Les Enfants des autres de Rebecca Zlotowski
Avec Virginie Efira, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni
De quoi ça parle ? Rachel a 40 ans, pas d'enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre…
Une adaptation avortée d'un roman de Romain Gary
Rebecca Zlotowski s’est à l’origine attelée à l’adaptation d’un roman de Romain Gary, Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable, consacré à l’impuissance d’un homme à l’aube de ses soixante ans. Roschdy Zem devait en tenir le rôle principal. Mais la réalisatrice et scénariste s’est retrouvée en difficulté, « Non pas que je n’arrivais pas à me projeter dans cet homme qui n’arrivait plus à bander ou craignait de ne plus… Mais peut-être parce que je m’y projetais trop. Et progressivement m’est apparue ma propre impuissance, celle d’une femme de 40 ans sans enfants qui en désire un et élève en partie ceux d’un autre, ceux d’une autre. »
La belle-mère : un personnage reléguée au second plan
Avec Les Enfants des autres, Rebecca Zlotowski a voulu se pencher sur une situation peu racontée, mais qu’elle estimait digne de l’être : celle d’une belle-mère. Ce lien qui unit une femme aux enfants d’un autre n’a pas de nom (on ne parle pas de "belle-maternité") et n’est pas représenté à l’écran. Il y a d’un côté la marâtre, héritée des contes de fées, et de l’autre la belle-mère débordée des familles recomposées des comédies romantiques. « Où était cette femme qui nouait un lien intime et précieux avec des enfants, les élevait une semaine sur deux pendant quelques années, sans en avoir elle-même, en acceptant de prendre le risque de devoir nécessairement s’effacer de l’équation une fois la relation amoureuse avec leur père finie ? » s’interroge la réalisatrice.
Note d’intention
Avec ce film, Rebecca Zlotowski a voulu écrire le film « de ce personnage secondaire du récit » qu’est d’ordinaire la belle-mère. Il s’agissait de faire triompher « un cinéma de personnage secondaire » et mettre en valeur une autre grille d'émotions, comme l’amitié entre hommes et femmes, la tendresse entre femmes, « le dépit davantage que la trahison, la mélancolie des rendez-vous ratés avec l’existence, mais aussi l’excitation des rendez-vous réussis avec le désir, l’érotisme, la joie consolatrice. Les amours de transition, ceux qu’on vit entre deux grandes histoires, et que les Américains appellent les « rebonds ». La rebond girl, le rebond boy. »
Heureux hasard
Rebecca Zlotowski a découvert lors de la préparation du film qu'elle était enceinte « alors que je ne l’espérais plus ». Elle a accouché peu de temps après la fin du mixage. « J’ai eu la sensation de filmer cette lettre d’amour, de solidarité aux femmes sans enfant - des nullipares, comme disent les médecins - tout en n’appartenant déjà plus tout à fait à leur communauté, sans appartenir encore à l’autre. »