Cela fait déjà 30 ans que Cabourg se transforme en capitale de l'amour à l'écran le temps de son festival des Journées Romantiques. Un festival discret mais non moins passionné qui rassemble au mois de juin les cinéphiles, dans les quatre grandes salles obscures de la ville. Au menu, des films de toutes nationalités exaltant les plus grandes passions, coups de foudre, de sang et autres grands sentiments. Le tout soumis aux émotions d'un Grand jury et d'un Jury jeune exigeant.

Découvrez le réjouissant programme du Festival de Cabourg

A l'ombre des jeunes... cinéphiles en herbe

On parle de films...

Sous les nuages percés par quelques timides rayons de soleil, la cité de Proust a vu une fois encore déambuler les cinéphiles, pressés d'obtenir leurs places de cinéma au centre culturel Bruno Coquatrix et de s'engouffrer dans les navettes menant aux salles de projection. Là-bas, chacun y est allé de son pronostic cinéphile... et sportif. 

... et de foot !

Car oui, en dehors de cette bulle filmique, se joue sur la scène mondiale l'Euro de football dont le coup d'envoi a été donné vendredi soir dernier, en plein festival. "Tu as vu le but de Dimitri Payet hier soir ?" "Non j'étais devant le Grand Hôtel, j'ai croisé Joey Starr et Emmanuelle Béart !" "Ah quand même!" Entre foot et cinéma, romantisme et gagne, compétition brute et douce, ce week-end il a fallu choisir. Ou pas... si l'on en croit la présidente du Jury du festival :

"Ce qui était très joli, c’est qu’on avait beaucoup de cérébraux dans ce jury. A un moment donné, j’ai osé dire qu’il y avait un seul problème avec le festival, c’était sa date, en même temps que le foot et qui plus est le France Roumanie. Et j’ai vu 8 visages s’illuminer « Ah on va regarder alors ? » Tout le jury adore le foot !" (Emmanuelle Béart)

En un mot de... compétition

"Ce n'est pas la première fois qu'on voit à l'écran ce genre d'histoire d'amour mais... c'était si romanesque. Alors on s'est laissé porter encore une fois." (Un spectateur)

Ce samedi 11 juin, la spontanéité de ces spectateurs engagés a couronné du Prix du public A Man called ove, une comédie dramatique suédoise signée Hannes Holm.

Du côté de chez Swann... et autres célébrités

On s'est croisé...

Dehors les cinéphiles, à l'intérieur les stars. C'est sur les terrasses du Grand Hôtel en plein coeur de Cabourg que vous pouvez croiser les membres du jury, les acteurs et réalisateurs des films présentés en compétition et autres célébrités présentes. Une photo avec le séduisant Raphaël Personnaz (venu présenter Dans Les Forêts de Sibérie), une question au mystérieux Jean-Baptiste Maunier (qui a vraiment grandi depuis Les Choristes), un sourire à l'impressionnant JoeyStarr, rien n'est impossible pour le festivalier déterminé.

On a parlé...

Dans les escaliers du prestigieux hôtel, on a aussi pu croiser furtivement Céline Sciamma discrète, Rod Paradot courtisé ou Alice Isaaz vraisemblablement sur le point de faire son jogging. Avant d'interviewer le toujours disponible Pascal Bonitzer venu présenter Tout de suite maintenant non loin de sa fille Agathe ; Marie-José Croze naturelle et sensuelle comme dans son Deux nuits jusqu'au matin ; ou encore Charlotte Le Bon, plus rigolote et enjouée que jamais sous l'oeil de Marie Madinier dans Le Secret des Banquises.

On a joué...

Une fois le palmarès révélé lors de la cérémonie des Swann d'Or (voir notre article dédié), tous se sont retrouvés au dîner du Grand Hôtel, suivi d'une soirée au cours de laquelle on s'est amusé à tester le "roller blaser", une simulation en 3D des montagnes russes. Toujours cette histoire de grandes émotions via le prisme d'un écran peu importe lequel...

