Le 38ème Festival du film indépendant américain de Sundance se déroule actuellement en ligne jusqu'au 30 janvier. AlloCiné participe à l'événement pour vous partager les films les plus marquants ou attendus de cette édition. Découvrez notre sélection du jour, faite de deux longs métrages de fiction et deux documentaires, le premier consacré au rappeur Kanye West, et le second à Evan Rachel Wood et à ses accusations portées contre le chanteur Marilyn Manson.
Jeen-Yuhs : A Kanye Trilogy
Seul un épisode de cette trilogie était présenté au festival. Intitulé Vision, il met en avant les débuts dans le rap de l’artiste Kanye West. Commençant comme producteur d’instrumentaux pour les rappeurs les plus célèbres du début des années 2000, West peine à convaincre qu’il peut être un rappeur à part entière. Considéré comme un faiseur de beats, les plus grands labels le rejettent, peu convaincus par la démo de cet homme qui affiche une confiance en lui certaine, mais selon eux, devrait rester beatmaker. Grâce à des images d’archives exclusives et extraordinaires -le réalisateur du documentaire a suivi Kanye West depuis ses débuts- on assiste à un homme qui galère, qui a une vision de lui-même qu’il n’arrive pas à imposer, quelle que soit la manière dont il s’y prend. Ce premier épisode est prometteur, bien qu’il n’aborde pas encore le Kanye West décrié par une partie de ses fans pour ses prises de position en faveur de Donald Trump et s’attarde plutôt sur ce jeune artiste pétri d’ambition jusqu’à la signature de son premier album produit entre autres par Jay-Z, The College Dropout, avec le label Roc-A-Fella. Jeen-yuhs : La trilogie Kanye West sortira prochainement sur Netflix et ce qu’on peut dire, c’est que le premier épisode met sacrément l’eau à la bouche.
Alice
Dans les années 1800, Alice (Keke Palmer) est une esclave Noire dans une plantation sous la coupe de Paul Bennet, un Blanc qui exploite tout un groupe de travailleurs. Sauf que par hasard, alors qu’elle explore l’imposante demeure de Bennet, elle entend un drôle de son… celui d’une radio ! Le spectateur comprend donc bien avant elle qu’Alice ne vit pas au XIXème siècle mais bien au XXème et plus précisément… en 1973 ! Commence alors pour la jeune femme une quête pour sa liberté, tant pour sa personne que pour son esprit. Alice est la première réalisation de Krystin Ver Linden, qui parvient à jouer sur l’éclairage afin de créer la juste opposition entre les scènes sombres de la plantation et celles beaucoup plus colorées et lumineuses de la vie moderne. Le reproche qui peut être adressé au film est qu’il reprend la même thématique que Antebellum de Gerard Bush et Christopher Renz, sorti en salles en France en 2020, et qui abordait déjà l’idée d’un lieu vivant comme au temps de l’esclavage, en l’occurrence en pleine époque contemporaine. Cela étant, les intrigues sont tout de même différentes dans leurs détails, et l’initiation d’Alice à la lutte pour les droits civiques assez bien mênée pour garder le spectateur intéressé. Le film n’a pour l’instant aucun distributeur français.
Honk for Jesus. Save Your Soul.
Premier film de son réalisateur Adamma Ebo, Honk for Jesus. Save Your Soul est centré sur le couple de Trinitie et Lee-Curtis Childs, respectivement joués par Regina Hall et Sterling K. Brown. Ils incarnent des télévangélistes ayant fait fortune grâce à leur métier, mais actuellement dans la tourmente, car monsieur a commis des agressions sexuelles. Dès lors, que faire ? Pour le couple, aucun doute : il faut faire comme si de rien n’était et se remettre aux affaires au plus vite avec un prêche d’excuses de Lee-Curtis afin que la machine reparte comme avant. Sauf qu’entre-temps, des évangélistes concurrents plus jeunes font salle comble. Le couple Childs va-t-il réussir à remonter la pente ? A la vision de Honk for Jesus, il apparaît clair qu’Adamma Ebo a surtout en tête de raconter la situation d’un couple en crise, tant personnellement que professionnellement. Le registre principalement commandé aux acteurs est celui de la comédie, mais le film leur permet aussi de pointer le pathétique des personnages, qui sont aussi antipathiques, mesquins, faux-jetons et opportunistes et parfois même touchants. Le principal défaut du film est de ne pas toujours parvenir à saisir l’émotion alors qu’on sent une envie du metteur en scène de mêler les genres. Une scène très forte et formidable y parvient grâce au talent de Regina Hall, qui maîtrise son personnage sur le bout des doigts et crève l’écran. Brown possède lui aussi quelques moments de bravoure, survolté en prêcheur habité, mais son interprétation est plus attendue. Le film n’a pas encore de distributeur français.
Phoenix Rising
Dans ce documentaire produit par HBO, l’actrice Evan Rachel Wood revient sur sa relation avec le chanteur Marilyn Manson, qu’elle accuse de violences domestiques et de l’avoir violée sur le tournage de l’un de ses clips. Le film prend le parti d’explorer le parcours de la comédienne jusqu’à sa rencontre avec Manson, insistant sur l’innocence dans laquelle elle était lorsqu’elle l’a rencontré. Elle avait alors 18 ans et lui 37. La première partie du film revient donc sur l’enfance d’Evan Rachel Wood, sa première rencontre avec Brian Warner alias Marilyn Manson et le développement de leur relation. La seconde partie raconte le combat de l’actrice et d’autres militants afin d’obtenir l’extension du délai de prescription des accusations de violences domestiques dans l’Etat de Californie, de 1 à 10 ans. Ces deux parties de Phoenix Rising ne s’accordent pas toujours de manière heureuse, et certaines questions abordées sont laissées en suspens, comme la mention par Wood du fait que sa mère, qui s’occupait de ses affaires lorsqu’elle n’était pas majeure, détournait apparemment une partie de son argent. Mais nous n’en saurons pas plus. Son témoignage n’en demeure pas moins fort, et dénonce le star-system qu’elle a expérimenté, dans lequel tant qu’une célébrité génère un important revenu, on préfère lui laisser toute liberté d’action, même lorsqu’elle s’affranchit de tout cadre légal. Précisions qu’une enquête a été ouverte l’an dernier par la police de Los Angeles à propos d’actes de violences commis par le chanteur entre 2009 et 2011. Depuis le témoignage public d’Evan Rachel Wood, d’autres accusations d’agressions sexuelles ont été portées envers l’interprète de The Beautiful People. Le chanteur et ses représentants nient l’ensemble des accusations.