On l'a découvert avec un visage vert dans The Mask. Ou une chemise à fleurs dans les Ace Ventura. Il a été incapable de mentir ou dire non, et a eu les pouvoirs de Dieu. Bref, autant d'occasions que Jim Carrey a su saisir pour nous faire rire aux éclats, depuis son explosion au milieu des années 90. Au fil du temps, l'acteur a pourtant su dévoiler une facette plus sombre de son talent, ce que Kidding est récemment venue nous rappeler. La preuve par dix.
KIDDING (2018)
Absent du grand écran depuis 2014 et la sortie de Dumb & Dumber De, Jim Carrey fait son retour sur le petit, où il avait commencé à se faire un nom au début des années 90 grâce à ses sketches dans la série In Living Color. Devant la caméra, entre autres, de Michel Gondry, l'acteur incarne Jeff Pickles, présentateur d'une émission familiale et éducative avec un look et un regard de grand enfant, qui doit maintenir son image publique alors que, en privé, il est encore marqué par la mort de son fils qui a provoqué l'éclatement de sa famille.
L'ambiance n'est donc pas à la rigolade dans ce show qui peut s'avérer déprimant. Surtout quand on se rappelle que Jim Carrey avait dû faire face, en 2015, au suicide de son ex-compagne, qui avait clairement évoqué leur récente rupture comme l'une des causes de son passage à l'acte dans une lettre. Difficile de ne pas faire le parallèle et son personnage et lui-même, tous deux contraints de donner au public ce qu'il veut et aime d'eux, tout en se débattant avec une vie privée compliquée. Par moments, comme lorsqu'il veut absolument aborder le thème de la mort dans son émission, Jeff fait même penser à Robin Williams, autre clown triste qui, comme lui, tentait de déborder du cadre dans lequel il était.
DARK CRIMES (2017)
Tout est dans le titre, qui annonce la couleur de ce thriller incroyablement sombre dans lequel Jim Carrey incarne un enquêteur torturé, qu'une investigation va conduire dans la partie cachée de sa ville. Et aux portes de la folie quand il trouve des similitudes entre le meurtre qu'il tente d'élucider et les méthodes décrites dans un roman. Un peu comme dans Le Nombre 23, l'obsession pour les chiffres en moins. Également emmené par Charlotte Gainsbourg, le long métrage est sorti directement sur internet aux États-Unis en mai 2018, et sa très mauvaise réception critique a grandement réduit ses chances de le voir atteindre les salles françaises.
THE BAD BATCH (2016)
"Bannie au milieu d'un désert peuplé d'indésirables, une jeune femme tente de trouver sa place parmi les drogués et les cannibales" : tel est le synopsis de ce film de SF horrique signé Ana Lily Amirpour (A Girl Walks Home Alone At Night), dans lequel on retrouve Jason Momoa ou Keanu Reeves. Et, donc, Jim Carrey, presque méconnaissable sous sa barbe d'ermite poussant un caddie dans le désert et permettant notamment à l'héroïne d'échapper à des assaillants désireux d'en faire leur repas. Une performance muette, ce qui est un petit exploit de la part de l'interprète de The Mask ou Ace Ventura, qui faisait écho au fait que l'acteur se fasse de plus en plus rare sur les écrans à cette époque, même s'il n'a pas tenu à en parler.
Jim Carrey n'a en effet pas participé à la promotion de The Bad Batch, sorti directement sur Netflix chez nous, ayant apparemment demandé que son nom n'apparraisse pas sur les affiches afin que le film ne soit pas vendu dessus. Une version qui n'a pas été confirmée par la production, ni même la réalisatrice, qui a néanmoins précisé avoir d'abord rencontré le comédien pour un rôle de médecin comique, qui a ensuite été coupé du scénario, avant de lui confier le personnage de l'ermite.
KICK-ASS 2 (2013)
Avec son rôle et l'ambiance cartoonesque de l'univers créé par Mark Millar et John Romita Jr. sur papier, et transposé par Matthew Vaughn et sa co-scénariste Jane Goldman sur grand écran, tout semblait réuni pour que Jim Carrey renoue avec l'un des rôles hauts en couleurs qui ont fait de lui une star au coeur des années 90. Tout de camouflage vêtu, avec un masque vert qui lui cache une partie du visage, son Colonel Stars & Stripes possède cette exubérance qui était la marque de fabrique de l'acteur quand il était au sommet de sa gloire. Mais on rit plus jaune que de bon coeur, tant son personnage fait aussi preuve d'une fascination pour l'ultra-violence.
