De quoi ça parle ?
En Corée, à l'époque médiévale, un mystérieux fléau se propage dans un royaume rongé par la corruption et la famine, et les morts se transforment en monstres assoiffés de sang et de chair humaine. Le prince héritier, accusé de trahison mais prêt à tout pour sauver son peuple, se donne alors pour mission de découvrir l'origine de ce mal qui sévit dans l'ombre.
Kingdom saison 1 (6x52 min.), créée par Kim Eun-Hee et réalisée par Kim Seong-hun
Avec Ji-hoon Ju, Ryu Seung-Ryong, Doona Bae (Sense8), ...
Disponible depuis le 25 janvier sur Netflix
À quoi ça ressemble ?
Ça vaut le coup d'oeil ?
Pour sa première série originale coréenne à voir le jour (Love Alarm, commandée techniquement avant, n'est pas encore sortie), Netflix a décidé de faire une entrée remarquée dans un genre pour le moment quasiment exclusivement représenté par The Walking Dead : la série de zombies. Mais alors que le drama d'AMC connaît un essoufflement important après 9 saisons - autant sur le plan des audiences que sur celui de la qualité - Netflix a eu la bonne idée avec Kingdom, dont les six épisodes de la première saison sont disponibles depuis le 25 janvier, de proposer quelque chose de diamétralement opposé, qui au lieu de dépeindre un futur (proche ou lointain) apocalyptique nous ramène plusieurs siècles dans le passé, durant la période Joseon, dans une Corée féodale en proie à la famine et à la corruption.
Après une première séquence mystérieuse et efficace, durant laquelle le jeune apprenti d'un médecin semble se faire dévorer par "quelque chose" d'hostile, Kingdom, créée par la scénariste Kim Eun-hee (Signal) d'après son webcomic Land of the Gods et réalisée par Kim Seong-hun (Tunnel), ralentit le rythme le temps de son premier épisode, afin de poser les bases d'un récit qui lorgne tout d'abord davantage du côté des grands drames historiques en costume asiatiques (combats de sabre à la clé). On suit alors la quête de vérité du prince héritier Chang (Ji-hoon Ju) qui, alors qu'il est traqué par le gouvernement, tente de découvrir quel mal ronge son père, le roi, que sa belle-mère, enceinte d'un enfant qui pourrait lui aussi prétendre au trône, ne lui laisse aucunement approcher pour d'obscures raisons évidemment intéressées.
Dans de magnifiques paysages où se succèdent les séquences sublimement filmées, Kingdom nous entraîne donc dans une sorte de récit d'aventure initiatique, mêlant politique, histoires de familles, secrets, et... attaques de morts-vivants. Pour un résultat étonnant, haletant, et assez jouissif, il faut bien le dire, quelque part à mi-chemin entre Marco Polo, Into the Badlands, et The Walking Dead. Et si les manigances qui s'opèrent dans l'ombre à la tête du royaume parviennent sans mal à passionner, ceux qui sont venus essentiellement pour les zombies ne seront pas deçus puisque, dès la fin de l'épisode 1, les morts se réveillent, apparemment contaminés par un étrange virus, et passent à l'attaque pour nous offrir une bonne dose de fun et d'hémoglobine qui s'intensifie au fil des épisodes.
Jamais très gore ni très effrayante, Kingdom parvient tout de même à faire montrer la tension via une déferlante d'action, de courses-poursuites (car oui, les zombies courent vite, très vite même), et de scènes fortes, voire osées (même les enfants ne sont pas épargnés). Assoiffés de sang et de chair humaine, et actifs seulement la nuit, les morts-vivants made in Netflix, sorte de zombies revisités à la sauce vampire, s'éloignent ainsi des rôdeurs de Walking Dead et permettent à Kingdom de se démarquer à plus d'un niveau. Et si les rebondissements, qui sont légion, ont tendance à être un peu prévisibles - c'est sûrement là l'un des seuls points négatifs de la sére - les six épisodes de cette première saison se dévorent d'une traite et réussissent un savant dosage entre action, tension, et humour, grâce à Moo-Young (Kim Sang-ho), garde personnel du prince héritier qui peine à saisir les blagues de son maître, et qui forme avec lui un duo qu'on suit avec plaisir tout au long de la saison.
Déjà renouvelée pour une deuxième saison, dont le tournage débutera très prochainement, Kingdom est donc une très belle surprise, dans un genre pourtant déjà bien exploré au cinéma notamment, dont les thématiques pourraient se résumer par un seul terme : la soif. Soif de chair humaine, soif de pouvoir, soif de survie. Les désirs des différents personnages, vivants comme morts, convergent alors dans un spectacle haut de gamme qui parvient à divertir, à dégoûter aussi parfois, et à dire des choses sur l'état actuel du monde, qui n'a peut-être pas évolué tant que ça sur le plan de la famine ou de l'opposition entre riches et pauvres. Et on peut vous l'assurer, vous terminerez forcément la saison 1 de Kingdom avec une seule envie : celle de dévorer la saison 2.