Librement inspiré de l'histoire vraie d'une jeune Marocaine atteinte de Trisomie 21 ayant décroché son baccalauréat avec la mention Assez bien en 2014, le téléfilm Mention particulière, diffusé demain soir à 20h55 sur TF1, suit le quotidien de Laura, une jeune femme trisomique de 20 ans qui décide de passer le bac en candidat libre, comme n'importe quelle fille de son âge. Et qui, jour après jour, épreuve après épreuve, va devoir se battre, entre difficultés et regard parfois cruel des autres, pour obtenir la chance de vivre la vie qu'elle s'est choisie.
Une héroïne touchante campée par la comédienne trisomique Marie Dal Zotto, dont c'est le premier rôle à l'écran et qui a obtenu le prix du jeune espoir féminin Adami en septembre, lors du dernier festival de la fiction TV de La Rochelle, pour son interprétation bluffante. Et c'est justement dans le cadre du festival que nous avons pu discuter de ce téléfilm émouvant, drôle et tout en justesse avec Marie Dal Zotto et ses trois partenaires principaux à l'écran : Bruno Salomone, Hélène de Fougerolles, et Maïra Schmitt, qui incarnent respectivement les parents et la petite soeur de Laura.
AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a immédiatement plu dans le projet ou dans le scénario lorsque vous l’avez lu pour la première fois ?
Marie Dal Zotto : En fait, c’est ma vie de tous les jours que je voyais dans le scénario. Donc ça m’attirait forcément. Et puis c’était un film donc je me suis dit, "Peut-être que ça va me permettre de percer au cinéma". J’avais vraiment envie de faire ce film. Et quand ma mère m’a annoncé que j’étais prise au téléphone, je n’arrivais plus à m’arrêter de pleurer. Je lui ai demandé "Je suis prise pour quel rôle ? Adèle [une amie de l'héroïne également atteinte de trisomie, ndlr] ou Laura ?", et quand elle m’a dit "Laura", j’ai craqué. J’étais toute excitée. Et aujourd’hui je suis là, avec Bruno et Hélène, c'est un rêve.
Bruno Salomone : Moi c’est la justesse de ce scénario qui m'a vraiment plu. La mère de Marie le disait, c’est une sorte de concentré de toute leur vie. De 30 ans de leur vie en une heure et demie. C’est jamais pathos, alors que ça parle d’un sujet très fort. On est dans de la comédie, et par moments on bascule dans le drame. J’avoue que j’ai été ému plusieurs fois en lisant le scénario, ce qui m’arrive quand même très peu. Et au-delà de la trisomie, le fond dramatique de l’histoire c’est le parcours de quelqu’un qui se bat pour y arriver et à qui on met des bâtons dans les roues en permanence. C’est cette lutte qui est hyper touchante.
Hélène de Fougerolles : En ce qui me concerne, mon agent m’a appelée et elle m’a dit "Je viens de recevoir un scénario pour TF1. C’est un téléfilm et ça parle d’une jeune fille trisomique". Et au départ j’ai eu un peu la même réaction que beaucoup de gens je pense. Je lui ai dit "C’est un sujet anxiogène, ça me met mal à l’aise". Mais elle m’a poussée en me disant "Franchement, le scénario est formidable". Alors je l’ai lu. J’étais dans le train et je l’ai lu d’une traite. Je me souviens que j’étais en sanglots, j’étais obligée de m’arrêter de lire car il y avait des gens qui me regardaient. J’éclatais de rire aussi parfois. Je crois que j’ai bousillé le voyage de tout un wagon entier (rires). Et j’ai rappelé mon agent depuis les toilettes du train car je n’ai pas pu attendre d’arriver. Je lui ai dit "C’est tellement beau". J'ai eu une vraie claque en lisant ce scénario. Et c’est la première fois depuis que je fais ce métier que le film est encore mieux que le scénario au final. Car en général le résultat final est toujours un peu moins bien. Là, je suis vraiment très très heureuse du résultat.
Mention particulière marque vos retrouvailles, Bruno et Hélène, près de deux ans après Le Secret d'Elise. C'était une volonté de TF1 dès le début ou c'est juste un hasard ?
Bruno Salomone : Oui, c’était une volonté de TF1. Pas de nous car nous on ne s’aime pas (rires). Non je rigole, on s’adore. On avait travaillé ensemble sur Le Secret d’Elise et ils se sont dit que le couple marchait bien. Et nous on s’entend bien donc quand ils m’ont dit Hélène de Fougerolles j’ai foncé. C’est quelqu’un avec qui il est agréable de travailler. Elle est super humaine. Et avec Marie elle a été super. C’est quelqu’un de vraiment bienveillant.
Marie, vous faites du théâtre depuis longtemps. Est-ce que l’idée de faire du cinéma ou de la télé ça a toujours été un rêve pour vous ou est-ce que vous étiez davantage attirée par les planches ?
Marie Dal Zotto : Je fais du théâtre depuis 14 ans, oui. Et je ne pouvais pas imaginer que j’allais un jour faire du cinéma. Et là les portes du cinéma se sont ouvertes et j’y ai pris goût. J’ai vraiment envie de continuer.
