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    Palmarès Cannes 2015 : Audiard palmé, les Français en force, un Fils de Saül remarqué... que retenir ?

    Enfin palmé grâce à "Dheepan", Jacques Audiard est le grand vainqueur de ce 68ème Festival de Cannes, où la France a fait fort. Voici ce qu'il faut retenir de ce palmarès 2015.

    JACOVIDES-BORDE-MOREAU / BESTIMAGE

    Jacques Audiard : enfin !

    "Je remercie Michael Haneke de ne pas avoir fait de film cette année" : depuis l'annonce de la sélection, la blague revenait souvent, y compris au sein de cette rédaction. 2015 ne pouvait en effet qu'être l'année de Jacques Audiard, lui qui avait échoué 2 fois de suite face au cinéaste autrichien, palmé que son homologue français repartait avec un Grand Prix du Jury (Un prophète) puis rien du tout (De rouille et d'os).

    Il faut donc croire que le réalisateur aux 9 César était lui aussi conscient que l'absence de sa némésis, conjuguée aux très bons retours de la presse sur Dheepan, pouvait jouer en sa faveur et c'est bien son nom que les frères Coen ont cité au moment de remettre la très convoitée Palme d'Or. La première de sa carrière en quatre participations. Et ce même si Jacques Audiard a avoué en conférence de presse que son nouveau film, en salles le 26 août, serait quelque peu retouché car terminé il y a huit jours seulement. A moins que ce prix ne le fasse changer d'avis.

    Cocorico puissance trois

    Avant que Jacques Audiard ne vienne offrir à la France une nouvelle Palme d'Or, 2 ans après celle reçue par La Vie d'Adèle, le cinéma hexagonal s'était doublement illustré sur le plan de l'interprétation. Déjà passée par le Théâtre Lumière avec sa Tête haute, film d'ouverture de cette 68ème édition, Emmanuelle Bercot s'est vue remettre le Prix d'Interprétation Féminine pour Mon roi, ex-aequo avec Rooney Mara (Carol).

    La vie peut aller au-delà de nos rêves

    En plus de remercier les organisateurs du Festival pour la folle quinzaine qu'elle vient de vivre, l'actrice et réalisatrice n'a pas manqué de saluer son partenaire Vincent Cassel ("Mon roi, c'est toi et moi"), ni de souligner l'audace de Maïwenn de "mettre au premier plan une actrice pas connue de 46 ans." Le tout avant de résumer l'émotion qui l'étreignait avec un très beau "la vie peut aller au-delà de nos rêves."

    Une émotion que l'on a ensuite retrouvée, très vive, dans la voix de Vincent Lindon : nommé à 5 reprises aux César, et présent autant de fois en Compétition à Cannes, il n'avait jamais reçu de prix, comme il l'a lui-même rappelé*. 2015 sera donc à marquer d'une pierre blanche dans la carrière de celui qui s'est vite imposé comme LE favori du Prix d'Interprétation Masculine depuis la présentation de La Loi du marché en début de semaine.

    ==> Les frères Coen ont donc confirmé qu'il était le meilleur acteur français

    "C'est mon metteur en scène. Il est à moi. Je vous le prêterai, mais il est à moi" : le hasard a donc voulu que Vincent Lindon remporte ce trophée grâce à Stéphane Brizé, qui l'a déjà dirigé à 3 reprises. Et à en croire l'acteur, cette collaboration n'est pas prête de s'arrêter. Surtout après ce film qui les aura fait passer du (fou) rire aux larmes.

    Avec ces 2 récompenses, la France confirme donc qu'elle est plus douée pour les Prix d'Interprétation cannois que pour l'Eurovision : depuis la création du Festival, 30 comédiens hexagonaux ont reçu cette récompense (14 hommes et 16 femmes), dont 13 depuis le début des années 2000, en incluant le quintet d'Indigènes, sacré en 2006.

    * Vincent Lindon avait quand même reçu le Prix Jean Gabin (ex-Prix Patrick Dewaere) en 1989

    Coup d'essai...

    ... et presque coup de maître pour Laszlo Nemès. Alors que son maître Bela Tarr n'a jamais rien reçu sur la Croisette, le cinéaste hongrois en repart primé pour son premier long métrage : le percutant Fils de Saül dont beaucoup faisaient LE favori pour la Caméra d'Or, voire pour la Palme. Au final, le metteur en scène n'a gagné "que" le Grand Prix du Jury, et la satisfaction d'avoir signé l'un des moments forts de cette Compétition, lui qui n'a pas voulu "faire un film beau" comme il l'avait déclaré à notre micro.

    Cette plongée dans le camp d'Auschwitz sortira en novembre 2015 :

    La belle histoire cannoise

    Si Laszlo Nemès vient de débuter une possible romance avec Cannes, l'histoire d'amour se poursuit pour d'autres réalisateurs. 3 pour être précis : grand gagnant d'Un Certain Regard grâce à Canine en 2009, Yorgos Lanthimos a cette fois-ci remporté le Prix du Jury pour son Lobster, à la fois complètement barré et glaçant.

