Okja : "Des milliers de films projetés à Cannes ne sortent jamais sur grand écran" selon Tilda Swinton et Bong Joon Ho

La présentation d'Okja est assurément l'événement de ce vendredi 19 mai à Cannes. Pour son casting (Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal, Lily Collins, Steven Yeun de The Walking Dead...) réuni autour du Coréen Bong Joon Ho qui fait ses grands débuts en Compétition, mais aussi parce que le film est au coeur d'un conflit entre la Fédération Nationale des Cinémas Français et Netflix, son diffuseur. Un débat auquel Pedro Almodovar a pris part il y a quelques jours, en annonçant qu'il ne s'imaginait pas remettre la Palme d'Or à une oeuvre qui ne sortirait pas en salles.

"Il est important que le président se sente libre de faire telle ou telle déclaration, et que vous l’écoutiez. Ça fait partie des règles du jeu", a réagi Tilda Swinton pendant la conférence de presse. "Il est évident que cela pose problème parfois de limiter ou coller une étiquette sur des gens invités à participer à la fête. Nous avons une belle opportunité de voir nos films sur ce grand écran à Cannes, ça fait partie du frisson du festival. Mais je pense qu’il y a de la place pour tout le monde."

Et la comédienne de soulever le vrai problème : "Des milliers de films projetés à Cannes ne sortent jamais sur grand écran. Des films ésotériques et très beaux parfois. Netflix a donné à Bong Joon Ho la possibiité que sa vision devienne réalité et j’en suis très reconnaissante." Même son de cloche du côté du cinéaste, qui prend cette "affaire" avec humour, en soulignant à quel point il est content que le président du jury voit son nouveau bébé : "Je suis un grand fan de Pedro Almodovar donc quoiqu’il arrive, je suis content qu’il parle de mon film, en bien comme en mal."

Des milliers de films projetés à Cannes ne sortent jamais sur grand écran

"Netflix a ses propres règles mais dès le début, lors des négociationss, les deux parties ont voulu que le film soit présenté sur grand écran en Corée et dans quelques pays", a-t-il ensuite tenu à préciser pour répondre à son homologue ibérique. Content que le Festival ait choisi son Okja et convaincu qu'un arrangement entre les deux parties peut être trouvé à mi-chemin des positions de chacun, Bong Joon Ho a égalment souligné la liberté totale dont il a bénéficié "du tournage au montage" : "Aucune pression, notamment au sujet de la classification : ils m’ont dit que je pouvais mettre du sang partout si je le voulais."

C'est donc un film conforme à la vision de son auteur que les festivaliers ont pu découvrir ce vendredi dès 8h30, au cours d'une projection mémorable puisque le logo Netflix a été sifflé avant que le long métrage ne débute au mauvais format et ne s'arrête au bout de cinq minutes pour mieux repartir de zéro : "Mais ce sont des problèmes qui arrivent dans les festivals", tempère Bong Joon Ho qui avoue avoir pensé que les incidents techniques étaient dûs au Front de Libération des Animaux d'Okja. "Mais je suis content que ce soit arrivé. Il y a tellement d’informations dans les premières minutes que c’est une bonne nouvelle que vous les ayez vues deux fois."

Le Festival c'est toutefois empressé de présenter ses excuses, alors que des rumeurs de sabotage de la projection ont aussitôt fait surface, et Okja sera officiellement présenté à 19h. Et visible sur Netflix à partir du 28 juin.