Est-ce que vous avez l’impression que le fait de tourner dans ce téléfilm a eu un impact sur vous, a fait changer votre regard sur la trisomie ou sur le handicap ?
Maïra Schmitt : Honnêtement, je ne connaissais pas grand-chose à la trisomie. J’appréhendais évidemment un petit peu les premiers jours de tournage. Mais finalement, j'ai toujours parlé à Marie comme à une personne adulte. Une personne de 29 ans. Et du coup ça s’est très bien passé entre nous car il y avait une forme de respect l’une envers l’autre. Ça a changé ma vision de la trisomie en quelque chose de normal finalement. Pour moi Marie c’est quelqu’un de normal, mais avec quelque chose en plus.
Hélène de Fougerolles : J’ai toujours vu la différence comme quelque chose d’exceptionnel. Et ça m’a encore plus conforté là-dedans. On a la chance de rencontrer des personnes qui ne rentrent pas dans des cases et c’est eux qui nous font évoluer. Et j’espère que ça permettra aux téléspectateurs, grâce au regard qu’ils pourront avoir sur Marie, de voir la vie autrement et de comprendre qu’elle a sa place comme tout le monde. Elle doit juste trouver cette place, trouver son chemin. On a tendance à vouloir toujours mettre les gens dans des cases et je trouve que c’est un don de ne pas pouvoir y entrer.
Bruno Salomone : Moi c’est la rencontre avec Marie qui a eu un impact sur moi. On a chopé un truc, je me sens presque en famille avec elle maintenant. Au bout d’un moment, il y a presque une filiation fictive qui s’est créée. Et je sens que ça commence vraiment à changer mon regard sur les personnes atteintes de trisomie.
Les fictions de TF1 ont franchi un vrai cap ces dernières années en terme de qualité. C’est quelque chose que vous avez ressenti dans les scénarios qu’on a pu vous proposer, comme celui-ci ou celui du Secret d’Elise ?
Hélène de Fougerolles : Je fais partie de la génération qui a beaucoup changé. On faisait du cinéma et si on faisait de la télé on faisait tout à coup beaucoup moins de cinéma. J’en ai fait partie. Je faisais un téléfilm par an et je l’ai beaucoup payé. Je ne fais plus du tout de cinéma. Mais en même temps la qualité du cinéma a pas mal baissé je trouve. Et je préfère, au lieu de faire un 5ème rôle dans un mauvais long métrage, faire un rôle sublime dans un téléfilm extraordinaire et toucher 5 millions de personnes. Même si je ne ne sais pas combien on fera. Mais un succès au cinéma, si ça monte à 1,5 millions de spectateurs ils sont fous de joie. Au moins, avec un sujet comme celui de Mention particulière, on se dit "Merci que ce soit à la télé". C’est accessible, on peut toucher le plus grand nombre, et c'est tant mieux. On espère vraiment pouvoir changer le regard des gens sur le handicap.
Il paraît que TF1 songerait à poursuivre l'aventure en série en cas de succès...
Bruno Salomone : Vous êtes bien informé car c’est tout récent je crois. Ce qui est certain c'est que moi je marche au texte, donc on verra. Mais je sors de neuf ans de série [avec Fais pas ci, fais pas ça, ndlr] donc je ne sais pas, il faut voir. Et attendre de voir si le téléfilm marche sur TF1 aussi, sinon il n’y aura pas de série.
Hélène de Fougerolles : Il y a eu un tel engouement lors de la projection ce matin [Mention particulière était présenté en compétition au festival de La Rochelle en septembre dernier, ndlr]. Il y avait des gens en larmes dans la salle, qui étaient debout et qui applaudissaient. Donc je suppose que ça a dû donner des idées au producteur (rires). Mais je pense qu’on peut tout à fait imaginer une série parce c’est une famille à laquelle on s’attache.
Maïra Schmitt : Oui, on a envie de connaître la suite du parcours de Laura. Découvrir ce qui l'attend après.
Hélène de Fougerolles : Une série pourrait sûrement aider encore mieux les gens à voir le handicap différemment. En montrant toutes les embûches qu'elle va devoir rencontrer. Rentrer dans la vie active, trouver un amoureux. On peut s‘amuser à étirer le concept, c'est sûr. Et faire comprendre aux gens que la prochaine fois qu’ils voient quelqu’un comme Marie dans le bus, au lieu de faire comme si elle n’existait pas, ils peuvent lui parler, tout simplement. Arrêter d’avoir ce sentiment de malaise, comme si c’était contagieux...
Mention particulière
Bruno Salomone, Maïra Schmitt, Marie Dal Zotto, et Hélène de Fougerolles dans Mention particulière, le téléfilm événement de TF1, diffusé ce lundi 6 novembre à 20h55.
Mention particulière
Bruno Salomone et Marie Dal Zotto
Mention particulière
Marie Dal Zotto
Mention particulière
Gaspard Meier-Chaurand et Marie Dal Zotto
Mention particulière
Bruno Salomone et Marie Dal Zotto
Mention particulière
Maïra Schmitt, Hélène de Fougerolles, Marie Dal Zotto, et Bruno Salomone