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    OSS 117 3 : comment a été réalisé le générique ? Rencontre avec son créateur David Tomaszewski
    Maximilien Pierrette
    Dans sa tête, la comédie parfaite rassemble l’écriture de Billy Wilder, le sens du détail de Bruno Podalydès, les répliques du Splendid, l’énergie colérique de Louis de Funès, le discours social de Chaplin, les références du Palmashow, le grand n’importe quoi des ZAZ et le chaos des Marx Brothers.

    Réalisateur du clip de "L'Odeur de l'essence" d'Orelsan, David Tomaszewski est aussi le concepteur du générique très bondien de "OSS 117 - Alerte en rouge en Afrique noire", qu'il évoque avec nous à l'occasion de sa sortie en vidéo.

    Mandarin Production / Gaumont

    S'il a fait forte impression grâce au clip de "L'Odeur de l'essence", chanson choc signée Orelsan, David Tomaszewski s'est également illustré au cinéma cette année. Et de fort belle manière grâce au générique de début d'OSS 117 - Alerte rouge en Afrique noire. Alors que le film de Nicolas Bedos vient de sortir en vidéo, il revient avec nous sur cette expérience et vous permet de découvrir des extraits du story-board.

    OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire
    OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire
    Sortie : 4 août 2021 | 1h 56min
    De Nicolas Bedos
    Avec Jean Dujardin, Pierre Niney, Fatou N'Diaye
    Presse
    2,8
    Spectateurs
    2,7
    louer ou acheter

    AlloCiné : Comment avez-vous commencé à travailler dans le milieu du cinéma ? Quel a été votre parcours avant ?

    David Tomaszewski : Après un bac littéraire arts plastiques, j’ai quitté une fac cinéma à Paris au bout de trois semaines d’ennui. J’avais une VHS sous le bras avec quelques courts métrages réalisés pendant mes années de lycée, et une bande démo d’effets visuels numériques que je bidouillais à la maison. J’ai donc démarché diverses sociétés et j’ai été embauché par Jacques Bled, auparavant directeur de MacGuff Ligne - devenu Illumination aujourd’hui. J’ai commencé à travailler sur des films en tant qu’infographiste 2D, suivre des superviseurs sur des tournages - dont Rodolphe Chabrier, mon principal mentor - et rencontrer des réalisateurs inspirants.

    Comment vous êtes vous retrouvé à travailler sur des génériques, qui sont presque un film dans le film ? Est-ce votre expérience du clip musical qui a joué, vu qu’il faut aussi raconter une histoire en quelques minutes ?

    J’ai fait mon premier vrai générique sur 99 Francs de Jan Kounen, qui était - et est toujours - souvent chez MacGuff. C’est là que je l’ai rencontré. Un court-métrage que j’avais réalisé et auto-financé en 2005, Covered, contenait des visuels qui ressemblaient à ce qu’il cherchait. Puis Jan m’a confié le générique de son film suivant, Coco Chanel & Igor Stravinsky. Sa fidèle monteuse, Anny Danché, et désormais aussi monteuse de tous les films de Nicolas Bedos, m’appelle régulièrement depuis. Je lui en suis très reconnaissant. Je n’avais encore jamais réalisé de clips à l'époque, c’est venu plus tard.

    Réaliser un générique de Bond a toujours été un fantasme. Donc avec OSS 117, le voeu s’est quelque part exaucé.

    À quel moment a-t-il été question de faire un générique à la James Bond pour le dernier "OSS 117" ?

    Dès le début, c’était un souhait du réalisateur. Un court paragraphe dans le script mentionnait cette volonté de générique. Le générique était donc considéré en amont comme une scène du film.

    Quand on pense à un générique de James Bond, on pense évidemment à Maurice Binder et Daniel Kleinman, qui ont travaillé sur la franchise. Etait-ce des influences pour vous ?

    Bien sûr. Totalement. Je suis un fan inconditionnel des James Bond depuis tout petit. Ce sont ces deux artistes, que vous citez, qui m’ont donné une certaine obsession pour l’art du générique. Réaliser un générique de Bond a toujours été un fantasme. Donc avec OSS 117, le voeu s’est quelque part exaucé.

    Avez-vous eu d’autres influences ici ?

    Jean-Paul Goude, évidemment, pour qui j’ai eu l’immense honneur de travailler à mes débuts chez MacGuff. Quelqu’un que j’admire énormément et qui a eu une grande influence sur moi. Ce nouvel OSS 117 se déroulant dans les années 80, et Goude ayant marqué cette décennie à plusieurs niveaux, il était indispensable que je le cite visuellement dans ce générique.

    Comment se passe le travail avec un réalisateur dans un cas comme celui-ci ? Quelles étaient les indications de Nicolas Bedos ?

    Nicolas avait pas mal d’idées, comme celle d’avoir à l’écran une chanteuse, et bien d’autres. On a fait quelques réunions, du brainstorming. Puis, après avoir lu le script, je lui ai proposé un traitement, sur lequel on est repassés plusieurs fois. On a tourné le générique sur le plateau B pendant que Nicolas tournait sur le plateau A. Il venait de temps en temps voir ce qu’on faisait et exprimer ses envies. Mais je dois dire qu’il avait une grande confiance donc c’était très épanouissant.

    Êtes-vous totalement libre lorsque vous faites un générique, ou avez-vous des éléments à y a intégrer impérativement ?

    Assez libre. Certes, il y a toujours un cahier des charges à respecter, et un budget à tenir. Mais en général, on m’appelle surtout pour proposer des choses, et non simplement faire de l’exécutif. C’est bien aussi d’avoir un cadre pour travailler. Cela permet de rester discipliné et orienté dans la bonne direction.

    Mandarin Production / Gaumont

    À quelle étape d’un projet intervenez-vous en général ?

    Dans 95% des cas : en post-production, lorsque le film est tourné et en cours de montage.

    Concrètement, comment a été tourné ce générique d’OSS 117 ? Quelles ont été les différentes étapes ?

    Une journée de tournage en studio, en banlieue parisienne, sur fond noir et fond vert. Nous l’avons tourné en pellicule 35mm, comme le film, sauf que je n’avais pas de magasins de bobines pleins. On devait tourner avec les chutes, les fins de bobines, ce qui n’était pas d’un grand confort. Le générique a été tourné à l’hiver juste avant la pandémie. Donc c’est pendant tout ce premier confinement que j’ai pu ensuite fabriquer, home made, ce générique, dans mon appartement à Londres. Cela s’est ensuite étalé sur huit mois, avec diverses pauses et interruptions.

    Quels sont les trois génériques qui vont ont le plus marqué en tant que spectateur ?

    Les trois qui me viennent à l’esprit immédiatement sont issus de trois films de David Fincher : Seven, Panic Room et Millenium - Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes (The Girl With the Dragon Tattoo en VO). Ce sont des génériques qui restent encore. Mais je dois également citer Casino de Martin ScorseseEnter the Void de Gaspar Noé. Et bien évidemment, à peu près tous les James Bond.

    Savez-vous déjà quel sera votre prochain film ?

    Oui. Le mien.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 6 décembre 2021

    "OSS 117 - Alerte rouge en Afrique noire" est disponible en vidéo depuis le 8 décembre :

    Le carton-titre du générique de "OSS 117 - Alerte rouge en Afrique noire"

    Un extrait du story-board…

    … et l'image du générique qui correspond

    Un extrait du story-board…

    … et l'image du générique qui correspond

    Un extrait du story-board…

    … et l'image du générique qui correspond

    Le concepteur du générique, David Tomaszewski

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