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    Shaun le mouton 2 : les références SF vues par les réalisateurs, d'E.T. à Doctor Who

    Réalisateurs de "Shaun le mouton 2", Richard Phelan et Will Becher évoquent avec nous les références de cette suite, qu'elles soient conscientes ou non.

    Quand Aardman s'essaye à la SF

    "Shaun le mouton 2" n'est pas seulement la première suite d'Aardman : il s'agit aussi de son premier film de science-fiction. Will Becher : Le plus gros défi lorsque l'on fait un film d'animation de science-fiction en stop-motion, c'est que tout ce vous voyez à l'écran a été construit par des personnes du studio. Nous ne nous sommes pas facilité la tâché en cherchant à faire un film qui envoie Shaun dans l'espace. Et nous voulions également appuyer le côté science-fiction avec la ferme dont nous avons construit une version miniature avant de l'inclure dans des plans larges, histoire de l'isoler et de donner le sentiment que nous avions fait un gros film. Mais toute l'équipe a été formidable, au même titre que la société locale d'effets spéciaux qui s'est occupée de ce que nous ne pouvions pas faire, comme l'aspect lumineux.

    E.T.

    Difficile de ne pas penser au classique de Spielberg face à cette histoire qui reprend le même schéma. Et pourtant... Will Becher : Ça n'était pas notre référence principale au début. Ce que nous voulions c'était amener un personnage dans la ferme, par opposition au fait que Shaun s'en éloignait dans le premier. LU-LA [l'extra-terrestre du film, ndlr] devait représenter une version plus extrême de Shaun, car elle lui ressemble beaucoup, et le fond de l'histoire, c'est ce conflit avec Bitzer [le chien, ndlr] pour le contrôle, le pouvoir. Et ça, ça n'est pas dans E.T., c'est la dynamique familiale de Shaun. L'idée était d'explorer cela, que Shaun comprenne ce que c'est que d'être Bitzer. Mais lorsque vous développez un récit autour d'un alien qui est perdu, il y a forcément beaucoup de tropes et de similitudes, mais nous ne cherchions pas à ressembler à E.T., sauf si nous pouvions en faire un gag comme lorsqu'ils passent devant ce dessin d'une lune.

    Doctor Who (et Tom Baker dans la série)

    Peut-être vraiment faire un film de SF anglais sans faire référence à Doctor Who ? Richard Phelan : Pas avec notre équipe (rires) Nous avons de vrais fans hardcore, c'est à eux que nous devons ces blagues. Je me souviens avoir regardé la série étant petit, donc je connais les Daleks, mais je ne suis pas un très grand fan. Mais c'était plaisant de voir leur enthousiasme rejaillir sur le projet, car ils ont façonné toutes ces références avec amour. Moi j'ai pu mettre des clins-d'oeil à Kubrick, que j'adore, donc c'était beau de rassembler les intérêts de tous les membres de l'équipe pour les mélanger ainsi. Ça participe à la joie de faire ce genre de film. Will Becher : Nous avons passé tous les Docteurs en revue pour trouver celui qui était le plus évident sur le plan visuel. Or Tom Baker possédait les accessoires qui étaient les plus faciles à concevoir. Richard Phelan : J'ai quand même demandé si l'on pouvait avoir les 13 Docteurs dans une scène (rires) Mais on m'a répondu que ce serait trop long à faire.

    2001, l'odyssée de l'espace

    Richard Phelan : Il y a des références à 2001, mais nous nous sommes également inspirés de l'éclairage et des objectifs utiliés par Kubrick sur le film. De la même façon que l'utilisation de la lumière par Steven Spielberg, ce sont des choses que nous avons essayé de capturer car leurs films de science-fiction sont séminaux. Et c'était un vrai défi que de recréer cela sur un plateau de stop-motion, mais cela nous a aussi permis de déterminer l'échelle de Shaun le mouton 2 et d'ajouter une profondeur capable d'éléver notre art grâce à un autre genre. Will Becher : Et nous avons pu faire un monolithe avec un toast grillé.