    Un destin similaire à celui du Mexicain Michel Franco : lui aussi récompensé à Un Certain Regard (en 2012 avec Después de Lucia), il s'est vu remettre le Prix du Scénario pour Chronic, drame né d'une histoire personnelle et dans lequel il dirige Tim Roth. Un projet qui est d'ailleurs né dans le Sud de la France il y a 3 ans, puisque c'est l'acteur de Reservoir Dogs, alors président d'Un Certain Regard, qui lui avait remis le prix, et ainsi ouvert la porte à une collaboration. Et à cette interview donnée en duo.

    Pour le dernier trophée cannois d'Hou Hsiao-Hsien, il faut remonter un peu plus loin dans le temps. Si son précédent passage sur la Croisette date de la présentation du Voyage du ballon rouge à Un Certain Regard en 2007, cet habitué du Festival n'y avait plus rien reçu depuis son Prix du Jury pour Le Maître de marionnettes en 1993. C'est cette fois-ci celui de la Mise en Scène que les frères Coen lui ont remis pour un film d'arts martiaux, The Assassin, marqué par une production houleuse et un tournage à rallonge. Tout est bien qui finit bien donc.

    On les attendait au palmarès

    Avec 7 prix pour 19 candidats, il y a forcément des déçus. Y compris chez ceux qui faisaient office de favoris : c'est notamment le cas de Cate Blanchett, en tête des pronostics pour le Prix d'Interprétation depuis la présentation de Carol (également évoqué pour la Palme), que ce soit avec ou sans Rooney Mara. Au final, et à la surprise quasi-générale, sa partenaire a partagé la récompense avec... Emmanuelle Bercot, empêchant ainsi l'Australienne de succéder à Julianne Moore dans la catégorie. Mais nul doute qu'elle se ratrapera avec les Oscars, pour lesquels son nom circule déjà avec insistance, grâce à ce rôle préparé en... lisant des livres érotiques.

    N'y voyez en tout cas pas une "Vie d'Adèle" bis :

    Autres favoris repartis bredouilles : les Italiens. Surtout Nanni Moretti et Paolo Sorrentino, souvent cités pour la Palme avec Mia Madre et Youth, alors que le Tale of Tales de Matteo Garrone a vite paru hors-course pour quelque récompense que ce soit. Une mésaventure que les Français avaient justement connue en 2012 lorsque les 3 représentants, Jacques Audiard en tête, n'avaient absolument rien eu. Grâce aux Coen, le cinéaste a pris sa revanche puisque le président du jury, cette année-là, était un certain Nanni Moretti.

    On notera enfin que, pour la quatrième année consécutive, le film de la Compétition interprété par Marion Cotillard ne remporte aucun prix, puisque Macbeth n'est pas plus au palmarès que ne l'ont été De rouille et d'os, The Immigrant et Deux jours, une nuit auparavant. Quand ça ne veut pas...

    C'est donc ainsi, et sur cette victoire de Dheepan, que s'achève le 68ème Festival de Cannes. Il va maintenant vous falloir patienter quelques mois avant de découvrir ces lauréats qui ont en salles, et encore plus avant.

    ==> Mais notez déjà les dates de sorties des films cannois

    Vous pensez que la Palme a été remise à un film de genre ? Détrompez-vous !

    Emmanuelle Bercot, Jacques Audiard et Vincent Lindon

    Kalieaswari Srinivasan, Jacques Audiard et Antonythasan Jesuthasan

    L'équipe de la Palme Dheepan

    Jacques Audiard et Antonythasan Jesuthasan

    Jacques Audiard, Palme d'or pour Dheepan

    Vincent Lindon

    Emmanuelle Bercot et Maiwenn

    Emmanuelle Bercot, prix d'interprétation ex-aecquo pour Mon Roi, réalisé par Maiwenn

    Emmanuelle Bercot

    Todd Haynes

    Todd Haynes venu chercher le Prix d'interprétation féminine de Rooney Mara pour Carol ex-aequo avec Emmanuelle Bercot pour Mon Roi

    Michel Franco

    Le Prix du scénario : Michel Franco pour Chronic

    Laszlo Nemes

    Le Grand Prix : Le Fils de Saül de László Nemes

    Cesar Augusto Acevedo et Sabine Azéma

    Le lauréat de la Caméra d'or : La Tierra y la Sombra de César Augusto Acevedo, avec Sabine Azéma, présidente du jury de la Caméra d'or

    Vincent Lindon dans les bras de Stéphane Brizé

    Vincent Lindon

    Vincent Lindon, prix d'interprétation pour La Loi du marché

    Vincent Lindon

    Vincent Lindon juste après avoir remercié un à un les membres du jury

    Emmanuelle Bercot dans les bras de Tahar Rahim

    Laszlo Nemes face à Mads Mikkelsen

    Le Grand Prix : Le Fils de Saül de László Nemes

    Hou Hsiao Hsien et Valeria Golino

    Le Prix de la mise en scène : Hou Hsiao-Hsien pour The Assassin

    Laetitia Casta et Yorgos Lanthimos

    Le Prix du Jury : The Lobster de Yorgos Lanthimos

    Agnès Varda et Jane Birkin

    Agnès Varda, Palme d'honneur, avec Jane Birkin

    L'équipe de la Palme d'or du court métrage avec Abderrahmane Sissako

    La Palme d'or du court métrage : Waves '98 d'Ely Dagher

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