Pourquoi, lorsqu'une femme réalise un film violent, torturé, sadique ou même simplement ambitieux, considère-t-on qu'il s'agit d'une anomalie, d'une exception ? Pourquoi qualifie-t-on ces films de "films badass", de "films avec des balls" ou encore de "films de bonhomme" ?
Cela fait bien longtemps que les femmes ont prouvé qu'elles avaient autant de brutalité, de complexité et d'ambition que les hommes. Non, avoir un regard féminin, cela ne signifie pas avoir un regard doux, tendre et timoré.
Pourtant, alors même que les femmes réalisent des films depuis que le cinéma existe, les préjugés sur ce que devrait ou ne devrait pas être un film réalisé par une femme, qu'on appelle souvent "film de femme", persistent.
A l'occasion de la sortie cette semaine de Destroyer de Karyn Kusama, retour en images sur quelques "films de femmes" qui démontent ces clichés qui ont la peau dure.
La bande-annonce de Destroyer :
Un film réalisé par une femme ne doit pas être...
SANGLANT
"Grave" de Julia Ducournau
Film d'horreur initiatique qui en appelle au cannibalisme, Grave de Julia Ducournau a provoqué bon nombre de malaises dans les salles en raison de ses effets visuels gore ultra réalistes. Du rouge, du sang, en veux-tu en voilà. Un exemple parmi tant d'autres prouvant que les femmes peuvent faire des films très, très sanglants.
TORTURÉ
"Destroyer" de Karyn Kusama
Dans Destroyer de Karyn Kusama, à mi-chemin entre le film policier, le thriller et le film de braquage, Nicole Kidman incarne une flic alcoolique et torturée par son passé. Sans concession, Destroyer est un film poisseux, complexe et très noir qui n'a rien à envier à ceux de David Fincher.
BRUTAL
"A Beautiful Day" de Lynne Ramsay
Âpre, ultra-violent et brutal à souhait, A Beautiful Day de Lynne Ramsay marche la tête haute dans les pas de Taxi Driver avec une modernité et une implacabilité qui forcent le respect. Un bel exemple qui monte que les femmes sont largement au niveau lorsqu'il s'agit de faire un film qui vous scotche dans votre siège.
TESTOSTÉRONÉ
"Démineurs" de Kathryn Bigelow
L'un des plus grands films de guerre de ces dernières années à été réalisé par une femme. Qui dit guerre, dit testostérone, mais avec Démineurs, Kathryn Bigelow joue avec nos nerfs, maîtrise la tension comme personne et montre qu'il n'y a pas besoin de déborder de la fameuse hormone mâle pour faire un film qui la transpire.
SADIQUE
Les Proies de Sofia Coppola
Demandez au personnage interprété par Colin Farrell dans Les Proies de Sofia Coppola si les réalisatrices ne sont pas capables de mettre en scène des films sadiques. On peut préférer la version de Don Siegel (ou pas), mais en matière de cruauté, Coppola est largement à la hauteur.
POLITIQUE
Une femme d'exception de Mimi Leder
Si les femmes restent assimilées à des êtres doux et inoffensifs, elles sont aussi parfois jugées superficielles. Le visionnage d'Une femme d'exception de Mimi Leder qui retrace le parcours de la célèbre avocate Ruth Bader Ginsburg, qui s'est battue contre le sexisme toute sa vie, est donc vivement conseillé pour se débarrasser d'un tel préjugé.
PHILOSOPHIQUE
"Vorace" d'Antonia Bird
Avec Vorace, la cinéaste Antonia Bird signe un film philosophique dont la charge existentielle dépasse de très loin la plupart des films du genre. L'homme est un loup pour l'homme et qui de mieux qu'une femme pour le mettre en scène ?
UN BLOCKBUSTER
"Wonder Woman" de Patty Jenkins
Un film réalisé par une femme, ça ne doit pas être trop ambitieux. Jusqu'à il y a peu, les studios rechignaient sans vraiment s'en cacher à confier la réalisation d'un blockbuster à une femme. Le succès de Wonder Woman de Patty Jenkins prouve sans peine que le travail est aussi bien fait, que le budget est aussi bien tenu et que les gens se déplacent aussi nombreux pour voir le résultat.