Bestimage

Le temps (de l'amour) retrouvé

Cette année, c'est le drame Diamond Island de Davy Chou qui a remporté les faveurs d'un jury uni :

Le festival de Cabourg est un événement sans cirque autour du cinéma, dans lequel les gens se rencontrent. On est un jury avec des personnalités très différentes et pourtant il y a eu une immense douceur dans l’écoute de l’autre. On a eu deux films qui nous ont marqués, il a fallu qu’on tranche. La question ? Est-ce qu’il y a un metteur en scène derrière et est ce que le cœur bat ou pas... (Emmanuelle Béart)

L'un des coeurs battants de cette soirée a été sans conteste celui de la sublime Louise Bourgoin, sacrée héroine romantique de l'année pour son rôle dans Je suis un soldat (présenté l'année dernière à Cannes et sorti en salles en novembre dernier).

Je suis absolument ravie de ce Swann d'Or de la Meilleure actrice parce qu' il met en lumière un film qui a été très peu vu parce qu’il est sorti juste après les attentats, le 18 novembre. Beaucoup de salles étaient fermées et les gens n’avaient pas le cœur d’aller au cinéma. (...) Mon héroïne est romantique dans le sens où elle est en quête d’absolu. Elle essaie de devenir qui elle est mais en est empêchée par des personnages toxiques. C’est quelqu’un qui a envie de s’extraire de son milieu social, qui a envie d’échapper à la pression sociale de la construction d’une vie de famille. Elle est indépendante et solitaire.

Seuls ou accompagnés, amoureux ou blasés, nous avons rencontré tout au long de ce festival les acteurs qui, à l'image de la comédienne, font aujourd'hui le romantisme français. Et qui nous en ont franchement parlé :

Notre Questionnaire Romantique

• LE film qui symbolise le mieux l’amour

Raphael Personnaz : "J’aime la version édulcorée de Love Actually mais pour aller en profondeur, je dirais Scènes de la vie conjugale que je vais bientôt jouer au théâtre, c’est magnifique sur la relation à long terme."

Charlotte Le Bon : "J’aime les films romantiques lorsqu’ils sont singuliers. Mon film culte ce serait Eternal Sunshine of the spotless mind. En revanche les comédies romantiques qu’on voit en France, non je ne suis pas le meilleur public."

Marie-José Croze : "Les Enfants du Paradis, Nikita, Nos plus belles années avec Barbra Streisand. Le couple qu'elle forme avec Robert Redford, j’y crois totalement. J’ai en revanche détesté 9 semaines ½. J’ai trouvé cela stupide, ce strip tease, la pizza, les anchois, ça m’a dégoutée. Je suis plutôt une grande romantique adepte de l'amour impossible."

Louise Bourgoin : "Mes films préférés sont des films romantiques : Comme un torrent de Vincente Minnelli et La Fièvre dans le sang d’Elia Kazan. A chaque fois ça se termine très mal, ça doit se terminer mal..."

Catherine Jacob, héroïne d'Un jour mon prince : "Ma Meilleure ennemie avec Julia Roberts parce qu'il y a des femmes incroyables ET des hommes incroyables. Ce n’est pas le monde enchanté de Oui oui, c’est sans cliché. Nos plus belles années aussi."

Flavia Coste, réalisatrice d'Un Jour mon prince : "Out of Africa pour le désir d'indépendance des héros."

Pascal Bonitzer : "Le film qui m’a le plus marqué qd jétais jeune et qui reste un modèle de film romantique, c'est La Dame de Shanghaï avec le couple Orson Welles/ Rita Hayworth qui était bouleversant. C'est cela le romantisme contemporain selon moi."

D.R.

• Le film que votre partenaire doit aimer s’il (elle) rester votre partenaire

Marie Madinier : "La Secrétaire parce que c'est une histoire de fessée punitive, un film très décalé que j'adore. Très juste. J'aime que les personnages conservent leur traits de caractère et leurs névroses jusqu'à la fin et trouvent leur façon de s'aimer, à eux."