Trop aux yeux de son interprète. À quelques semaines de la sortie du film de Jeff Wadlow, Jim Carrey s'en désolidarise ouvertement sur Twitter : "J’ai tourné Kick-Ass 2 un mois avant [la tuerie de l'école primaire de] Sandy Hook et à présent, en toute conscience je ne peux supporter un tel niveau de violence", ecrit ce fervent défenseur de la lutte pour la régulation des armes à feu. "Mes excuses à toutes les autres personnes impliquées dans le film. Je n’en ai pas honte mais de récents événements ont causé un changement dans mon cœur." Est-ce pour cette raison que le long métrage, qui souffre de divers problèmes, donne l'impression que so rôle a été réduit au montage ?
I LOVE YOU PHILIP MORRIS (2009)
S'il fallait choisir un film pour résumer Jim Carrey en tant qu'acteur, ce serait celui-ci. Pas qu'il s'agisse de son meilleur, non. Mais la trajectoire de son personnage, qui s'est évadé plusieurs fois de prison pour vivre avec l'homme qu'il aime, n'est pas sans rappeler celle du comédien. Idem en ce qui concerne le mélange des tons : la première partie flirte avec le burlesque et n'a pas peur d'en faire trop, comme lorsque la star faisait The Mask, Ace Ventura ou Bruce Tout-Puissant, alors que la seconde se révèle plus posée, plus tendre, et renvoie à l'évolution qui a été la sienne grâce à des films tels que The Truman Show ou Eternal Sunshine of the Spotless Mind.
De là à dire qu'il n'y avait que lui pour incarner Steven Russell dans cette histoire aussi dingue que véridique alors qu'il a longtemps été question qu'il soit Robert Ripley, inventeur du concept "Incroyable mais vrai" en 1918, pour Tim Burton, il n'y a qu'un pas que nous franchissons allègrement.
LE NOMBRE 23 (2007)
En 1995, il jouait les méchants pour Joel Schumacher. Mais difficile de considérer son Homme Mystère comme autre chose qu'un clown, et de l'inclure dans ce dossier. Douze ans plus tard, l'acteur remet le couvert avec le réalisateur et la noirceur est, cette fois-ci, au rendez-vous. Il s'agit même de l'un de ses rôles les plus sombres : celui d'un homme qui devient obsédé par un livre et la récurrence du nombre 23, qu'il pense voir partout autour de lui. Convaincu qu'un complot se trame, il plonge alors dans un véritable cauchemar. Le spectateur non, mais pas loin.
Mal dirigé par son metteur en scène, Jim Carrey y est aussi éxubérant que dans une comédie. Ce qui, dans un thriller comme celui-ci, tourne vite à la roue libre. Il faut dire aussi que l'acteur n'est pas aidé par le scénario qui multiplie les rebondissements prévisibles et/ou ridicules, et va même jusqu'à broder un mystère autour d'un personnage qui a choisi Topsy Kretts comme pseudonyme. Oui, oui, il se fait appeler "Top Secrets". Il faudra ensuite attendre une décennie pour que Jim Carrey revienne vers le genre, grâce à Dark Crimes, mais avec toujours aussi peu de réussite.
ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND (2004)
On ne compte pas le nombre de fois où il nous a fait rire, capable de sauver un film médiocre avec une simple grimace. C'est pourtant en jouant la carte de la sobriété et de la tendresse que l'acteur a trouvé l'un de ses meilleurs rôles, devant la caméra de Michel Gondry, qui avait une idée aussi précise qu'originale au moment de donner des indications à ses interprètes : Kate Winslet devait jouer comme Jim Carrey, et inversement. Bien aidé par la finesse et l'intelligence du scénario, et les émotions qu'il distille, ce parti-pris se révèle totalement payant, ne serait-ce parce que chaque comédien ne donne pas l'impression d'imiter l'autre, et grâce auquel l'ex-Ace Ventura parvient à nous émouvoir par son regard, plus encore que dans The Truman Show. Un aspect de son jeu que le metteur en scène parviendra à recapturer dans Kidding.