    Rencontres du troisième type

    Si l'éclairage de "2001" a été une source d'inspiration, la célèbre musique de "Rencontres du troisième type" aussi. Richard Phelan : C'est un exemple de la façon dont nous utilisons une référence pour un gag, car la muisque s'entend sur le clavier d'un car wash, au lieu de faire un clin-d'oeil plus direct. Nous faisons la même chose avec X-Files. C'est une façon de renvoyer à des choses que nous connaissons et aimons.

    Star Wars

    Les oreilles de la mère de LU-LA, enroulées de la sorte, sont-elles un clin-d'oeil à la Princesse Leia de "Star Wars" ? Richard Phelan : (rires) Ah non. Comme il s'agit de la mère de LU-LA, nous avons pensé qu'elle devait avoir des oreilles plus longues, comme s'il s'agissait de cheveux qu'elle aurait coiffé de la sorte pour changer sa silhouette. Mais les gens chassent les références et se mettent à voir des choses auxquelles nous n'avions pas pensé. Ils y retrouvent leurs films de science-fiction préférés, ce qui est super.

    Signes

    Les crop circles font-ils partie de ces références inconscientes, vu qu'ils existaient déjà ? Où s'agit-il d'un clin-d'oeil à "Signes" ? Richard Phelan : La science n'a pas inventé les crop circles donc nous faisons surtout référence au phénomène visible pendant les années 60 et 70, lorsque les fermiers ont pensé à les exploiter pour en tirer profit. Mais ce n'était pas vraiment un clin-d'oeil au film de M. Night Shyamalan.

    Short Circuit

    Assemblé grâce à divers objets, le robot qui accompagne la méchante ressemble à Johnny 5 de "Short Circuit". À moins que... Will Becher : (rires) Nous voulions qu'il ait l'air un peu désuet même s'il provient de cette base militaire high tech qui se cache sous terre. Johnny 5 n'était pas notre source d'inspiration pour le personnage, mais nous avons tous deux grandi dans les années 80, donc qui sait si ça n'est pas notre subconscient qui a parlé.

    X-Files

    S'il y a un gag sonore autour de "X-Files", le look de la méchante nous a grandement rappelé celui de Scully dans la série. À plus ou moins juste titre. Richard Phelan : Le modèle était davantage le cliché de l'organisation secrète à la solde du gouvernement. Nous avions parlé du projet Blue Book, la commission d'enquête sur les OVNI. Les gens pensent aussi aux Men in Black et nous voulions explorer cette imagerie en créant notre agent qui supervise le tout. Nous avons parlé de Scully au début, mais également de Ripley. Des femmes fortes de la science-fiction. Elle incarne divers éléments du genre, mais également de la comédie car nous nous sommes basés sur l'apparence de Tina Fey. Will Becher : Même Mrs Tweedy de Chicken Run a servi d'inspiration. Elle est incroyablement effrayante et sombre, et nous voulions que la méchante ait cette présence.

    Aardman

    Si Mrs Tweedy servi d'inspiration pour la méchante, il y a une autre référence à "Chicken Run" dans la ferme, ainsi qu'une apparition de Wallace et Gromit et un clin-d'oeil à l'un des meilleurs gags du premier "Shaun" : le chien immobile de la prison qui se révélait être une silhouette en bois. Will Becher : Oui, nous avons cherché à faire référence au premier que nous connaissons et aimons. Trumper [le méchant du précédent, ndlr] apparaît ici aussi, au second plan ; et il y a des affiches qui disent que la chienne Slip a été retrouvée. Nous nous sommes beaucoup amusés avec ces références que beaucoup ne verront peut-être pas mais que nous aimons.

    Soyez attentifs !

    Richard Phelan : Il y a une référence à L'Âge de cristal dans le film, mais je ne vais pas vous dire où elle est cachée (rires) Et un son particulier renvoie à Predator de John McTiernan, qui n'est pas vraiment pour les enfants, certes. Will Becher : Il y a une blague sur une boîte de pizza qui est une référence à Signes. Et une autre impliquant des toilettes portatives. Mais nous découvrons des détails à chaque fois que nous revoyons le film. Richard Phelan : Il faut dire que le film a mis trois ans à se faire, donc nous avons presqu'oublié certains des gags que nous avions apportés. Comme cette référence à Seul sur Mars dans le supermarché.

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