L'Ange - Sortie le 9 janvier
De Luis Ortega avec Lorenzo Ferro, Chino Darín, Daniel Fanego
LA BEAUTÉ DU DIABLE
Nous sommes en 1971 à Buenos Aires en Argentine. Un jeune homme d'une beauté diabolique s'apprête à semer la terreur dans la capitale. Son nom : Carlos Robledo Puch (prononcez "Poutch"). Surnommé Carlitos par sa mère, il reste notoirement connu pour ses autres sobriquets, l'ange de la mort ou l'ange noir, référence à sa beauté juvénile.
À cette époque, Carlitos vit au nord de Buenos Aires, dans une banlieue chic du nord de la ville, Olivos. Physique androgyne, de belles boucles blondes... rien ni personne ne pouvait soupçonner que derrière ce visage angélique se cachait un esprit maléfique.
Le jeune homme de 19 ans est très proche de sa mère, qui a toujours été aux petits soins pour lui. Quand il rentrait, elle lui préparait toujours son plat préféré, escalope, purée, sans se douter des exactions qu'il perpétrait. De nature timide, l'éphèbe commence sa triste et fulgurante carrière criminelle par des petits cambriolages et de multiples vols. Petit à petit, il va basculer dans l'horreur la plus sordide.
PUCH SEME LA MORT
Entre mars 1971 et février 1972, Puch commet 11 meurtres, de nombreuses agressions violentes dont plusieurs viols et enlèvements. Son mode opératoire est quasiment toujours le même : il tue ses victimes d'une balle dans le dos, généralement dans leur sommeil pendant un cambriolage.
"Carlitos se comporte comme une star. Il a le sentiment d'être filmé. Il cherche à capter l'attention de Dieu et à l'impressionner. Il est convaincu que tout est mis en scène et que même la mort n'est pas réelle. Il marche comme le ferait une légende vivante, vole comme un danseur, et méprise la nature parce qu'il est convaincu que le destin est une pure construction", analyse le réalisateur Luis Ortega.
Durant l'un de ses vols, Puch assassine un homme et une femme et n'hésite pas à tirer sur le berceau de leur bébé qui était en train de pleurer. Par miracle, ce dernier a survécu. L'ange de la mort ne se contente pas de tuer froidement ; il prend goût à faire le mal, n'hésitant pas à kidnapper, violer et tuer deux jeunes femmes avec l'aide d'un complice.
UN TUEUR D'UN NOUVEAU GENRE
Au début des années 70, Puch déconstruit totalement la théorie en vigueur selon laquelle un meurtrier ne peut qu'être laid. À la manière d'un Dorian Gray, sa monstruosité intérieure n'avait d'égale que sa beauté extérieure ; l'Apollon était même considéré comme le Marilyn Monroe masculin.
"À cette époque en Argentine les théories de Cesare Lombroso [fondateur de l'Ecole italienne de criminologie] soutenaient que la laideur justifiait les actes criminels le plus souvent commis par des meurtriers aux yeux globuleux, à la peau basanée, au nez crochu, au front très large ou aux dents mal alignées. Or, Robledo était aux antipodes de ce type de profil. Ses origines sociales, son solide environnement familial, et ses bonnes manières constituaient une formidable couverture pour commettre ses crimes. Mais le plus déconcertant était sa beauté physique", explique le scénariste de L'Ange, Rodolfo Palacios.
Le parcours sanguinaire de Puch s'est brutalement arrêté en février 1972 quand il a été appréhendé par la police. Après son procès, il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité (en 1980). Le tueur purge sa peine depuis 46 ans dans la prison de haute sécurité de Sierra Chica, près d'Olavarría, à environ 400km de Buenos Aires. En 2008, l'ange noir demande sa libération sur parole qui lui a été refusée. Le juge le considère toujours comme une sérieuse menace pour la société. À ce jour, Puch, âgé de 66 ans, est le plus ancien détenu d'Argentine.