositeur de ce film, est aussi le créateur de la magnifique partition du film d'animation de 2008 d'Ari Folman, Valse avec Bachir.

    Tourner dans une autre langue que la sienne

    Se déroulant dans une famille turque, la plupart des dialogues de L'Etrangère sont dans cette langue que ne maîtrise pas la réalisatrice Feo Aladag. Une difficulté qui n'a pas eu l'air de la déranger: "Quand on tourne un film, on est systématiquement en quête de moments de vérité, et on peut le faire dans n’importe quelle langue. Bien entendu, le fait de connaître le moindre dialogue en turc du scénario m’a beaucoup aidée. Mais je ne pense pas qu’on ait forcément besoin de parler couramment la langue du film qu’on est en train de tourner. Il faut surtout savoir faire la différence entre les moments de vérité et les moments qui sonnent faux, et il s’agit de savoir comment susciter cette vérité que l’on veut obtenir à l’écran. Bien sûr, il faut connaître la musicalité de la langue, ses sonorités et ses inflexions. Et comme le turc est une langue poétique, mélodieuse, lyrique et surtout plus métaphorique et à même de susciter les émotions que l’allemand, cela a été extrêmement gratifiant pour moi de réaliser un film dans cette langue et de travailler avec une équipe multiculturelle."

    Des débordements qui restent l'exception

    Feo Aladag nous garde de toute généralisation sur la communauté turque"Les quelque 2,7 millions d’immigrés d’origine turque vivant en Allemagne forment une communauté tout aussi plurielle que la plupart des Allemands. On ne peut en aucun cas les mettre tous dans le même sac. (...) Fort heureusement, la majorité des immigrés d’origine turque n’est pas concernée par les problèmes qu’aborde le film. Malgré tout, de nombreux Allemands d’origine turque sont en quête d’identité – et c’est bien légitime. En Allemagne, ils ont le sentiment d’être considérés comme des Turcs – autrement dit comme des citoyens de seconde zone pour bien des Allemands – et en Turquie, ils ne sont pas vus comme de vrais Turcs, mais comme des Allemands. Les crimes d’honneur, dans cette communauté, restent une exception, et la pire catastrophe qui soit. Leur rejet par l’essentiel de la société explique leur retour aux valeurs traditionnelles, surtout chez la jeune génération. L’Étrangère n’est pas le portrait emblématique d’une communauté, et certainement pas la préconisation d’un style de vie."

    Un véritable fait divers

    L'affaire Hatun Sürücü est une affaire qui a défrayé la chronique en Allemagne il y a quelques années et qui a pu inspirer la réalisatrice lors de l'écriture de L'Etrangère. Le 7 février 2005, le cadavre d'une jeune femme de 23 ans d'origine turque qui avait rompu avec les traditions familiales après un mariage forcé était retrouvé à Neukölln, un quartier d'immigrés du sud de Berlin. Elle a été tuée de trois balles dans la tête. Après quelques jours d'enquête, la police arrêtait trois suspects : les propres frères de la victime, âgés de 18, 24 et 25 ans. En se documentant pour le film, Feo Aladag a fait un triste constat: cette affaire n'est qu'une parmi d'autres: "L’affaire Hatun Sürücü est une affaire parmi d’autres qui a été médiatisée à l’époque de mes recherches, même si c’est probablement celle qui a été la plus relayée dans la presse allemande depuis plusieurs années. Ceci dit, je me suis intéressée à pas mal d’affaires similaires, qu’elles aient eu lieu en Allemagne ou dans d’autres régions du monde. Le déroulement de ces affaires est souvent le même et, d’une manière ou d’une autre, elles ont nourri le scénario."

    L'image d'une main tendue

    Feo Aladag révèle que l'idée centrale du film peut être résumée à une image, celle d'une main tendue. "une main capable de combler les gouffres qui nous séparent." : "Je voulais soulever des questionnements et raconter l’histoire profondément tragique de personnages qui ratent l’occasion de se tendre la main pour rétablir le dialogue. Pourquoi met-on nos différences en avant dans nos rapports aux autres, et pourquoi nous empêchons-nous d’aimer quand l’autre est différent de soi – alors qu’on pourrait donner la priorité à ce qui nous rapproche plutôt qu’à ce qui nous sépare ?"

