Synopsis : Alors qu'ils partagent un moment d'intimité isolés dans les bois, Yann et Lucas, deux adolescents, sont témoins d'une tuerie exécutée par un tueur froid et méthodique. Ils ont vu l'assassin, et l'assassin les a vus avant qu'ils ne lui échappent. Les deux garçons, qui n'assument pas leur attirance mutuelle, décident de taire leur présence sur les lieux du crime pour éviter que leur secret ne s'ébruite. Ce mensonge, ils l'opposent à leurs amis, à leur famille, et surtout à l'enquêtrice principale, le gendarme Hélène Siquelande, qui est aussi la tutrice de Yann. Mais la situation ne tarde pas à se corser puisque l'assassin est parvenu à remonter leur piste et va tout tenter pour éliminer ces témoins gênants.
Après le succès cet automne des séries La Mante, Le Tueur du lac et Les Chamois, TF1 débute 2018 avec la mini-série événement Les Innocents, qui comprend 6 épisodes et sera diffusée à partir de demain soir à 21h. Un thriller adapté de la série norvègo-suédoise Témoin sous silence, qui oppose Odile Vuillemin (Profilage), dans un nouveau rôle de femme flic, à Tomer Sisley (Largo Winch, Kidon) dans la peau d'un meurtrier froid et calculateur, prêt à tout pour parvenir à ses fins. À leurs côtés, Olivier Marchal, Barbara Cabrita (La Cage dorée, R.I.S. Police scientifique), Cyril Gueï (Joséphine s'arrondit, Tamara), Charlotte Valandrey (Demain nous appartient), Alexis Loret (Contact), et les jeunes révélations Jules Houplain et Victor Meutelet, découverts respectivement dans Baisers cachés et dans Clem, complètent la distribution de cette série rondement menée, qui base son suspense sur autre chose que l'identité du tueur (que l'on connaît dès le départ, comme dans Columbo en son temps).
Un peu moins d'un an et demi après son départ de Profilage, dans laquelle elle a campé durant 6 saisons l'héroïne Chloé Saint-Laurent, Odile Vuillemin fait donc son grand retour dans une série, toujours sur TF1. À cette occasion, la comédienne, vue plus récemment dans Entre deux mères et Les Crimes silencieux, nous a parlé de son personnage, de ce qui lui a plu dans la série lorsqu'on lui a proposé le projet, de l'après Profilage, et de ses envies et projets à venir.
AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a tout de suite attiré dans le projet ?
Odile Vuillemin : Déjà c’était avec Frédéric Berthe, un réalisateur avec qui je venais de travailler [sur le téléfilm Les Crimes silencieux, ndlr] et avec qui on s’entend merveilleusement bien. C’est toujours des tournages joyeux. Et après, c’était un personnage assez différent. J’aime bien ne pas refaire les mêmes choses. Je suis fascinée par l’âme humaine et j’aime bien explorer les capacités infinies de l’être humain. C’est mon côté exploratrice. On m’appelle Dora (rires). Et au-delà de ça, il y avait un truc un peu nouveau à faire qui m’intéressait, c’était de jouer la normalité dans sa grande banalité, sa grande et belle banalité. On a un personnage qui n’est pas dans la folie comme on a pu avoir sur Profilage et qui n’est pas dans une période de vie abyssale, comme c’était souvent le cas sur les unitaires que j’ai pu faire. En challenge de comédienne c’était intéressant car ce n’est pas si facile que ça. C’est presque plus difficile d’aller jouer la normalité et d’y mettre une forme d’intensité.
Même si les deux personnages sont très différents l’un de l’autre, est-ce que, après Profilage, vous hésitez désormais lorsqu’on vous propose une série un peu policière, comme celle-ci ?
Oui, je me suis un petit peu posé la question sur le côté policier, mais c’était plus parce que j’avais du mal à savoir quoi faire de ce personnage au départ. Autant il y en a, à la lecture, je sais tout de suite, il y a une évidence qui se passe, mais là, à deux semaines du tournage, je disais à Frédéric "Je ne sais pas du tout quoi faire de ce personnage". C’était un peu la panique. Mais c’était un très joli produit. Au début je me suis dit "Non, je ne vais pas encore jouer une policière", et puis finalement je me suis laissée avoir par l’histoire. En plus c’était un truc choral, je n’avais encore jamais vraiment fait ça. C’était intéressant aussi d’aller jouer avec les copains. Je trouve que la série en soi est super. J’y suis allée pour une histoire générale, pas que pour le personnage. J’avais envie d’être de cette aventure-là parce que ce qui se racontait en dehors de mon personnage m’intéressait aussi.
Et après il y a ce côté adaptation norvégienne, ce petit côté nordique. Il y a un traitement qui est plus sincère, une espèce de réalité brute sans fioritures. On a un peu retravaillé le texte pour aller à l’essence du personnage. J’avais envie de jouer les émotions plutôt que de les raconter. On s’est débarrassé de tout ce qui n’était pas nécessaire dans le texte. Pour retrouver cet état d’esprit un peu scandinave, que j’affectionne, et qui est d’aller au cœur des choses sans mentir.
Vous aviez vu Témoin sous silence, la série originale ?
