En 2013, il était à l'affiche du vainqueur du Grand Prix, Night Moves, à défaut d'avoir été présent. Invité du Festival du Cinéma Américain de Deauville cette année, Jesse Eisenberg était incontestablement la star de ce dimanche 4 septembre sur les planches.
L'acteur s'est en effet vu remettre un Deauville Talent Award, après avoir inauguré sa cabine de plage, comme le veut la tradition. Et il présentait son premier long métrage en tant que réalisateur, la dramédie When You Finish Saving the World, passée par Sundance puis la Semaine de la Critique de Cannes il y a quelques mois.
Du côté des documentaires, il faisait bon s'appeler David : alors que Bowie était célébré dans le film Moonage Daydream, également vu sur la Croisette et attendu au cinéma le 21 septembre, Lynch était au cœur d'un opus étudiant l'influence du Magicien d'Oz sur son œuvre étrange. De bizarreries, il en était également question dans Dual, présenté en Compétition. Retour sur les longs métrages de cette journée !
When You Finish Saving the World de Jesse Eisenberg - Première
Non content d'être l'un des acteurs les plus brillants de sa génération (le seul The Social Network devrait suffire pour vous convaincre), Jesse Eisenberg est désormais un réalisateur. Après Sundance et Cannes, où il avait fait l'ouverture de la Semaine de la Critique, c'est sur les planches de Deauville qu'il présente son premier bébé : When You Finish Saving the World. Adapté de son propre audio book, dans lequel il incarnait l'un des personnages aux côtés de Finn Wolfhard (seul acteur à rempiler sur grand écran), le long métrage se penche sur les relations conflictuelles entre un ado star des réseaux sociaux et sa mère, incarnée par Julianne Moore. Alors que cette dernière se prend d'affection pour un jeune homme qu'elle cherche à élever dans le foyer au sein duquel elle travaille, son fils se lance dans l'activisme pour tenter de séduire l'une de ses camarades de classe. Produit par Emma Stone, When You Finish Saving the World dénote assez peu dans le paysage indé américain avec ce récit balisé. Mais Jesse Eisenberg a la bonne idée de ne pas vouloir jouer la carte de l'épate, privilégiant une mise en scène sobre mais pas dénuée d'un point de vue que l'on sent à travers la photo, l'emploi de la musique pour définir les personnages dans un premier temps ou les choix de focales. Mais son point fort est, indéniablement, la direction d'acteurs. Finn Wolfhard et Julianne Moore brillent dans cette histoire de famille où l'incommunicabilité règne. C'est grâce à eux que le film parvient, petit à petit, à nous toucher en plein cœur. Et à son néo-réalisateur, que l'on a hâte de revoir derrière la caméra. Bonne nouvelle : ce sera pour bientôt, puisqu'il va se diriger aux côtés de Kieran Culkin dans A Real Pain. Maximilien Pierrette
Dual de Riley Stearns - Compétition
Hasard ou coïncidence ? Le jour où Jesse Eisenberg présente son premier film comme réalisateur, le metteur en scène qui l'a dirigé dans le détonnant The Art of Self-Defense s'illustre en Compétition. Et force est de constater que Riley Stearns n'a rien perdu de son imagination avec ce Dual, où il est de nouveau question de combats. Celui de Sarah (Karen Gillan) contre une maladie rare et incurable à laquelle elle ne pense pas survivre, au point de décider de se faire cloner, afin d'éviter à ses proches la douleur de sa perte. Puis contre ce double qui lui a volé sa vie, alors qu'elle a finalement vaincu la maladie : dans la mesure où la loi n'autorise pas la coexistence de deux versions d'une même personne, elle s'entraîne pour un duel mortel qu'elle compte bien remporter. On notera l'efficacité du titre, Dual, qui désigne tout aussi bien le duel en question que la notion de dualité au cœur de ce récit également porté par Aaron Paul. Dès la scène d'ouverture, l'humour noir fait mouche. Grâce notamment au détachement dont les personnages font preuve lorsqu'il est question de la mort ou de la violence. Un commentaire sur l'insensibilité du public actuel face aux images choc ? Le long métrage reste flou à ce sujet, et ça n'est pas sa fin, un brin décevante par rapport à tout ce qui est construit avant, qui apportera plus de réponses. Mais le style singulier de Riley Stearns se retrouve, tant dans la mise en scène que la manière de jongler avec les tons, dans ce qui ressemble à un long épisode de Black Mirror, et où Karen Gillan brille dans ce double rôle. Maximilien Pierrette
Lynch / Oz d'Alexandre O. Philippe - Les Docs de l'Oncle Sam
"Pas un jour ne se passe sans que je ne pense au Magicien d'Oz" : la phrase date de 2001 et d'un débat d'après-séance de Mulholland Drive, et Alexandre O. Philippe ne l'a pas oubliée. Pour son nouveau documentaire, le réalisateur de The People vs. George Lucas et L'Exorciste selon William Friedkin se penche sur l'influence du classique de Victor Fleming sur le cinéma de David Lynch. Une obsession qui n'avait pas échappé à bon nombre de spectateurs, et notamment grâce aux nombreuses références glissées dans Sailor et Lula. Mais, comme le documentaire le montre, l'influence s'étend aussi de manière plus générale et structurelle dans ses récits, des "fugues cinégéniques" dans lesquelles un personnage se retrouve plongé dans une autre dimension. Découpé en six chapitres (un par intervenant, dont Karyn Kusama, John Waters ou David Lowery), Lynch/Oz nous offre autant de mini-essais sur différents aspects du sujet. Et chacun a la bonne idée d'étendre son propos, pour souligner l'importance du Magicien d'Oz dans la pop culture ou l'apparition de figures récurrentes chez plusieurs réalisateurs. Très intéressant, l'ensemble se révèle également trop riche, car nous avons à peine le temps de digérer un segment que l'autre débute. Une exploitation sous forme de mini-série aurait peut-être été plus appropriée, afin d'apprécier au mieux les différentes analyses et théories qui sont développées. Mais le documentaire est à voir, et pas que par les fans, afin de ne plus voir les rideaux et chaussures rouges disséminés dans l'œuvre de David Lynch sans penser au pays d'Oz. Maximilien Pierrette
Moonage Daydream de Brett Morgen - Les Docs de l'Oncle Sam
Déjà auteur d’un film sur Kurt Cobain, le documentariste Brett Morgen rend ici hommage à l'univers de David Bowie. Plus qu’un simple documentaire, Moonage Daydream ressemble davantage à un collage, rassemblant toutes les œuvres et les inspirations de la rock star. Au total, le réalisateur a eu accès à plus de cinq millions d’archives, d’images et de dessins inédits. Le tout, grâce à l’aide exceptionnelle des membres de la famille. Sur l’écran, c’est un feu d’artifice. Une avalanche de couleurs, d’effets kaléidoscopes et de montages sensationnels avec, évidemment, ses plus grandes chansons qui parcourent le film. Lequel sera visible au cinéma à partir du 21 septembre Thomas Desroches