L'Origine du mal de Sébastien Marnier
Avec Laure Calamy, Doria Tillier, Dominique Blanc...
De quoi ça parle ? Dans une luxueuse villa en bord de mer, une jeune femme modeste retrouve une étrange famille : un père inconnu et très riche, son épouse fantasque, sa fille, une femme d’affaires ambitieuse, une ado rebelle ainsi qu’une inquiétante servante. Quelqu’un ment. Entre suspicions et mensonges, le mystère s’installe et le mal se répand…
Un film sur la Famille
Dans sa vie personnelle, Sébastien Marnier a cherché à trouver sa place dans sa famille en ayant recours à l'humour. Parallèlement, il y a tenu un rôle d’observateur qui l'a nourri pour écrire, et ce depuis l'enfance. Ainsi, L'Origine du mal est inspiré par de nombreuses personnes qu'il connaît. Le metteur en scène explique : "Jeanne est un personnage secondaire mais elle met la lumière sur la note d’intention du film. Revenue de l’étranger pour suivre sa mère, elle se retrouve dans ce palais hanté pour en être une observatrice mais aussi une actrice. C’est un film sur la Famille où chacun joue un rôle, c’est donc aussi un film sur les Acteurs."
Puiser dans son vécu
Dans L'Origine du mal, Sébastien Marnier raconte un moment particulier de l’histoire de sa mère. Un jour, à 60 ans, cette dernière a retrouvé son père : il était banquier à Poitiers, plutôt à droite de l’échiquier politique (alors que le cinéaste vient d'une famille communiste de la cité des 4 000) : "Ma mère l’a adoré à la première seconde alors que nous avions, mon frère et moi, presque interdiction de fréquenter des gens de droite ! C’était beau et doux à voir, mais ça m’a beaucoup remué : cette rencontre faisait voler en éclat un certain nombre de principes de mes parents." "La rencontre entre ma mère et son père a bel et bien débutée par un coup de fil, avec les mêmes répliques que vous entendez dans le film. La suite est beaucoup plus fictionnelle et romanesque. Et beaucoup plus tordue ! Quand Stéphane arrive dans sa nouvelle famille, elle ment."
La villa comme personnage central
Lors de l'écriture du scénario, la demeure où se déroule le film apparaissait de manière abstraite dans l'esprit de Sébastien Marnier, comme "une grande maison type Riviera". Le metteur en scène s'est alors rappelé qu'il a visité une villa atypique en 2018, une sorte de palais ostentatoire et kitsch. Il se remémore : "Quand je l’ai revisitée en prévision du film, elle m’est apparue vraiment bizarre et effrayante et j’ai compris subitement comment je pouvais l’utiliser du sous-sol au plafond – je n’ai rien reconstitué en studio. Pendant les repérages, je l’ai filmée et photographiée puis j’ai réécrit le scénario en fonction d’elle." "Je ne pouvais plus imaginer aucune autre maison pour le film. Qui d’autre que Louise pour avoir un escalier en marbre rose ! Et tous les mouvements de caméra devenaient possibles dans ces 4 500m 2 ! Comme le personnage de Louise ne jette rien, il fallait toutefois la remplir." "En matière de logistique, notamment pour l’équipe déco, ça a été un vrai défi. Dès l’écriture, j’avais bien spécifié que c’était une maison qui ressemblait à un mausolée. Damien Rondeau, le chef décorateur, et les quinze membres de son équipe ont dû l’habiller et ils ont fini par ramener 3 000 objets dans cette maison."
Un point commun
Après Irréprochable et L'Heure de la sortie, Sébastien Marnier réalise un nouveau thriller avec L'Origine du mal. Pour le réalisateur, ces trois films ont également en commun de mettre en scène des transfuges de classe. Ainsi, dans Irréprochable, le personnage de Marina Foïs a essayé en vain de refaire sa vie à Paris. Dans L'Heure de la sortie, Laurent Lafitte se retrouve propulsé dans un monde qui lui est inconnu.
Compositeur atypique
Pierre Lapointe a composé la musique du film avec de vrais instruments. Sébastien Marnier souhaitait quelque chose d’organique, mais aussi émotionnel et électrique : "Il y a donc des impulsions, des crissements, d’inquiétants coassements de grenouilles…" "C’est l’avantage de travailler avec un musicien qui n’est pas rompu à l’exercice de la musique de film. Il n’y a aucun automatisme et le résultat est très singulier. Si bien que cette musique ne ressemble qu’à elle-même : elle est variée et pourtant reste très homogène." "Pierre est un musicien que je suis depuis une vingtaine d’années. On s’est rencontrés il y a six ans et on est devenus plutôt copains. Je ne trouve aucun équivalent en France : il peut travailler pour des expositions, être jury à The Voice, collaborer avec des stylistes ou le musée des Beaux-Arts."