Louise Bourgoin : "Les Nuits de Cabiria de Fellini, si on n’aime pas c’est rédhibitoire."

• Le couple qui incarne le mieux le film romantique

Flavia Coste : "Robert Redford et Meryl Streep dans Out of Africa."

Catherine Jacob : "Robert Redford et Barbara Streisand dans Nos plus belles années."

Charlotte Le Bon : "Le couple Jim Carrey / Kate Winslet dans Eternal Sunshine. C'était en plus la première fois qu’on les voyait dans un tel registre."

Marie Madinier : "Ce sont des acteurs plus que des couples. Cary Grant, Audrey Hepburn, Humphrey Bogart..."

Raphael Personnaz : "L'actrice ce serait Michelle Pfeiffer car elle est à la fois la beauté, l’amour, la sensualité. L'acteur, Dustin Hoffman dans Le Lauréat pour son innocence loin du cliché du bellâtre bien sous tous rapports. Et le couple : Meryl Streep et Clint Eastwood dans Sur la route de Madison."

Louise Bourgoin : "Natalie Wood et Warren Beatty dans La Fièvre dans le sang."

• Le cliché le plus tenace en matière de film romantique

Charlotte Le Bon : "La répétition des mêmes intrigues. La rencontre de deux personnes qui a priori ne s’aimeront jamais mais en fait oui, ils s’aiment. Ils usent de stratagèmes, utilisent quelqu’un dont finalement ils vont tomber amoureux. Ces ingrédients là ne m’intéressent plus, ils sont dépassés même. A 12 ans je voyais déjà ce genre de films."

Raphaël Personnaz : "Dans les comédies romantiques lorsqu’ils ont tous des boulots dans des boites de com' ou de pub. Il y a toujours un Starbucks par loin. Ils ont huit rendez vous d’un coup, leur vie est totalement vide et un jour, ils se disent : « Oh j’aimerais bien être amoureux. » Il va y avoir la succession de scènes en musique, on verra la personne manger un plat de pâtes un peu dégouté devant la télé. Tout ce qui est recette de ce genre, je déteste."

Marie Madinier : "Les scènes d'amour, lorsqu'elles sont éludées, qu'elles s'arrêtent au baiser puis reprennent et qu'on voit les personnages au lit avec le drap posé "là"."

Marie-José Croze : "Je déteste le mièvre des scènes de sexe. Quand les acteurs ne sont pas allés jusqu’au bout, je suis mal à l’aise en tant que spectatrice."

Catherine Jacob : "Je me méfie toujours de la notion de mariage et donc des films qui tournent autour de cela forcément. On peut avoir envie d’être la reine de la soirée mais, si l'on veut cette sensation forte, on peut aussi être acteur et jouer au théâtre tous les soirs. La fidélité aussi me laisse perplexe. Autour de moi, je n’ai aucun exemple de fidélité même les couples improbables dans l’adultère sont adultérins..."

Flavia Coste : "Moi aussi, je suis une grande amoureuse, j’aime l’amour, j’ai aimé passionnément, mais je n’ai jamais rêvé de me marier. Le « pour le meilleur et pour le pire » m’interpelle aussi. Mon film Un jour mon prince est romantique et pourtant rappelle qu’aller à la rencontre de l’autre, c’est accepter de croiser des faux princes charmants pour bien sûr rencontrer de temps en temps, pas toujours, quelqu’un de chouette."

Warner Bros.

• Est-ce difficile de jouer une scène d’amour ? Qu'est ce qu'une scène d'amour réussie ?

Charlotte Le Bon : "Si on est capable de jouer une émotion, on est capable de jouer la sensualité. Du moment qu’on est à l’aise avec notre partenaire et avec la scène, qui doit absolument avoir du sens, c’est bon. Il faut en revanche qu’elle soit cohérente, légitime."

