Les cheveux blancs, les yeux quasiment transparents, les dents taillées en pointe, un appétit aiguisé pour les yeux d'enfants particuliers (et une scène mémorable de festins de globes oculaires !) : Barron est le grand méchant du nouveau film de Tim Burton, Miss Peregrine, en salles ce tte semaine. Un méchant over-the-top, à la fois grandiloquent et inquiétant, incarné par Samuel L. Jackson que nous avons rencontré à Los Angeles.
AlloCiné : Vous avez conscience que votre personnage va traumatiser une génération d'enfants ?
Je n'y ai pas vraiment pensé en acceptant ce rôle. Je trouvais simplement le personnage intéressant et original. C'est amusant car sur le plateau, je n'ai jamais fait peur aux enfants. Ils n'arrêtaient pas de plaisanter avec moi et de me tourner autour ! Après, c'est vrai que le personnage fait des choses extrêmes. Tout dépend de la situation en fait : parfois c'est son côté humain qui prend le dessus, parfois son côté monstrueux. Tim Burton et moi étions très attentifs à trouver cet équilibre entre les deux, aussi bien au niveau des interactions entre Barron et son cercle qu'entre Barron et les enfants particuliers. Ca va être intéressant de voir la façon dont les spectateurs vont percevoir mon personnage.
Justement ce personnage, comment le présenteriez-vous ?
Tim m'a laissé la liberté de créer ce personnage au sein du cadre qu'il avait défini. Barron est un homme qui essaye de retrouver l'humanité qu'il a perdue dans sa quête d'immortalité. Avec les siens, ils doivent faire en sorte de redevenir les humains qu'ils étaient avant leur transformation en monstres. Barron n'y est pas encore totalement parvenu, mais il a fait une partie du chemin ce qui lui permet d'avoir une apparence humaine et d'apparaître à visage découvert. Il reste du "travail" avant qu'il ne puisse redevenir totalement humain, mais il affiche à nouveau certains traits humains, comme son sens de l'humour par exemple.
Quand Tim m'a fait parvenir les croquis du personnage, cela m'a intrigué. Je trouvais ça vraiment intéressant. J'ai porté les dents en amont du tournage pour m'y habituer et apprendre à articuler avec. Voir un personnage sur papier avant de l'incarner ensuite chaque jour est vraiment utile, car cela vous rappelle la direction dans laquelle vous devez aller. Ils tournaient déjà depuis un moment quand j'ai rejoint le projet, et Tim était donc déjà lancé sur une certaine approche, mais j'ai pu lui montrer comment je voyais le personnage, qui ne devait pas être uniquement effrayant selon moi, mais aussi apporter autre chose.
C'est votre première collaboration avec Tim Burton. Quel cinéaste avez-vous découvert ?
Cette expérience de tournage m'a comblé. La seule personne avec qui je peux comparer Tim Burton, c'est Quentin Tarantino. Ils savent tous les deux ce qu'ils veulent et ils ont une vision totale du projet. Ils vous disent ce qu'ils veulent voir, et vous pouvez ainsi prendre vos marques très facilement au sein de l'espace qu'ils ont créé pour vous, et ensuite apporter de nouvelles choses et faire ce pour quoi vous avez été engagé. Quand j'ai débarqué sur le tournage, Tim m'a laissé la liberté de remplir ce personnage avec des choses qui n'étaient pas forcément sur le papier. Et quand vous faites quelque chose qui lui plaît ou qui le surprend, vous le savez très vite car c'est quelqu'un de très enthousiaste. Et il vous encourage à aller encore plus loin. Vous avez la liberté artistique de l'impressionner lui, au sein de son univers burtonien. Quand vous le voyez applaudir, rire et sauter partout après une prise, vous êtes heureux de l'avoir rendu heureux !