La 75ème édition du Festival de Cannes touche à sa fin avec les deux derniers films de la Compétition, dont Showing Up, le nouveau long-métrage de Kelly Reichardt, qui revient quatorze ans après son passage au festival dans la section Un certain regard avec Wendy et Lucy.
Autre réalisatrice qui accède pour la première fois à la Compétition : Léonor Serraille, qui avait reçu la Caméra d'or pour Jeune Femme en 2017, présente aujourd'hui avec Un petit frère, porté par Annabelle Lengronne, Stéphane Bak et Ahmed Sylla.
Notre podcast :
Ces derniers jours du Festival ont été marqués par la projection en avant-première du documentaire évènement Salam, projeté en avant-première mondiale et en séance spéciale ce jeudi 26 mai. Ecrit et réalisé par Diam's avec Houda Benyamina et Anne Cissé, ce film revient sur le changement de vie de laa rappeuse après 10 ans de silence.
Comme l'année dernière avec son OSS 117, Nicolas Bedos ferme le festival avec sa comédie policière Mascarade, porté par un casting prestigieux (Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet et Marine Vacht) en Hors Compétition.
Mascarade de Nicolas Bedos (Hors compétition)
Ce n’est pas un hasard si Nicolas Bedos dévoile Mascarade pour la première fois au Festival de Cannes. Pour son quatrième film, il met les voiles vers la Côte-d’Azur et raconte le destin de nombreux personnages sauvés par leurs apparences, leurs grandes villas et leurs belles voitures. Pierre Niney et Marine Vacth jouent deux escorts qui vont tomber amoureux l’un de l’autre, avant de s’entraîner dans une succession d’arnaques. Les conséquences, forcément, vont être désastreuses. Film choral, ambitieux, Mascarade lorgne davantage vers le drame que la comédie, même si l’auteur se permet quelques séquences amusantes et beaucoup d’irrévérence. Devant cette fresque, où chaque personnage possède deux visages - le meilleur et le pire -, on pense à de nombreux films hollywoodiens, comme Sunset Boulevard. Notamment du côté d’Isabelle Adjani qui incarne une actrice recluse dans son manoir. L’actrice, qui n’a jamais eu peur de se mettre en danger et de se risquer à des folies dans ses rôles précédents, est irrésistible. Elle joue avec son image, s’en amuse, s’en moque et montre un visage qu’elle n’avait jamais dévoilé jusque-là. L’autre surprise est sans conteste Marine Vacth. Révélée dans Jeune et Jolie de François Ozon, elle interprète un personnage furieux, criminel et sensible. Mascarade a tous les critères pour être un beau succès. Thomas Desroches
Salam de Mélanie Diam's, Houda Benyamina et Anne Cissé (Séance Spéciale)
Documentaire émouvant écrit et réalisé par Diam's, Houda Benyamina (Divines, The Eddy) et Anne Cissé (Vampires), Salam raconte la quête de paix de Mélanie Georgiades alias Diam's, plus de 10 ans après l'arrêt de sa carrière musicale. après 10 ans de silence. Le film tire sa force du récit de Mélanie, qui revient sur des moments douloureux de sa vie et aborde sans concession des questions intimes sur son histoire.
Avec pudeur mais une grande sincérité, celle qui a représenté le cri de la jeunesse dans les années 2000 se confie sur ses moments de gloire, ses moments de doute, ses échecs, la psychiatrie, la recherche d'un sens à donner à la vie et sa conversion à l'Islam. Elle aborde des sujets durs, parle de dépression, de pensées suicidaires et de la pression médiatique.
Le documentaire est rythmé par une bande sonore soignée et par un slam de Diam's, de son vrai nom Mélanie Georgiades, et vaut également pour la beauté de ses images, même si très (trop ?) clipesques. Salam est également ponctué de témoignages de proches de Diam's, comme sa mère, son ancienne manager, son ancien producteur et ses amies les plus chères, qui commentent et expliquent le chemin de croix et la nouvelle vie de Diam's.
