Nouvelle chaîne, nouveau crime. En septembre dernier, NBC se lançait dans la folle course aux histoires vraies, surfant sur le succès d'American Crime Story, avec Law & Order : True Crime, nouvelle née de la franchise culte créée par Dick Wolf. Voici tout ce qu'il y a à savoir sur cette nouvelle série anthologique, diffusée dès ce dimanche 18 mars en France, sur 13ème Rue !
1. Le gros boom des "histoires vraies" à l'américaine
Immerger le téléspectateur au coeur d'authentiques histoires criminelles n'est pas une tendance nouvelle. Anatomy of Crime, Behind Mansions Walls, America's Most Wanted... Le public américain s'est toujours montré très intéressé par les crimes et les chaînes n'ont donc jamais cessé de produire des masses d'émissions, de magazines, de reportages, de téléfilms ou de documentaires, plus ou moins racoleurs, sur le sujet. Mais, depuis quelques années, la tendance a connu un soubresaut, qualitatif et narratif.
Le succès critique et populaire du podcast d'investigation Serial (2014 - ) puis ceux récoltés à l'écran par The Jinx, la minisérie documentaire de HBO (2015), puis par Making a Murderer (2016), la série documentaire de Netflix tourné sur 10 ans, n'y sont pas pour rien. Compte tenu de ces succès et de la masse d'histoires criminelles à se mettre sous la dent, il n'est pas étonnant que les séries américaines aient suivi le mouvement (là où les miniséries britanniques avaient déjà fait plusieurs tentatives).
Lancée en 2016, The People V O.J. Simpson, premier volet de la série anthologique de FX, American Crime Story, a passé l'épreuve du feu haut la main et créé un véritable événement. Il faut dire qu'avec le style de Ryan Murphy, un casting en or et l'une des histoires criminelles les plus dingues de l'histoire américaine, la série avait de quoi affoler le public. Rien d'étonnant à ce que les autres chaînes américaines aient pris le train en marche. Rien d'étonnant non plus à ce que NBC ait choisi de surfer sur la vague d'American Crime Story tout en utilisant l'une de ses grandes marques, l'une des franchises les plus connues aux USA : Law & Order.
2. La dernière née de la franchise culte "Law & Order"
Multi diffusée chez nous sous deux titres différents, New York Police Judiciaire et New York District, Law & Order, de son vrai nom, est, aux Etats-Unis, une véritable institution, un classique de la télévision, une icône de la pop culture. Tous les Américains la connaissent et sont tombés, au moins une fois, sur un épisode. Née en 1990, la série créée par le producteur Dick Wolf, a duré 20 saisons et généré cinq spin-off, deux adaptations à l'international (en Angleterre et en France) et même créé un univers étendu. Et même si, depuis son annulation surprise en 2010, la série mère manque au paysage procédural américain, la franchise a survécu, notamment grâce à New York Unité Spéciale, et existe depuis maintenant 27 ans !
Il faut dire que Law & Order (La Loi et l'Ordre) n'est pas une simple franchise procédurale. Reconnaissable entre toutes, elle a réussi à se créer une véritable identité. C'est une intro culte ("Dans le système pénal américain, le ministère public est représenté par deux groupes distincts..."), un thème musical culte, un jingle de transition efficace ("Chung Chung" !) et surtout une plongée sobre et sans pareille dans un crime et sa résolution. C'est l'exposition d'un corps, l'enquête au quotidien des détectives, les relations, parfois tendues, puis la passation avec le département de la justice. Et c'est aussi, bien avant American Crime Story, une immersion dans la réalité et les gros titres des journaux.
Dans cet univers, True Crime s'inscrit donc comme le dernier bébé de la franchise, le 5ème spin-off de la série originale, écrit par Rene Balcer, grand nom de l'univers. Pour autant, si elle joue sur les codes de Law & Order (graphiques et musicaux), True Crime tente de s'affranchir de sa très grande soeur. Elle est produite comme une minisérie de huit épisodes, et un seul et même crime/ procès sera donc au coeur de l'action. De même, cette nouvelle anthologie joue la carte de la modernité au niveau de la réalisation (signée par la vétérante Lesli Linka Glatter) et au niveau de la narration, qui n'est pas que chronologique.
3. Un double crime qui a passionné les Américains
Pour son premier volet, True Crime se devait de choisir une affaire passionnante. Comme le procès O.J. Simpson, Dick Wolf et Rene Balcer ont jeté leur dévolu sur une autre affaire qui a fasciné l'Amérique des années 90 : l'affaire Menendez.