Marie-José Croze : "Ces scènes là personne n'aime les tourner je pense. Pourquoi ? Me concernant lorsque je joue une émotion à l'écran, je la vis réellement, sans tricher. Or dans la scène d'amour, le désir est forcément absent car le tournage est trop mécanique. Tout est cadré, organisé, chorégraphié. Il faut donc simuler, jouer au sens propre et c'est difficile. En revanche il faut vraiment se lancer, sinon on a l’air idiot. Il faut être décomplexé, y aller avec son partenaire, une bonne fois pour toutes. Ce qui est dur c’est lorsqu’on est très amis. Dans Deux nuits jusqu'au matin, j'étais peu liée à mon partenaire et du coup ça a marché. Pour Un Balcon sur la mer, Nicole nous avait fait tourner notre scène d’amour avec Jean Dujardin dès la première journée de tournage, avant qu’on se connaisse bien. Paradoxalement le fait de ne pas se connaître, ça aide à ne pas se soucier de ce que l'on renvoit, de ce qu’on a à construire. En matière de sexualité c’est le paradoxe."

Raphael Personnaz : "Je déteste tourner ces scènes car elles sont trop mécaniques. Parce que par pudeur et c’est très gentil, les réalisateurs ne vont pas brusquer les acteurs, ne pas vouloir aborder les choses « de face » si je puis dire. En n’en parlant pas sereinement, ils passent à côté. Les réalisateurs sont soit trop gênés, soit trop fascinés par ça. Il y avait Intimité de Chéreau que je trouvais incroyable pour ses scènes d’amour. Si on arrive à faire dégager une certaine sensualité à l’écran sans que ce soit trop explicatif ni trop timide, c’est idéal. Comme dans la vie d'ailleurs !"

Marie Madinier : "Les scènes d’amour sont très difficiles à tourner, à réussir. C'est aussi pour cela que j'ai décidé dans Le Secret des Banquises de décaler la séquence d’étreinte et d’en faire quelque chose de drôle et de graphique, une séquence qu'on n'oublie pas. Quelque chose de mystérieux, drôle, osé, sans être scabreux."

• La scène de film que vous aimeriez vivre dans la vraie vie

Marie Madinier : "Dans Indiana Jones et la dernière croisade, quand il lui dit qu'il a mal là là et là et qu'elle l'embrasse à chaque fois aux endroits indiqués pour terminer sur la bouche."

Marie José Croze : "La scène des gnocchis dans Le Parrain, hautement érotique. Ou la scène sur le capot d'une voiture dans Sailor et Lula, lorsqu'il chante enfin Love me tender..."

Raphael Personnaz : "Dans Sur la Route de Madison, la scène sous la pluie dans la voiture. C’est ce film le plus beau film d’amour en fait."

D.R.

• Le Festival de Cabourg fête 30 ans d’amour. Qu’est ce qui a changé entre hier et aujourd’hui en la matière ?

Charlotte Le Bon : "La rencontre par exemple a changé avec le téléphone portable : j’ai eu des fréquentations avec lesquelles je m’entendais bien par texto et pas du tout en vrai. Un échange parfait par téléphone et pas de longueur d’onde commune en face à face. Un langage différent. C’est terrible ça."

Pascal Bonitzer : "Il y a une recherche du contact immédiat aujourd'hui, dans la relation amoureuse, que suggère mon titre Tout de suite maintenant. Un besoin de rapidité dans les échanges, favorisés par internet, les réseaux sociaux. Des échanges qui s’accèlèrent aussi bien dans les affaires que dans le monde sentimental."

Marie-José Croze : "J’aime les correspondances amoureuses, l’amour à l’ancienne.  Je ne suis pas du tout adaptée à l'évolution des rencontres via Tinder ou autres. Je suis une vieille dame !"

Découvrez la bande annonce du film romantique plébiscité par les stars françaises du Festival de Cabourg: