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    Freddie Highmore, La Dernière Vague, Chambers... nos coups de cœur du festival Séries Mania 2019

    Le festival international de séries a fait triompher "The Virtues", "Une Île" et "Mytho" samedi lors de sa cérémonie de clôture. Quelles sont les séries et comédien(ne)s oubliés du palmarès qui nous ont marqués au cours de cette édition 2019 ?

    Sky Vision

    Masterclass de Freddie Highmore

    C’est peut-être plus évident depuis la délocalisation lilloise, mais le festival cherche de plus en plus à effectuer le grand écart entre une dimension populaire et une autre plus pointue. A l’image de la présidente du jury cette année, Marti Noxon, qui s’est illustrée aussi bien sur des séries exigeantes (Dietland, Sharp Objects) que des oeuvres pop (Buffy, Glee). C’est peut-être sur ce motif que la venue de Freddie Highmore fut particulièrement pertinente. On a vu l’acteur charmer un public venu nombreux pour apercevoir celui qui fut Norman Bates dans Bates Motel, le jeune héros de Charlie et la Chocolaterie et surtout Shaun Murphy dans The Good Doctor. L’acteur a délivré plus d’une heure durant son humilité, son humanité, et une simplicité qui le rendent immédiatement attachant - le tout dans un français remarquable ! The Good Doctor fait partie de ces séries qui ont brandi fièrement leur étendard de bienveillance, et elle s’incarne magnifiquement chez ce jeune acteur, aussi affûté intellectuellement qu’adorable.

    The Virtues de Shane Meadows

    Lauréat de deux récompenses (meilleur acteur et grand prix du jury), cette série créée par Shane Meadows (This is England) illustre le parcours douloureux d’un homme blessé et alcoolique, qui décide d’explorer un passé qu’il a fui enfant afin d’y trouver la rédemption. Aride, doloriste, pesante, The Virtues est très souvent inconfortable mais laisse une place folle à l’émotion dans de très longues séquences. Dans un monde où tout semble aller trop vite, The Virtues fait acte de résistance et se laisse du temps. Il y règne une forme d’impudeur à entrer ainsi dans cette famille aux secrets douloureux, voire complètement tragiques. C’est que la série, à travers ce regard souvent déchirant, n’épargne surtout pas le spectateur, en position un peu voyeuriste, qui se prend de plein fouet une émotion à fleur à de peau. C’est violent avec une économie de moyens car,  pour effleurer l’âme humaine, il faut simplement savoir s’approcher et laisser les personnages (et par extension les acteurs) faire le reste.

    Double Je de Camille Pouzol

    Le festival Séries Mania a souvent célébré des oeuvres sombres, tortueuses et exigeantes, préférant le feuilletonnant aux procedurals, la pesanteur à la légèreté. Parce qu’un festival de séries venues du monde entier, c’est l’occasion d’illustrer un contexte géopolitique et des considérations contemporaines sur l’évolution de nos sociétés et cultures. Seulement, les séries, ce n’est pas que cela. Il y a les comédies bien sûr, mais aussi ces oeuvres qu’on célèbre moins par snobisme ou méconnaissance mais qui font partie de l’histoire sérielle. Double Je est un formula cop show (ou procédural) français dans lequel l’héroïne, capitaine de police, entretient une relation singulière avec son ami imaginaire. Sous ces airs un peu fantasques, la série se montre particulièrement maline dans le traitement de son concept, jamais soumis à la moquerie et l’humour facile, ni au versant pathologique. Célébration de l’imaginaire, petits accents méta, Double Je est une agréable surprise qui provoque le sourire. Et voir une telle série dans un festival comme Séries Mania, c’est rafraîchissant !

    Sivan Alyra Rose (Chambers)

    Dans Chambers, création originale Netflix présentée en compétition officielle, Sacha, une jeune adolescente, est sauvée in extremis d'une crise cardiaque par une greffe de coeur. Hantée par le mystère entourant la mort de sa donneuse d’organe, elle semble développer progressivement les caractéristiques personnelles de la défunte, et bascule dans la folie... A mi-chemin entre l'horreur et le thriller psychologique, la série est née de la rencontre entre sa créatrice Leah Rachel et Uma Thurman, qui produit la série et y campe un rôle secondaire bouleversant. Si elle a parfois du mal à trouver sa tonalité et souffre de quelques incohérences scénaristiques, la série est d'une esthétique à couper le souffle, et met en lumière une jeune actrice inconnue au bataillon : Sivan Alyra Rose. D'origine apache et portoricaine, elle n'a joué que dans un seul court-métrage avant de décrocher le rôle-titre de Chambers. A travers un jeu empreint de dignité, elle est la chair même de la série, et imprime chaque plan de sa présence organique. Une vraie révélation.

    8 Days (Allemagne)

    Si l'Europe n'avait plus que huit jours devant elle avant d'être anéantie par la chute d'une météorite géante, que feriez-vous ? Tel est le postulat de départ de 8 Days (Acht Tage), série apocalyptique créée par Peter Kocyla et Rafael Parente. Tandis que le monde sombre dans l’anarchie et la débauche, une famille berlinoise tente de survivre et d’échapper au chaos. Entre les nantis qui tentent d'immigrer aux Etats-Unis par tous les moyens possibles, ceux qui se débattent pour trouver une issue et ceux qui se résignent à leur destin, difficile de ne pas être happé par ce compte à rebours en huits épisodes (un par jour) et le destin croisé de ses personnages tous plus réalistes les uns que les autres. Aucun héroïsme à l'américaine ici, on bascule dans un survivalisme brutal que ne renierait pas les scénaristes de The Walking Dead. La thématique des flux migratoires est renversée de manière astucieuse, en questionnant l'Europe sur ses contradictions et son manque d'humanité. Esthétique léchée, scénario tiré au cordeau : on en redemande après ces deux premiers épisodes coup de poing.

    la Dernière Vague (France 2)

    Lors d'une compétition de surf dans une petite ville des Landes, un nuage étrange et menaçant déclenche la panique. Symptôme du dérèglement climatique ou révolte de la nature, cet événement tragique va bouleverser la vie des habitants de cette paisible station balnéaire. Difficile d'imaginer une série française crédible à partir d'un synopsis fantastique comme celui de La Dernière Vague... Et pourtant ! Créée par Raphaëlle Roudaut et Alexis Le Sec et réalisée par Rodolphe Tissot (Ainsi soient-ils), La Dernière Vague est une série "high concept" aux lointains accents de Manifest et Les 4400, qui prend le pari d'explorer les conséquences d'un événement surnaturel en se focalisant sur l'intimité de ses personnages. Véritable série chorale constituée d'un solide casting à saluer (David Kammenos, Marie Dompnier, Lola Dewaere, Arnaud Binard, Roberto Calvet, Théo Christine, Capucine Valmary), elle se donne les moyens de ses ambitions et réussit à tisser de subtils liens entre chaque groupe de personnages, laissant affleurer de belles séquences d'émotion autour du thème universel de la perte. On est certes pas au niveau de The Leftovers, mais les intentions sont bonnes.

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