Le 20 août 1989, Jose (Carlos Gomez) et Kitty Menendez (Lolita Davidovich) sont assassinés à coup de fusil de chasse dans le salon de leur manoir à Beverly Hills. Au départ, la police n'a pas de suspects mais dirige ses pensées vers le crime organisé, Jose Menendez ayant, selon sa famille, eu des liens avec la mafia. Pourtant, très rapidement, les soupçons se dirigent vers les fils de José et Kitty, Erik et Lyle, respectivement âgés de 18 et 21 ans au moment des meurtres. Non seulement les deux héritiers dépensent alors sans compter l'argent laissé par leurs parents (une assurance vie qui monte à 14 millions de dollars) et surtout leur alibi - ils seraient allés au cinéma voir Batman - ne tient pas trop la route.
Avec l'implication de leur avocate, Leslie Abramson (Edie Falco), qui va médiatiser l'affaire et baser sa défense sur les abus que les frères auraient subi, puis l'implication, involontaire de leur psy, Jerome Oziel, l'affaire va devenir nationale. Quant au procès, diffusé à la télé, il va devenir le nouveau feuilleton à suivre. Car si les frères sont arrêtés en mars 1990, leur premier procès n'a lieu qu'en 1993. Car oui, l'affaire Menendez connaitra un second procès, le jury n'ayant pas pu décider d'un verdict la première fois, qui débouchera sur leur condamnation à la prison à perpétuité en 1996...
Cette affaire a tellement passionné les Américains que nombre de documentaires, reportages ou émissions d'investigation s'en sont emparés. En 1994, à l'époque où la télé avait fort appétit en matière de procès télévisés, CBS et FOX ont ainsi diffusé deux téléfilms sur l'affaire. En 1996, Ben Stiller a même parodié le procès ultra médiatisé dans sa comédie noire avec Jim Carrey, Disjoncté. Et rien que cette année, l'affaire a refait la Une avec la diffusion d'un documentaire d'ABC ("Truth and Lies: The Menéndez Brothers — American Sons, American Murderers") et du téléfilm de Lifetime avec Courteney Love et Benito Martinez diffusé en juin 2017 (Menendez: Blood Brothers).
4. Casting de haute volée et grands retours !
A l'image d'American Crime Story, True Crime mise beaucoup sur la force de frappe de son casting. En choisissant Edie Falco, détentrice de quatre Emmy, pour porter la défense controversée des frères Menendez, la série s'assure un pedigree de haute volée. L'actrice, qui a fait ses classes dans Oz, Les Soprano puis Nurse Jackie, fait d'ailleurs ici son grand retour à la télévision.
Mais, True Crime s'appuie sur de nombreux autres acteurs de talent. Après son inoubliable départ de The Good Wife, Josh Charles fait lui aussi son retour dans le rôle de Jerome Oziel, le psychologue d'Erik Menendez, qui va avoir un rôle essentiel dans le procès. Anthony Edwards, l'inoubliable Mark Greene d'Urgences vu depuis dans Zodiac, nous fait aussi le plaisir d'apparaitre dans le rôle du Juge Stanley Weisberg. Quant aux frères Menendez, ils sont incarnés à l'écran par deux inconnus, Miles Gaston Villanueva et Gus Halper, qui ressemblent fortement aux protagonistes de l'affaire.
5. Ce meurtre avait déjà été commis dans "Law & Order" !
Si Dick Wolf et son partenaire de longue date, Rene Balcer, ont décidé de s'attaquer à l'affaire des frères Menendez, ils ont peut-être oublié qu'ils... l'avaient déjà fait ! En mars 1991, dans la toute première saison de New York District (Law & Order donc), le 19ème épisode, "Le loup dans la bergerie", s'inspirait déjà de l'histoire de la famille de Beverly Hills mais la déplaçait dans les rues de New York.
A l'époque, les détectives Greevey et Logan enquêtaient sur le meurtre d'un riche industriel de l'Upper East Side et de sa femme. Les deux enquêteurs campés par Chris Noth et George Dzundza n'étaient d'ailleurs pas du tout d'accord sur le coupable. L'un penchait pour la piste mafieuse russe, l'autre sur les deux fils du couple... Mais, finalement, Law & Order inversait la donne et les fils du couple s'avéraient être innocents !
"True Crime", dans les entrailles du crime :