THE MAJESTIC (2001)
Où Jim Carrey s'essaye au mélodrame avec un rôle à la James Stewart, dans une histoire d'amnésie qui convoque le maccarthysme et sa chasse aux communistes. Les bonnes intentions sont là, le réalisateur (Frank Darabont) est une pointure et son interprète principal ne démérite pas, alors que l'ombre du Truman Show plane encore sur lui. Mais il ne peut sauver ce Majestic, empêtré dans ses intrigues multiples qui finissent par se parasiter. L'acteur reviendra ensuite à la comédie et il faudra patienter trois ans pour qu'il redevienne sérieux.
MAN ON THE MOON (2000)
Qui d'autre que Jim Carrey aurait pu incarner Andy Kaufman ? Personne. Car Man on the Moon est autant un biopic sur le comique décédé en 1984, qu'une radiographie des mécanismes de l'humour doublée d'un portrait de sa star, acteur jusqu'au-boutiste qui, comme son modèle, aime pousser l'art du happening jusqu'à un degré extrême et brouiller les frontières entre improvisation et calcul. Alors que l'on se demandait encore comment il avait pu ne pas être nommé à l'Oscar pour ce rôle, le documentaire Netflix Jim et Andy confirme que Carrey était bel et bien né pour incarner Kaufman à l'écran, même si la façon dont il s'est investi (et presque noyé) dans le rôle s'avère parfois flippante.
THE TRUMAN SHOW (1998)
Coup de tonnerre en 1997 : sortant du succès de Menteur, menteur, qui a rapporté plus de 300 millions de dollars dans le monde, Jim Carrey va faire un film sérieux. "Son Tchao Pantin", dirait-on en France. Il y avait bien eu quelques signes précurseurs, comme le côté inquiétant du personnage qu'il incarnait dans Disjoncté ou son méchant, certes cartoonesque, dans Batman Forever. Mis en scène par Peter Weir, The Truman Show n'est cependant pas un contre-emploi total, et cet homme dont la vie est un spectacle colle plutôt bien avec la personnalité de son interprète, habitué à faire le show sur et en-dehors de l'écran, comme si ses images publique et privée ne faisaient qu'une.
Non content d'avoir anticipé la télé-réalité (et donné son nom au syndrome qui frappe les gens persuadés de vivre dans une émission), The Truman Show a marqué un vrai tournant dans la carrière de Jim Carrey en montrant que sa palette de jeu était bien plus large que ce que beaucoup croyaient. Lauréat de son premier (et à ce jour seul) Golden Globe du Meilleur Acteur dans un Drame, il a ainsi prouvé qu'il était un vrai comédien et non un simple amuseur, et ainsi incité les réalisateurs à le voir autrement. Car sans ce film, aurions-nous pu voir Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou Kidding ? Pas sûr.
KIDDING (2018)
Jim Carrey incarne Jeff Pickles, présentateur d'une émission familiale et éducative avec un look et un regard de grand enfant, qui doit maintenir son image publique alors que, en privé, il est encore marqué par la mort de son fils qui a provoqué l'éclatement de sa famille. L'ambiance n'est donc pas à la rigolade dans ce show qui peut s'avérer déprimant. Surtout quand on se rappelle que Jim Carrey avait dû faire face, en 2015, au suicide de son ex-compagne, qui avait clairement évoqué leur récente rupture comme l'une des causes de son passage à l'acte dans une lettre. Difficile de ne pas faire le parallèle et son personnage et lui-même.
DARK CRIMES (2017)
Tout est dans le titre, qui annonce la couleur de ce thriller incroyablement sombre dans lequel Jim Carrey incarne un enquêteur torturé, qu'une investigation va conduire dans la partie cachée de sa ville. Et aux portes de la folie quand il trouve des similitudes entre le meurtre qu'il tente d'élucider et les méthodes décrites dans un roman. Également emmené par Charlotte Gainsbourg, le long métrage est sorti directement sur internet aux États-Unis en mai 2018.
THE BAD BATCH (2016)
Dans ce film de SF horrique signé Ana Lily Amirpour, Jim Carrey est presque méconnaissable sous sa barbe d'ermite poussant un caddie dans le désert et permettant notamment à l'héroïne d'échapper à des assaillants cannibales. Une performance muette, ce qui est un petit exploit de la part de l'interprète de The Mask ou Ace Ventura, qui faisait écho au fait que l'acteur se fasse de plus en plus rare sur les écrans à cette époque.
