Synopsis : Dans un petit village tranquille des Ardennes, Jennifer, une jeune fille de seize ans, disparaît dans la forêt après avoir appelé sa professeure de français, en plein milieu de la nuit. Le capitaine Gaspard Decker, ancien militaire et père célibataire fraîchement arrivé, mène l’enquête avec Virginie Musso, la gendarme locale, qui connaît bien Jennifer, qui est une amie de sa fille, Maya. Decker et Musso sont aidés dans leur enquête par Eve Mendel, la professeure de français, une jeune femme solitaire au passé mystérieux : elle a été retrouvée enfant par le médecin du village, errant seule, muette, dans cette même forêt…
Alors que les chaînes françaises semblent s'être données le mot pour lancer leurs nouvelles séries ou nouvelles saisons en ce mois de novembre 2017 (Le Tueur du lac, La Vengeance aux yeux clairs, Une famille formidable sur TF1, L'Art du crime et On va s'aimer un peu beaucoup sur France 2, Transferts sur Arte, Paris etc. sur Canal+), France 3 lance à son tour demain soir sa série événement de l'automne : La Forêt. Une mini-série en 6 épisodes créée par Delinda Jacobs (Une chance de trop, Contact), qui a notamment reçu le prix de la meilleure série de 52 minutes au dernier festival de La Rochelle, et qui plonge Samuel Labarthe (Les Petits meurtres d'Agatha Christie) et Suzanne Clément (Mommy, Le Sens de la fête) en pleine enquête pour retrouver une, puis deux, puis trois filles disparues.
Ce pitch vous dit vaguement quelque chose ? C'est normal. Depuis l'arrivée de la série britannique Broadchurch en 2013, les fictions mettant en scène des disparitions ou des meurtres d'enfants se sont multipliées sur le petit écran français, entre remakes de séries étrangères et oeuvres originales (pas vraiment originales). Une sorte de syndrome Broadchurch - ou de mode post-Broadchurch - qui finit par lasser et par pousser le format du thriller télévisuel jusqu'à l'essouflement le plus total. Et malheureusement, malgré quelques qualités certaines, La Forêt ne renouvelle en rien le genre. Pire, elle aurait presque tendance à lui donner le coup de grâce...
N'est pas Broadchurch qui veut...
Sur le papier, La Forêt avait tout pour convaincre. Un casting haut de gamme, composé de Samuel Labarthe, Suzanne Clément, Alexia Barlier (Falco), Frédéric Diefenthal, et Patrick Ridremont (Dead Man Talking, Emma, Unité 42). Une intrigue oscillant entre série policière, drame humain, et thriller psychologique, qui applique à la lettre la recette de ce qui plait généralement aux téléspectateurs de TF1, France 2 ou France 3, comme le prouve le succès plus ou moins récent de séries comme Une chance de trop, Le Secret d'Elise, ou Innocente. Mais dès les deux premiers épisodes, présentés au printemps dernier à Séries Mania, la mayonnaise ne prend pas et cette balade en forêt s'avère assez ennuyeuse. La faute à des personnages auxquels on peine à s'attacher (les comédiens, globalement plutôt bons, se démènent comme ils peuvent avec ce qu'ils ont à jouer) et à une intrigue vue et revue.
En effet, Le Mystère du lac, Disparue, Le Secret d'Elise, ou encore Malaterra (remake français de Broadchurch sans saveur) sont passées avant. Et un constat s'impose : on en a marre de ces histoires de disparitions, ou de meurtres atroces, d'enfants et de jeunes adolescentes. Un ressort scénaristique anxiogène qu'on a l'impression d'avoir vu 100 fois depuis que Broadchurch a débarqué outre-Manche il y a 4 ans. Mais les chaînes françaises ont beau essayer de s'insérer dans la brèche et de surfer sur le succès de la série créée par Chris Chibnall, elles ne parviennent jamais à égaler l'originale. Et pourtant, La Forêt essaye vraiment, que ce soit par son duo d'enquêteurs, son héroïne gendarme touchée de près par l'enquête, ou par cette sensation de commuauté où tout le monde se connaît, et qui va finir par imploser une fois la vérité révélée. Mais on aurait vraiment préféré plus d'originalité. Car même Zone Blanche, un peu plus tôt cette année sur France 2, a déjà joué la carte de la mystérieuse forêt renfermant des secrets. Et de manière bien plus inspirée.
Une fin qui déçoit... comme bien souvent
Évidemment tout n'est pas à jeter dans La Forêt, et il y a fort à parier que la série trouvera même probablement son public (même si elle devra faire face à Une Famille formidable sur TF1). L'intrigue est plutôt bien ficelée et les révélations, sur les premiers épisodes, s'enchaînent bien. Mais la série est victime d'incohérences (la gendarme qui continue de mener l'enquête alors qu'elle aurait dû en être dessaisie dès le deuxième épisode) et de fausses pistes qui énervent et gâchent le visionnage. À l'image du personnage d'Eve Mendel, la prof de français au passé trouble, qui a elle-même vécu un traumatisme dans la forêt il y a longtemps et qu'on essaye artificiellement de relier au mystère de la disparition de Jennifer et de ses copines, pour finalement nous offrir des réponses en forme de pétard mouillé.
Et au-delà d'un problème de rythme et de personnages pas assez attachants, c'est surtout lors de son dénouement, comme Disparue avant elle (où la révalation finale était ratée tant elle était évidente dès le début), que La Forêt déçoit grandement. Nous n'en dirons évidemment pas trop mais l'identité du coupable est une déception totale, qui semble "sortie du chapeau" et est à l'opposé de toute révélation coup de poing que l'on était en droit d'attendre. Un constat vraiment embêtant, d'autant plus que les scénaristes ne semblent jamais parvenir à réellement tirer parti des thématiques pourtant fortes qu'ils abordent, comme celle de la pédophilie. Bref, le final de La Forêt est à mille lieux de l'intensité dramatique de celui de la saison 1 de Broadchurch, qui parvenait à bouleverser les téléspectateurs au plus profond d'eux-mêmes.
Seule consolation : le dernier épisode ne joue pas la carte du cliffhanger superflu (au cas où une saison 2 était commandée) et offre un vrai point final à l'intrigue. Qui nous permet d'espérer que nous n'aurons pas à remettre les pieds dans cette forêt, et que les chaînes françaises se tourneront à l'avenir davantage vers des histoires et des genres plus originaux. Ou en tout cas moins légion à la télé française. À l'image de l'anticipation de Transferts ou des comédies dramatiques (et un peu romantiques) On va s'aimer un peu beaucoup et Paris etc.
La bande-annonce de La Forêt, qui débute ce mardi 21 novembre à 20h55 sur France 3 :
La Forêt, à partir du mardi 21 novembre sur France 3
Le capitaine Gaspard Decker (Samuel Labarthe) et Virginie Musso (Suzanne Clément).
La Forêt
Gaspard Decker (Samuel Labarthe).
La Forêt
Virginie Musso (Suzanne Clément).
La Forêt
Eve Mendel (Alexia Barlier).
La Forêt
Virginie Musso (Suzanne Clément) et son mari Vincent (Frédéric Diefenthal).
La Forêt
Thierry Rouget (Patrick Ridremont).