Ne vous attendez pas à revenir en profondeur sur la carrière musicale de Diam's ou à revoir des extraits ou à entendre ses anciens sons, celle qui vit désormais une existence loin des paillettes et du showbiz a définitivement tourné la page. Même si elle garde de la tendresse et de l'amour pour ses fans, elle a désormais trouvé la paix intérieure et le bonheur, qu'elle cherchait tant depuis l'enfance.
Mégane Choquet
Un Petit Frère (Compétition officielle)
Cinq ans après avoir décroché la Caméra d'Or à Cannes pour Jeune Femme, sélectionné à Un Certain Regard, la Française Léonor Séraille débarque en compétition avec Un petit frère, l'histoire d'une femme arrivée d'Afrique et s'installant en banlieue parisienne avec ses deux fils.
Un petit frère prend en quelque sorte la forme d'une fresque romanesque, une forme d'éducation sentimentale et récit d'émancipation, sur les amours et la vie dune mère de famille ordinaire et ses deux fils. Un film ample avec Annabelle Lengronne qui impressionne dans ce rôle qui se déroule sur 30 ans. Ahmed Sylla, dans son tout premier rôle dramatique, impressionne de même dans ce registre. Son personnage donne le titre au film, en adoptant son point de vue. Sortie : prochainement. Brigitte Baronnet
Showing Up (Compétition officielle)
Membre du jury en 2019, la cinéaste américaine Kelly Reichardt arrive pour la première fois en compétition avec son huitième long métrage, Showing up. Et ce quelques mois seulement après la sortie en France de First Cow (avec un joli succès critique et public). Kelly Reichardt retrouve sa comédienne fétiche, Michelle Williams, qu'elle avait dirigée dans Wendy et Lucy, La dernière piste et Certaines femmes. Elle trouve là l'un de ses plus beaux rôles, loin des fastes hollywoodiens. L'histoire de Showing up suit une artiste à quelques jours du vernissage de son exposition. Comme toujours dans le cinéma de Kelly Reichardt, tout passe par l'intime et la simplicité de ce qui nous est donné à voir. Showing up, distribué aux Etats-Unis par A24, rappelle une certaine mouvance du cinéma indépendant américain, grâce à sa simplicité, son ton, et ses touches humour. Ce film est sans doute la meilleure porte d'entrée vers cette cinéaste si vous ne connaissez pas encore son univers. Précisons que cette dernière a également reçu le Carrosse d'or, décerné par la SRF à la Quinzaine des réalisateurs, récompensant sa riche filmographie de cinéaste indépendante. Brigitte Baronnet
Atlantic Bar de Fanny Molins (ACID)
Atlantic Bar, c'est l'histoire d'un bar. Mais c'est surtout celle des gens qui y gravitent. Entre la salle, la terrasse, quelques tables et chaises, l'arrière-cuisine et l'étage où vivent les gérants, c'est tout un microcosme de gueules, de personnalités et de tranches de vie qui se croisent chaque jour autour d'un café, d'une bière ou d'une cigarette pour parler, râler, rire ou refaire le monde. Le braqueur rangé des bêtises, le mauvais garçon devenu poète ou l'ancien SDF qui s'est trouvé une famille de substitution : la réalisatrice Fanny Molins filme avec sobriété et humanité les habitués qui entourent Nathalie, patronne tendre et "grande gueule" et personnage central de la maison. Hauts en couleurs, ces protagonistes avaient ici trouvé leur refuge, désormais menacé par la fin de la location-gérance et la revente des murs. Ce film, c'est donc l'histoire de la fin d'un petit monde. Modeste et majeur. Destructeur et vital. Drôle et triste. Il y avait une vie au comptoir de l'Atlantic Bar, et ce documentaire en gardera une trace. Yoann Sardet