KICK-ASS 2 (2013)
Tout semblait réuni pour que Jim Carrey renoue avec l'un des rôles hauts en couleurs qui ont fait de lui une star au coeur des années 90. Son Colonel Stars & Stripes possède d'ailleurs cette exubérance qui était la marque de fabrique de l'acteur quand il était au sommet de sa gloire. Mais on rit plus jaune que de bon coeur, tant son personnage fait aussi preuve d'une fascination pour l'ultra-violence. Trop aux yeux de son interprète. À quelques semaines de la sortie du film de Jeff Wadlow, il s'en désolidarise ouvertement sur Twitter. Est-ce pour cette raison que le résultat donne l'impression que so rôle a été réduit au montage ?
I LOVE YOU PHILIP MORRIS (2009)
Peut-être le film qui résume le mieux Jim Carrey en tant qu'acteur. Pas qu'il s'agisse de son meilleur, non. Mais la trajectoire de son personnage, qui s'est évadé plusieurs fois de prison pour vivre avec l'homme qu'il aime, n'est pas sans rappeler celle du comédien. Idem en ce qui concerne le mélange des tons : la première partie flirte avec le burlesque et n'a pas peur d'en faire trop, alors que la seconde se révèle plus posée, plus tendre, et renvoie à l'évolution qui a été la sienne grâce à des films tels que The Truman Show ou Eternal Sunshine of the Spotless Mind.
LE NOMBRE 23 (2007)
Douze ans après Batman Forever, l'acteur remet le couvert avec Joel Schumacher et s'offre l'un de ses rôles les plus sombres : celui d'un homme qui devient obsédé par un livre et la récurrence du nombre 23, qu'il pense voir partout autour de lui. Convaincu qu'un complot se trame, il plonge alors dans un véritable cauchemar. Mal dirigé, Jim Carrey y est aussi éxubérant que dans une comédie. Ce qui, dans un thriller comme celui-ci, tourne vite à la roue libre. Il faut dire aussi que l'acteur n'est pas aidé par le scénario non plus.
ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND (2004)
C'est en jouant la carte de la sobriété et de la tendresse que l'acteur a trouvé l'un de ses meilleurs rôles, devant la caméra de Michel Gondry, qui avait une idée aussi précise qu'originale au moment de donner des indications à ses interprètes : Kate Winslet devait jouer comme Jim Carrey, et inversement. Bien aidé par la finesse et l'intelligence du scénario, et les émotions qu'il distille, l'ex-Ace Ventura parvient à nous émouvoir par son regard, plus encore que dans The Truman Show.
THE MAJESTIC (2001)
Où Jim Carrey s'essaye au mélodrame avec un rôle à la James Stewart, dans une histoire d'amnésie qui convoque le maccarthysme et sa chasse aux communistes. Les bonnes intentions sont là, le réalisateur (Frank Darabont) est une pointure et son interprète principal ne démérite pas, alors que l'ombre du Truman Show plane encore sur lui. Mais il ne peut sauver ce Majestic, empêtré dans ses intrigues multiples qui finissent par se parasiter.
MAN ON THE MOON (1999)
Qui d'autre que Jim Carrey aurait pu incarner Andy Kaufman ? Personne. Car Man on the Moon est autant un biopic sur le comique décédé en 1984, qu'une radiographie des mécanismes de l'humour doublée d'un portrait de sa star, acteur jusqu'au-boutiste qui, comme son modèle, aime pousser l'art du happening jusqu'à un degré extrême et brouiller les frontières entre improvisation et calcul. Le documentaire Netflix Jim et Andy confirme que Carrey était bel et bien né pour incarner Kaufman à l'écran, même si la façon dont il s'est investi (et presque noyé) dans le rôle s'avère parfois flippante.
THE TRUMAN SHOW (1998)
1997 : sorti du succès de Menteur, menteur, Jim Carrey va faire un film sérieux. Mis en scène par Peter Weir, The Truman Show n'est cependant pas un contre-emploi total, et cet homme dont la vie est un spectacle colle plutôt bien avec la personnalité de son interprète, habitué à faire le show sur et en-dehors de l'écran, comme si ses images publique et privée ne faisaient qu'une. Non content d'avoir anticipé la télé-réalité, The Truman Show a marqué un vrai tournant dans la carrière de Jim Carrey en montrant que sa palette de jeu était bien plus large que ce que beaucoup croyaient.