AlloCiné : Trois grands rôles ont marqué votre carrière. Le premier, Frank-N-Furter dans "The Rocky Horror Picture Show"...
Tim Curry : Avant toute chose, c'est mon tout premier film ! Ma première expérience devant une caméra. C'était très excitant. J'ai eu la chance à l'époque d'avoir déjà joué le rôle sur scène, à Londres et à Los Angeles, durant six mois à chaque fois. Je connaissais donc très bien le personnage. Le film était assez différent, plus glamour que la pièce qui elle était très punk. A l'époque, j'avais 28 ans et j'étais comédien depuis cinq ans, et c'était incroyable de me retrouver sur un plateau de cinéma à ce stade de ma carrière. Je sentais que ce serait soit extraordinaire, soit un flop monstrueux. Au départ, c'était un flop. Ensuite, c'est devenu extraordinaire...
Justement, que vous inspire le culte autour du film ?
C'est fantastique. The Rocky Horror Picture Show est programmé dans une centaine de villes aux Etats-Unis chaque semaine. C'est la même chose en Europe : j'ai tourné en Roumanie il y a quelques années et tous les membres de l'équipe avaient une copie pirate du film ! C'est comme un virus ! (Rires) The Rocky Horror Picture Show a eu un impact très fort dans le monde entier, et j'en suis très fier. Il y a une quinzaine d'années, je le vivais plus mal car j'avais peur que ça me colle une étiquette en tant que comédien. Ca n'a pas été le cas. C'est devenu une légende, et ça me plaît beaucoup...
Deuxième grand rôle : Darkness dans "Legend". Une terreur d'enfant pour moi...
(Rires) Je suis un grand fan de Ridley Scott, et de Blade Runner notamment. Je l'avais rencontré quelques années avant Legend, car je devais jouer le rôle de John Hurt dans Alien, le huitième passager. Vous savez, le gars qui a un alien qui lui sort du ventre lors de la scène du repas... Bref, Ridley est non seulement un metteur en scène et un metteur en images extraordinaire, mais c'est également quelqu'un de très ouvert aux propositions de ses collaborateurs. J'ai adoré tourner avec lui, même si le tournage a été difficile... La première fois, il a fallu dix heures pour appliquer le maquillage. A la fin, nous avons réussi à réduire ça à six heures et demi. J'arrivais au studio à 6h00 du matin, et je ne pouvais tourner qu'après le déjeuner ! C'était très éprouvant physiquement, mais une fois que le maquillage et le costume étaient en place, c'était très libérateur. Vous êtes libéré de votre vanité d'acteur, vous devenez vraiment quelqu'un d'autre.
Mon meilleur souvenir -c'est d'ailleurs la première scène que j'ai tourné- reste l'apparition de Darkness, quand il sort du miroir. J'avais cette cape rouge qui flottait derrière moi, au sein de cet immense décor, et Ridley m'a demandé de marcher vers la caméra et de regarder directement dans l'objectif. Et là, il m'a dit "Très bien, c'est comme ça que tu joueras ce personnage". C'est à peu près la seule directive qu'il m'ait donnée ! Il fait confiance à ses acteurs. Et c'était un tel personnage, une telle vision... J'ai adoré. Et puis j'ai adoré mesurer 2m50 ! (Rires)
Troisième personnage marquant : le clown de "Ça". Tous les gens de ma génération ont peur des clowns à cause de vous...
(Rires) Vous avez choisi mes trois films préférés, je dois le dire. Stephen King est un vrai génie à mes yeux : il parvient à instiller ou à ranimer les peurs primales qui sont en nous. Ces choses qui sont dans votre inconscient sans que vous ne le sachiez vraiment. Et je pense que les enfants sont terrifiés par les clowns, justement. Ça est réellement malveillant, et en même temps il reste drôle. Comme Steven Spielberg, Stephen King prend souvent des petites villes de banlieues ou des communautés isolées et y sème la terreur... Leurs héros sont toujours des gens ordinaires qui vont s'améliorer en affrontant l'épreuve qui est mise en travers de leur chemin. Dans ce cas précis, un clown venu de l'espace... C'est un vrai défi d'incarner un tel personnage, mais comme sur Legend, grâce au masque, j'ai été totalement libre. Il y avait une approche très comedia del arte dans ce rôle...
Et aussi une vraie approche de la terreur, car c'est délicat de transformer une "icône" aussi inoffensive que le clown en une créature si terrifiante...
J'ai joué beaucoup de personnages très sombres, et au début de ma carrière j'avais parfois du mal à quitter le rôle à la fin de la journée. Pour que ces personnages soient crédibles, vous devez plonger dans vos propres ténèbres... Ces endroits qui vous terrifient, et dont il est parfois difficile de s'extirper. Aujourd'hui, j'ai moins de mal à quitter le personnage à la fin de la journée, mais avec le clown, c'était difficile. Il avait toutes mes qualités, excepté mon humour.
Dernière question en parlant de clown : j'ai pu lire que vous étiez le second choix de Tim Burton pour camper le Joker dans son "Batman". Info ou intox ?
Vraiment ? C'est possible, vous savez... Nous nous sommes rencontrés avec Tim. A un moment, il devait même réaliser une suite à The Rocky Horror Picture Show. Richard O'Brien avait écrit une suite dans laquelle je devais jouer la mère et l'oncle de Frank-N-Furter. Et peut-être un troisième personnage, je ne me souviens plus... En tout cas, j'étais anxieux à l'idée de faire cette suite, car je ne voulais pas gâcher le succès du premier. Mais quand Tim Burton s'est dit intéressé, j'ai été emballé car c'est un vrai génie. J'adorerais tourner avec lui, et j'aurais adoré incarner le Joker. En même temps, Jack Nicholson étant la star qu'il est, je ne faisais pas le poids ! (Rires) J'aurais adoré jouer ce rôle en tout cas.
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