    Actrice-réalisatrice

    La réalisatrice Feo Aladag, dont c'est le premier film, est connue en Allemagne comme comédienne (on a pu la voir dans des séries allemandes comme Tatort ou Der Kriminalist et des films comme Lucy). Mais les deux métiers ne tiennent pas pour elle de différents principes: "Pour moi, le métier d’acteur, l’écriture et la réalisation sont des moyens d’expression qui proviennent de la même envie : soulever des questionnements et établir un dialogue avec le public. Ce qui est formidable dans la mise en scène, c’est que c’est là que le film prend forme et que votre vision d’ensemble devient réalité.(...)Pour moi, la mise en scène n’est pas si éloignée du métier d’acteur, dans la mesure où les choix que l’on doit faire reposent sur l’intuition et sont liés à l’idée de départ qui nous anime depuis l’écriture du scénario. On doit suivre cette idée sans faillir jusqu’à ce que le film soit totalement terminé."

    ...et productrice aussi

    Habituée à n'avoir pour seul maître qu'elle-même en tant que comédienne (au service d'un film ou d'un réalisateur toute fois) Feo Aladag a décidé de réaliser son film avec la même liberté et, pour s'en donner les moyens, de créer sa société de production: "Comme chez les comédiens, il ne faut faire confiance qu’à son intuition – qui est la seule référence – puisqu’il n’y a qu’elle qui puisse justifier qu’on ait pris telle décision et non pas telle autre. En toute logique, je ne pouvais donc que produire moi-même L’Étrangère, sous l’égide de ma propre société de production, Independent Artists, d’autant que je ressentais l’impérieuse nécessité de garder un contrôle absolu sur mon film, ainsi qu’une liberté totale dans tous mes choix artistiques."

    Le maître mot : confiance!

    Comédienne elle-même, Feo Aladag a de bonnes raisons de mettre l'accent sur la direction d'acteurs. Elle raconte son expérience: "Pour moi, le fondement même de la direction d’acteur est la confiance. C’est d’autant plus difficile qu’il s’agissait de réunir des comédiens chevronnés et d’autres très peu expérimentés. (...) Je pense que le fait que je sois moi-même actrice m’a aidé à trouver la manière de m’y prendre avec chaque comédien, en fonction de sa propre expérience du métier. J’ai animé un atelier pendant plusieurs mois pour les acteurs non professionnels que nous avons repérés dans la rue. Cela m’a permis de travailler de manière très concrète avec eux et de leur fournir une solide base de travail. Il était très important que les comédiens, qui s’apprêtaient à jouer les membres de la même famille, entretiennent de vraies relations pendant les répétitions. Et il était tout aussi capital d’instaurer un climat de confiance entre nous tous afin que les acteurs se sentent suffisamment à l’aise pour dévoiler leur part de fragilité et être d’une grande justesse."

    Un vrai travail de documentation

    L'idée de faire ce film est venue à Feo Aladag d'un triste évènement : "Il y a six ans, j’avais été frappée par une série de meurtres commis en Allemagne « pour l’honneur » : les victimes étaient des femmes qui avaient tout simplement tenté de s’affranchir du joug familial et social. Suite à la campagne d’Amnesty International, Halte à la violence contre les femmes, pour laquelle j’ai tourné plusieurs spots institutionnels, je me suis beaucoup documentée. (...) Pour mieux cerner les enjeux complexes qui se jouent dans la cellule familiale dans le cas de « crimes d’honneur », pouvant aller jusqu’au meurtre, j’ai fait pas mal de recherches sur le sujet. Et plus je me plongeais dans la documentation, plus je ressentais la nécessité de raconter l’histoire d’une jeune femme d’origine germano-turque qui tente de s’émanciper tout en voulant préserver l’amour et la solidarité de sa famille à son égard.''

    Des débuts prometteurs

    Trois acteurs font avec L'Etrangère leurs débuts au cinéma, ce sont Serhad Can qui incarne Acar, le frère cadet d’Umay, Almila Bagriacik qui joue sa soeur cadette, Rana, et le jeune Nizam Schiller, son fils Cem dans le film.

    Film multirécompensé

    Le film a reçu de multiples récompenses à travers le monde. Ainsi, il a reçu le prix du Meilleur film en 2010 dans pas moins de cinq festivals (Sao Paolo, Fort-Lauderdale, Calgary, Panorama du Cinéma Européen d'Athènes eta u Festival International du film de Ghent en 2010 où il reçu aussi le Prix du Public), tandis que l'actrice principale, Sibel Kekilli, a reçu le Prix de la Meilleure Actrice au Festival du Nouveau Cinéma de Montréal. Enfin, aux German Film Critic's Awards, l'équivalent allemand de nos César, le film a fait une véritable razzia puisqu'il n'a pas reçu moins de sept récompenses dont Meilleur film, Meilleur 1er Film et Meilleure Actrice.

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