Maniac, de William Lustig (1980)
Il arrive que certaines affiches soient toutes aussi connues que les films qu'elles présentent. C'est le cas avec Maniac de William Lustig, œuvre culte du cinéma de genre des années quatre-vingt. Son affiche coup de poing et explicite a marqué de nombreux spectateurs et pour cause, on y voit un homme tenir une tête de femme décapitée avec une marre de sang à ses pieds. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le poster n'a jamais été censuré. Le film, en revanche, a été banni dans plusieurs pays. Il a également provoqué la colère des associations féministes pour son extrême violence envers les femmes dans les zones où le film a été projeté.
Irréversible, de Gaspar Noé (2002)
Présenté lors de la 55e édition du Festival de Cannes en 2002, Irréversible de Gaspar Noé avait choqué la Croisette. Cette réaction était une réponse à la violence du film, mais aussi à une longue scène de viol graphique mettant en scène Monica Bellucci. L'affiche italienne, sans équivoque, utilise une image de cette séquence très brutale. En France, l'affiche s'appuie également sur ce moment, mais de façon beaucoup plus subtile : on y voit le personnage marcher dans le tunnel, quelques instants avant le drame qui bouleversera sa vie.
Querelle, de Rainer Werner Fassbinder (1982)
Ultime film de Rainer Werner Fassbinder, Querelle doit sa popularité à la performance de son acteur principal, Brad Davis, à son ambiance homoérotique, sa beauté esthétique, mais aussi à son affiche. Sur cette dernière, la star du film est adossée contre un mur en forme de phallus. Le poster sera censuré et une nouvelle version proposera, à la place, un mur en briques quelconque. L'affiche originale fera son retour en 2009 lors de la ressortie du film dans les salles françaises.
Querelle, de Rainer Werner Fassbinder (1982)
Toujours du côté de Querelle, le roi du pop art, Andy Warhol, avait également conçu une affiche spécialement pour le film en utilisant une photo du tournage et en mettant l'accent sur le caractère sexuel du long métrage. Là encore, l'affiche avait créé une controverse lorsqu'elle fut révélée. Elle n'a cependant pas été censurée.
Five Senses of Eros, de O Ki-hwan, Hyuk Byun, Min Gyoo-dong, Hur Jin-ho et Young-sik Yu (2009)
Ce film, rassemblant cinq courts métrages sur le thème du désir, avait un suscité un véritable émoi en Corée du Sud à travers son affiche, qui fut la première censurée dans le pays. La raison ? On y voit une femme entièrement nue allongée sur un lit. Or, cette image n'apparaît à aucun moment dans le film et fut juste utilisée comme un outil promotionnelle.
Hail Satan?, de Penny Lane (2019)
Sorti en 2019, ce documentaire s'intéresse à l'organsiation The Satanic Temple aux États-Unis, un groupe satanique qui entreprend de nombreuses actions politiques à travers le pays pour encourager la séparation entre l'État et l'église. L'affiche - très réussie - reprend le ton sarcastique du film en détournant la statue de la Liberté. La tête du monument est remplacée par celle d'un bouc - symbole de l'organisation - et la célèbre torche laisse place au signe de la main propre au mouvement. L'affiche, comme le film, avait provoqué une vive réaction de la part de religieux sur les réseaux sociaux.
La Punition, de Pierre-Alain Jolivet (1973)
Pour ce film sulfureux de Pierre-Alain Jolivet, dans lequel Karin Schubert incarne une call-girl punie par son patron, un poster présentait l'actrice nue et crucifiée comme le Christ. Jugée blasphématoire, l'affiche a été refusée par la Commission de censure, avant d'être remplacée par une nouvelle version moins explicite (voir slide suivante).
La Punition, de Pierre-Alain Jolivet (1973)
Très parlante, la seconde affiche proposée pour La Punition montre de nouveau Karin Schubert nue dans une position de martyre et emprisonnée dans un cube invisible. Plus abstrait et artistique, ce poster a été utilisé pour la sortie du film dans les salles de cinéma.
Hannibal, Ridley Scott (2001)
Dix ans après la sortie du Silence des agneaux, Anthony Hopkins faisait son retour en Hannibal Lecter dans la suite, intitulée Hannibal, réalisée par Ridley Scott et avec Julianne Moore. La toute première affiche montrait le visage d'Hannibal Lecter divisé en plusieurs morceaux de papier, qui se rassemblaient grâce à des agrafes. Ces dernières reforment même les barreaux du célèbre masque au niveau de la bouche du tueur en série. Très réussie et efficace, le poster a été jugé trop terrifiant, avant d'être remplacé par un autre portrait du personnage tapis dans l'ombre.
Shame, de Steve McQueen (2011)
Dans Shame, Michael Fassbender, sous les traits de Brandon, incarne un homme addict au sexe. Si les affiches françaises et américaines optent pour des visuels plutôt softs, le poster hongrois, lui, est plus radical. Il met en scène un dos humain sur lequel repose du sperme qui forme le titre du film. Un poster original, à l'idée bien exécutée, mais à ne pas mettre sous tous les yeux.
Bad Lieutenant : Escale à La Nouvelle-Orléans, de Werner Herzog (2009)
Dans le film de Werner Herzog, à ne pas confondre avec celui d'Abel Ferrara, Nicolas Cage incarne un policier aux méthodes peu conventionelles. Une personnalité bien particulière que mettait en avant la première affiche censurée dans laquelle on pouvait voir le personnage pointer son arme sur une femme, tandis qu'il était en train de dérober un collier de perles sur une autre victime.
Larry Flynt, Miloš Forman (1996)
Une personnalité controversée pour une affiche controversée. En réalisant un biopic sur Larry Flynt, le créateur de la revue pornographique Hustler, Miloš Forman avait créé la polémique avec un poster montrant l'éditeur crucifié et vêtu d'un tissu aux couleurs du drapeau américain avec, en fond, une femme en string. Le visuel avait provoqué la colère de nombreuses personnalités politiques - dont Jean-Marie Lepen en France - et des religieux. C'est finalement Miloš Forman lui-même qui avait décidé de retirer le poster pour ne pas qu'il nuisse au succès du film.