Romain Duris dévoile une facette méconnue de son personnage. Jusqu'au début du mois de novembre, les dessins érotiques du comédien, jusqu'alors confidentiels, sont en effet exposés à Paris à la Galerie Cinéma, un ouvrage intitulé PULP étant par ailleurs disponible aux Editions Textuel (168 pages, prix de 29 euros). Rencontre lors du vernissage.
Comment vous sentez-vous au moment de dévoiler quelque chose de très personnel au public, qui ne connaît pas forcément cette facette de votre personnalité ?
Le trac est vraiment différent que lorsque tu présentes un travail d'acteur ou que tu vas jouer au théâtre. Il y a un truc plus enfoui, peut-être plus profond. C'est un trac qui, quelque part, est plus dilué... Celui de découvrir le livre, par exemple. Il fallait que toutes nos idées, les envies, soient bien matérialisées et qu'au final, l'objet, physiquement, me plaise, me convienne, que ça reste assez moi-même. Ca, c'était une exigence et j'avais le trac à ce sujet.
L'expo, pareil. J'avais le trac, je voulais qu'au final, l'ensemble soit sincère et honnête par rapport à mes dessins. Le trac était plutôt par rapport à l'exigence que ça me ressemble, que ce soit réussi à ce niveau. Après, du coup, je suis assez tranquille. On aime, on aime pas, y'a pas de soucis, j'ai pas de pression. Je ne pense pas que ce soit comme un film, où il y a un nombre d'entrées qu'on vise, peut-être des problèmes d'argent... Là, je suis assez détendu.
Qu'est-ce que le dessin vous apporte ?
Pour moi, c'est une façon de me retrouver plus au calme. C'est un passage obligatoire, après des films, de me retrouver dans une solitude. Je ne suis pas calme quand je dessine, c'est aussi un autre bordel, mais en tout cas, il est peut-être plus personnel, plus intime, plus moi-même. Ca me rassure. Tant que je passe par ce cap-là et qu'il y a quelque chose qui sort, ça me rassure. Je ne suis pas non plus fait pour enchaîner des films et des films. Quelque part, ça me paume aussi... J'ai besoin de me retrouver les pieds sur terre et le sas du dessin fait partie de ça.
C'est une passion que vous avez depuis très jeune...
J'ai vraiment commencé à dessiner vers 14/15 ans. J'ai eu besoin, adolescent, de créer des images, de parler avec ça. De fabriquer un univers, le mien. Le cinéma est venu plus tard, je pensais même faire du dessin un métier. Et puis le cinéma a pris plus de place. Donc le dessin, c'est moins de temps et de disponibilité, mais c'est toujours resté là, présent.
Comment définiriez-vous le style de vos dessins, où le sexe a une grande importance...
Il y a du sexe, oui, mais c'est un grand mot. C'est assez décalé. Il y a des corps, parce que des corps, c'est très vite captivant à dessiner. C'est très vite identifiable. Il y a un plaisir assez spontané à dessiner un corps. Après, j'ai l'impression qu'il y a quand même de l'humour à chaque fois. J'ai du mal à mettre des mots sur mes dessins, d'ailleurs je n'ai jamais titré quoi que ce soit et, même dans le livre qui est édité, il n'y a pas d'histoire. On se fait notre histoire.
Est-ce que vous vous servez de vos expériences de cinéma comme inspiration pour le dessin ?
Pas du tout, je ne crois pas. Il y a sûrement de l'inconscient qui revient, mais il n'y a pas de vie de personnages qui est rapportée, aucune référence à des films... Mes dessins, c'est plus Romain, c'est plus moi.
Propos recueillis par Clément Cuyer le jeudi 14 septembre à Paris.
Romain Duris - Dessins
Du 15 septembre au 4 novembre 2017
Galerie Cinéma - Anne-Dominique Toussaint
26, rue Saint-Claude - 75003 PARIS
Romain Duris sera à l'affiche de "Tout l'argent du monde", le prochain Ridley Scott, le 27 décembre prochain :