Le coup d'envoi de l'immuable rentrée littéraire a été donné en cette fin août avec son énorme lot de parutions, qui comme tous les ans dépasse les 500 livres ! Parmi ce vaste choix de nouveaux livres dès à présent disponibles ou à paraitre ces prochains jours sortent une poignée de livres s'adressant aux cinéphiles et/ou signés par des auteurs s'illustrant également au cinéma (Samuel Benchetrit, Philippe Torreton, Jeanne Labrune, Joan Sfar...).
On pourrait citer quelques romans inspirés de personnalités, comme Les nuits d'Ava de Thierry Froger (Actes Sud Editions) ou encore Un problème avec la beauté, Delon dans les yeux, un récit littéraire de Jean-Marc Parisis (Fayard), les biographies de Romy Schneider, Michel Legrand, Luis Rego ou encore Jean-Jacques Annaud...
Un livre en particulier a retenu notre attention en cette rentrée : Tu t'appelais Maria Schneider, de Vanessa Schneider. Un livre singulier, par sa génèse et son parti pris : Vanessa Schneider, grand reporter au Monde, et romancière, n'est autre que la cousine de la comédienne, révélée par Le Dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci, rôle choc qui lui a collé à la peau, malgré elle. Maria et Vanessa Schneider avaient un projet de livre ensemble, livre qui n'a finalement jamais abouti. "Ce livre, nous aurions pu le faire ensemble. Nous aurions dû le faire ensemble. Nous avions prévu de le faire ensemble (...) Tu pensais à la mort, à l'après, à ce qui serait dit à ton sujet". Mais "plus tu pensais à ce livre, moins tu parvenais à trouver le sommeil. (...) L'idée même de convoquer tes souvenirs te plongeait dans une terreur profonde."
Plusieurs années plus tard, Vanessa Schneider s'est résolue à reprendre ce projet, partageant ses doutes, ses craintes avec le lecteur, s'adressant régulièrement directement à Maria Schneider. Avec pour but, non pas de faire un livre sulfureux sur la vie et la carrière tourmentée de la comédienne, mais rendre hommage à cette cousine et cette comédienne dont la vie ne devait pas se résumer à un film, un rôle et parfois même une scène. "Souvent, je me dis que tu n'aurais pas aimé que je raconte cela, Maria. Tu n'aurais pas voulu que je parle de ta mère, de ton père, de la drogue, de tes frères. Alors j'efface ce que je viens d'écrire. Puis je recommence. Parce que parler de toi sans parler de ta mère, de ton père, de la drogue ou du Tango, reviendrait à renoncer à parler de toi." Tu t'appelais Maria Schneider, par le prisme de l'intime et du récit personnel de son auteur, nous invite à découvrir Maria Schneider, avec ses parts d'ombre, ses tourments, mais aussi à rappeler qu'elle n'était pas la femme d'une seule scène choc, mais une actrice qui restera marquée, hantée, jusqu'à la fin de sa vie par un film. "On me rattache toujours à ça. partout j'ai le Tango avec moi, basta !".
Outre de nombreux souvenirs familiaux, l'auteur s'est beaucoup documentée, allant puiser dans ses archives personnelles, dans les journaux de l'époque et sur Internet, et permet d'apprendre des choses méconnues : des rôles lui ayant échappé en raison de ses addictions (comme L'Eté meurtrier, ou Cet Obscur objet du désir), son amitié avec Brigitte Bardot et Alain Delon, le lien qu'elle avait gardé avec Marlon Brando, sa vision du métier... Parmi les archives redécouvertes par Vanessa Schneider, on retiendra cette interview disponible intégralement sur le site de l'INA : un entretien filmé pour l'émission Cinéma, cinémas, et sur laquelle la romancière a choisi de revenir, et que nous vous invitons à redécouvrir. "Face à la caméra de Cinéma cinémas, dix ans après le Tango, Maria a compris deux ou trois choses en plus : "C'est un métier très très dangereux". Elle insiste : "Très. Un métier que je ne conseillerais à aucune jeune personne de faire. Il faut une force, une santé, une tête bien là".
>>> Tu t'appelais Maria Schneider, de Vanessa Schneider, Grasset, 250 pages, 19 euros
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15 conseils lectures ciné-séries pour l'été !Maria Schneider, avec son père, le comédien Daniel Gélin, en 1981
Maria Schneider dans "Profession Reporter"
"Profession Reporter" avec Maria Schneider et Jack Nicholson
Maria Schneider, au Festival de Cannes en 1975
La comédienne y présentait le film Profession Reporter de Michelangelo Antonioni