La Faute : que vaut la mini-série thriller de M6 avec Valérie Karsenti et Natacha Lindinger ?

De quoi ça parle ?

Avec trois enfants, un mari, et un métier à plein temps, Lisa Tedesco est une femme débordée. Elle a du mal à être à la fois la mère, l'épouse et l'amie idéale qu'elle voudrait être, et se le reproche sans cesse. Un vrai contraste avec sa meilleure amie Claire, stéréotype de la mère "parfaite" pour qui tout simple simple. Un jour, Lisa oublie d'aller chercher la fille de Claire à l'école, et l'adolescente disparaît, alors qu'un prédateur sexuel sévit dans la région. Lisa n'a d'autre choix que de tout faire pour retrouver la fille de son amie.

La Faute (4x52 minutes), réalisée par Nils Tavernier, d'après le roman de Paula Daly.

Avec Valérie Karsenti, Natacha Lindinger, Philippe Lelièvre, Jina Djemba, Paul Lefèvre, Eric Savin, ...

Les jeudis 22 et 29 novembre à 21h sur M6

À quoi ça ressemble ?

Ça vaut le coup d'oeil ?

Tournée au printemps 2017 dans la région d'Annecy, La Faute, mini-série en 4 épisodes adaptée du roman éponyme de l'auteure britannique Paula Daly et produite par Sydney Gallonde (Une chance de trop), arrive enfin sur M6 un an et demi plus tard. Un laps de temps particulièrement long entre le tournage et la diffusion qui n'est pas toujours très bon signe (la chaîne a-t-elle tenté de garder la série le plus longtemps possible dans ses cartons ?), d'autant plus que M6 nous a dernièrement habitué au meilleur (Quadras), mais aussi au pire (Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?) en matière de fictions. Impossible donc de ne pas se lancer dans cette nouvelle série sans une petite appréhension, que le pitch ne fait rien pour atténuer.

Après Disparue ou La Forêt, pour ne citer qu'elles, la télévision française nous offre en effet encore un énième thriller centré sur la disparition d'une adolescente. Un sujet vu et revu qui commence à lasser, dans un paysage audiovisuel où les fictions policières sont déjà légion. Mais La Faute, première série réalisée par Nils Tavernier (De toutes nos forces), a la bonne idée de dévier quelque peu du schéma habituel. Si le duo de flics inhérent au genre est bien là, il est relégué au second plan pour faire la part belle aux familles touchées par ce drame, et surtout à Lisa Tedesco, cette mère de famille un peu dépassée qui se retrouve rongée par la culpabilité lorsque la fille de sa meilleure amie, qu'elle a oublié d'aller chercher au lycée, disparaît sans laisser de traces. L'adolescente est-elle tombée par sa faute dans les griffes du prédateur sexuel qui semble sévir dans la région ? Valérie Karsenti, que les fidèles de M6 connaissent bien pour son rôle de Liliane dans Scènes de ménages, s'impose d'ailleurs comme le gros point fort de la série grâce à une prestation tout en justesse et en émotion, qui rappelle, à ceux qui auraient pu en douter, qu'elle est à l'aise dans bien plus de registres que celui de la shortcom.

Julien ROCHE/ M6

Davantage ancrée du côté du thriller psychologique que du récit policier, La Faute vaut surtout pour les thèmes qu'elle développe et les portraits de femmes qu'elle dresse. Comme le sous-entendent son slogan ("Parfois la négligence est pire que le crime") et le titre original du roman de Paula Daly, Just what kind of mother are you ? ("Quelle sorte de mère es-tu ?"), il est avant tout question ici de culpabilité et de la relation étrange qui existe entre ces deux mères de famille qui s'adorent mais qui sont très, très différentes. Une relation que l'on aurait aimé voir plus développée et qui fait probablement les frais de ce format inhabituel en 4 épisodes, qui ne permet pas vraiment de s'attarder sur grand-chose.

Et pourtant, une fois la totalité de la série visionnée, on ne peut s'empêcher de penser, paradoxalement, que le rythme de l'intrigue est bien trop lent, malgré le nombre d'épisodes réduit, et que les scénaristes ne sont pas parvenus à distiller un vrai suspense efficace. Et le pire dans tout ça c'est qu'on ose espérer jusqu'au bout un final coup de poing, assez sombre, au vu des différentes pistes semées çà et là. Et finalement, La Faute s'achève par un dénouement des plus décevants qui, bien qu'inattendu (il faut au moins lui accorder cela), est dépourvu de toute intensité dramatique et vient tout gâcher, à grands coups de "Tout ça pour ça ?".

Bref, malgré une réalisation et une ambiance soignées, des thématiques intéressantes, et des prestations globalement à la hauteur, La Faute fait partie de ces séries pas désagréables mais vite vues, vite oubliées, qui ne révolutionnent rien et restent bien trop classiques. Après la très moyenne Souviens-toi en début d'année, M6 peine donc une fois de plus à convaincre sur le créneau du thriller, voire sur celui des séries tout court. Mais heureusement, la bien plus réussie Papa ou maman, dans un tout autre genre, arrive très vite et devrait on l'espère réconcilier les sériephiles avec la sixième chaîne.