Un thriller belge. Un film d'action américain situé à Tokyo. Et un feel-good movie situé entre la Russie et les États-Unis. Le tout en Normandie, où les spectateurs du 47ème Festival de Deauville ont pu voyager depuis leur fauteuil en ce mardi 7 septembre.
D'Inexorable de Fabrice Du Welz à Potato Dreams of America de Wes Hurley en passant par Kate de Cédric Nicolas-Troyan, retour sur nos trois films du jour.
Inexorable de Fabrice Du Welz (Fenêtre sur le cinéma français)
Fabrice Du Welz et Benoît Poelvoorde : deuxième ! Moins de deux ans après Adoration, sorti juste avant que la pandémie ne frappe les salles de plein fouet, le réalisateur belge retrouver son compatriote. Mais il en fait, cette fois, le personnage principal d'Inexorable : un écrivain en panne d'inspiration qui emménage avec sa femme dans l'immense demeure dont ils viennent d'hériter, et fait face à une série d'événements qui s'enchaînent depuis l'arrivée de Gloria chez eux. Incarnée par Alba Gaïa Bellugi, vue dans la série 3 x Manon, cette dernière concentre le gros du mystère qui entoure le récit. Il vaut donc mieux en savoir le moins possible sur ce thriller impeccablement mis en scène (avec un jeu sur les couleurs), même si l'on peine parfois à ressentir le côté inexorable de l'histoire, avec quelques rebondissements qui arrivent trop vite. Les aficionados du cinéaste y retrouveront certains de ses thèmes de prédilection… mais nous n'en dirons pas plus.
Kate de Cédric Nicolas-Troyan (Premières)
De Scott Pilgrim à Birds of Prey, Mary Elizabeth Winstead a déjà prouvé qu'il ne fallait pas la chercher. Mais Kate enfonce le clou. Parfois littéralement. A mi-chemin de John Wick et Hyper Tension, le film fait d'elle une tueuse à gages qui n'a plus que 24 heures à vivre après avoir été empoisonnée à Tokyo. Et qui décide de mettre ce temps à profit pour se venger des responsables. Parfois très salement, dans des scènes de combat qui contiennent quelques idées amusantes et où la comédienne se donne à 200%. L'intrigue est, en revanche, un peu plus balisée. Mais l'ensemble, dirigé par le Français Cédric Nicolas-Troyan (plus inspiré que sur Le Chasseur et la Reine des Glaces) remplit sa mission de divertissement d'action qui ne retient pas ses coups et étonne parfois par sa violence graphique. Parfois sur fond de pop japonaise, pour un effet détonnant dans les rues de Tokyo où l'on peut apercevoir, au second plan d'une scène… l'affiche du Nicky Larson de Philippe Lacheau.
Potato Dreams of America de Wes Hurley (Compétition)
Et si le futur Prix du Public était là ? Vu la bonne humeur qu'il dégage et le sourire qu'il donne, Potato Dreams of America se présente comme un sacré candidat. S'inspirant de sa propre histoire, celle d'un immigré russe queer qui débarque aux États-Unis avec sa mère, Wes Hurley signe d'abord un belle déclaration d'amour au cinéma américain avec des scènes qui assuement le côté factice des décors et rappellent Michel Gondry. Avec un Jésus fan de Jean-Claude Van Damme en prime. Puis le récit, sans perdre de ses couleurs, se mue en une belle histoire sur la quête d'identité, l'acceptation de soi et l'homosexualité, dont il évoque la représentation au sein du cinéma américain. S'il ne manque pas de défauts (des scènes appuyées, des références trop visibles), le long métrage sait les compenser grâce à son énergie, sa joie et - surtout - sans grande sincérité. Un pur feel-good movie.