Le Chalet : que vaut la nouvelle série thriller de France 2 dans la lignée des Dix Petits Nègres ?

De quoi ça parle ?

Valmoline : six habitants. Durant l'été 2017, treize amis se retrouvent dans ce paisible hameau du fin fond des Hautes-Alpes pour célébrer un mariage. A peine ont-ils passé le pont, qu’un énorme rocher s'effondre et bloque le passage, écrasant un homme ligoté en contrebas. Le village désormais isolé et coupé du monde, le massacre peut alors commencer... 

Ça ressemble à quoi ?

Une série racontée en parallèle sur deux temporalités

Comme bien souvent dans les thrillers ou dans les films d'horreur, Le Chalet propose une intrigue qui trouve une partie de ses réponses dans le passé. Les scénaristes Camille Bordes-Resnais et Alexis Lecaye (à l'origine de la série de téléfilms Dame de..., avec Thierry Godard) ont alors imaginé une histoire se déroulant sur deux temporalités distinctes, dont on suit l'évolution au fil des six épisodes.

Tout commence en 2017, lorsque Manu (Marc Ruchmann) et sa fiancée Adèle (Emilie de Preissac), enceinte de quelques mois, débarquent à Valmoline pour se ressourcer et passer un séjour qui s'annonce mémorable. En effet, le couple est bientôt rejoint par les amis d'enfance de Manu, dont Alice (Agnès Delachair), Sébastien (Nicolas Gob), et Thierry (Jean-Toussaint Bernard), qui ont tous grandi dans ce hameau en apparence paisible, qui n'abrite aujourd'hui plus que six habitants. Un mariage doit être célébré, mais rien ne va se passer comme prévu et les têtes vont commencer à tomber une par une, à la façon des Dix Petits Nègres d'Agatha Christie. Posant ainsi les deux grandes questions de la série : qui en a après eux et qui sera le prochain à mourir ?

Fabrice LANG / FTV

En parallèle, l'intrigue remonte rapidement jusqu'en 1997, lorsque Jean-Louis (Manuel Blanc) et Françoise Rodier (Mia Delmae), accompagnés de leurs deux enfants, Julien et Amélie, viennent s'installer à Valmoline, afin que le patriarche, romancier, puisse trouver l'inspiration et écrire son prochain roman. Accueilli un peu froidement par les habitants du village, Jean-Louis s'éprend rapidement de Muriel Personnaz (Chloé Lambert), qui tient le bar du coin. Julien, quant à lui, se lie d'amitié avec la jeune Alice. Des relations, et le début d'une nouvelle vie, qui vont bientôt être bouleversés par un événement inattendu et tragique...

Ça vaut le coup d'oeil ?

Tournée il y a près de deux ans, Le Chalet arrive enfin sur France 2 en ce début de printemps. Et il faut bien avouer qu'elle était plutôt attendue, ou du moins guettée du coin de l'oeil par les sériephiles, tant le genre du slasher se fait rare à la télévision, et encore plus en France (tout juste se souvient-on de La Ligne noire, diffusée en 2003 sur M6). D'autant plus que la bande-annone ci-dessus, plutôt efficace, et la comptine très Freddy, les griffes de la nuit, qui sert de générique au Chalet, laissaient espérer une série ultra prenante, à l'ambiance sombre et glaçante. Alors quelle ne fut pas notre déception lorsque nous avons découvert, médusés, les deux premiers épisodes en septembre dernier, au festival de La Rochelle, lors d'une projection qui a vu une bonne partie de la salle se vider à la fin du premier épisode.

Pourtant, à ce moment-là, le doute était encore permis. Peut-être que la suite de cette mini-série allait remonter le niveau de cette introduction ratée. Mais après avoir visionné l'intégralité des six épisodes, un constat s'impose : rien, ou presque, ne va dans Le Chalet. L'ensemble est en effet plombé par de nombreux défauts alternant entre le risible et l'incompréhensible. Tout d'abord, la série compte beaucoup trop de personnages (19 en 2017) et l'on met plusieurs épisodes à vraiment comprendre qui est qui (si vous parvenez à déceler quel ado est devenu quel adulte, et à identifier tous les liens de parenté avant la fin de l'épisode 2, bravo à vous !).

Nathalie Guyon / FTV

Ensuite, et c'est sûrement là que le bât blesse le plus, Le Chalet souffre de vrais problèmes de mise en scène et d'écriture. Bien que les épisodes aient été retravaillés et re-montés depuis leur présentation à La Rochelle (et il est vrai que le second visionnage s'est avéré moins pénible que le premier), les scènes de meurtres, qui se succèdent au fil des épisodes, sont plus ridicules les unes que les autres (ce qui est quand même dommage pour une série reposant principalement sur ce ressort) et la série accumule les problèmes de rythme, au point même qu'on se demande si l'on ne va pas mourir d'ennui avant les personnages. Les comédiens, qui se démènent comme ils peuvent avec les textes qu'ils ont à jouer, ne sont également pas au meilleur de leur forme - tout juste retient-on les bonnes prestations de Thierry Godard, Nicolas Gob, Marc Ruchmann, et Agnès Delachair. Quant au scénario, il tisse un mystère plutôt intéressant, mais est amoindri par des évidences que l'on aurait préféré ne pas voir dès le début.

Reste que pour les plus courageux, qui iront au bout (pour rigoler peut-être, même si ce n'est pas le but premier de la série), les deux derniers épisodes sont probablement les plus réussis, ou en tout cas les moins mauvais. Car la résolution de ce qui s'est passé en 1997 est plutôt surprenante. Et aussi parce que Le Chalet évite de tomber trop dans le happy end. Mais en même temps, la toute fin est tellement surréaliste qu'on se dit que France 2 a probablement déjà trouvé sa pire série de l'année. Alors certes, il convient d'applaudir la chaîne pour sa prise de risque, puisqu'elle ose proposer quelque chose qui sort des sentiers battus et change des séries policières que l'on a l'habitude de voir. Mais malheureusement, le résultat ne suit pas et Le Chalet prend la forme d'une balade en montagne indigeste que l'on aurait vraiment aimé s'épargner.

Le Chalet (6x52 minutes), à partir de ce lundi 26 mars à 20h55 sur France 2, au rythme de deux épisodes par semaine.