Oui, d’habitude je ne le fais pas, mais là je l’ai regardée. Et j’étais contente car la comédienne qui joue mon rôle est remarquable, mais on n’a pas du tout la même tranche d’âge donc on ne peut pas faire d’analogie. À l’image cela donne deux couples très différents et on ne peut pas jouer le même rapport à la maternité. On n’a fatalement pas la même problématique du rapport à l’enfant. De facto, la différence d’âge impose quelque chose de différent.
L’une des forces de la série c’est l’histoire entre Yann et Lucas. Une histoire d’amour gay entre deux ados, en prime-time, en France, sur TF1, dans une série, c’est quelque chose d’assez rare, et on parvient presque à oublier que c’est une histoire d’amour gay pour ne finalement voir plus qu’une histoire d’amour comme les autres…
Oui c’est vrai. Ils sont bien en plus les gamins. C’est vrai que c’est un sujet sociétal, et il y a toujours des façons plus ou moins délicates d’aborder le sujet. Et si vous le ressentez comme ça je trouve ça plutôt positif, car c’est une façon élégante et un peu inaperçue de faire accepter les choses. C’est une façon d’avancer aussi. (…) Ça fait avancer la société, ça fait avancer les gens. On est là pour ça aussi. J’aime bien que le comédien soit quelque chose d’utile, le reflet d’une époque et le miroir de la société. Une sorte de révélateur de conscience.
C’est une mini-série, qui logiquement n’aura pas de suite. C’est ça aussi qui vous a séduit, de ne pas vous relancer dans une série potentiellement longue ?
Oui, j’aime bien me renouveler, et donc ne pas faire des choses que j’ai déjà faites. Et j’adore explorer la psyché, donc jouer des personnages différents c’est une façon de continuer à grandir, d’explorer la vie, de m’explorer moi. C’est un travail qui me fascine, et c’est vrai que sur la série au long cours, qui est quelque chose que j’ai adoré faire, on explore différemment. On va au fin fond des tripes, on explore sur la longueur. Et là j’ai envie de papillonner un petit peu (rires).
Vous êtes consciente que votre nom au casting est bankable et signe de bonne audience quasi garantie pour TF1 ?
Je n’en suis pas à cet état-là de mon égo (rires). J’ai toujours un peu de mal à y croire. C’est une façon de rester à ma place aussi, car ce sont des choses fluctuantes et peut-être qu’à un moment donné je ne plairai plus ou pas. Pour le coup j’essaye toujours d’être très honnête dans mes personnages et c’est vraiment quelque chose d’immuable pour moi. Mais je suis toujours un peu étonnée qu’on me reconnaisse dans la rue. C’est un peu flatteur, ce n’est pas acquis. Mais ça me permet de rester dans ma normalité. Je me dis "Non, ce n’est pas vraiment moi".
Vous continuez à suivre Profilage de loin depuis votre départ de la série ?
Non, il faut passer à autre chose. Ça ne sert à rien de se retourner vers le passé. Mais le fait est qu’à chaque fois que c’était diffusé j’étais en tournage donc je n’ai pas pu regarder. Mais ce sont 7 ans de ma vie sublimes, qui ont fait ce que je suis aujourd'hui. Ça a été une aventure incroyable, avec comme toute aventure du magnifique, du moins magnifique, du tragique. C’est toujours de la vie exponentielle des tournages.
Vous êtes satisfaite de la fin que les scénaristes de Profilage ont donné à votre personnage, Chloé Saint-Laurent ?
Oui, Je me suis battue pour ça. Ils voulaient me tuer, mais je ne voulais pas. Je ne voulais pas parce que c'est un personnage qui a donné beaucoup de courage aux gens. J’ai reçu beaucoup de messages dans ce sens-là. Et c'est un personnage qui a beaucoup galéré. Elle est tombée 4000 fois et elle s'est relevée 4000 fois. Il y avait cette espèce de combativité de la vie que je trouvais intéressante, parce que ça peut être une bonne image, un bon reflet de ce que tout le monde vit en tant qu'être humain au quotidien. Je trouvais ça extrêmement difficile, à ce moment-là, de se battre autant et que ça n'en vaille pas la peine. Si c'est pour crever bêtement, ou je ne sais pas quoi... C'était important pour moi que ce personnage ait une évolution qui aille vers la lumière.
Vous avez d’autres projets avec TF1 ?
On s’entend très bien avec TF1, on a envie de continuer à faire des choses ensemble. Il faut juste trouver les bons projets. J’ai terminé un unitaire pour France 3, sur une belle trajectoire de femme. Et je travaille sur le développement de projets qui en sont encore au stade embryonnaire, mais je n’ai pas de tournages de prévus pour le moment.
Ces projets sur lesquels vous travaillez, ce serait en tant que scénariste ?
Oui il y a cette envie-là un peu. De raconter une histoire en tout cas. Scénariste je ne sais pas si je peux prétendre à ça maintenant, sans co-scénariste. Mais j’ai envie de raconter des histoires à ma manière. (…) J’écris dans ma tête pour le moment, mais il y a 2-3 histoires que j’aimerais bien aller raconter. Je ne sais pas trop sous quelle forme ça va se faire, mais il va falloir que j’aie une sérieuse discussion avec moi-même.
Les Innocents, mini-série en 6 épisodes de 52 minutes, à partir de ce jeudi 11 janvier à 21h sur TF1, au rythme de 2 épisodes par semaine.
La bande-annonce de la série :
Odile Vuillemin - Hélène Siquelande
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