Avec Paul Mescal, Frankie Corio, Celia Rowlson-Hall...
De quoi ça parle ? Avec mélancolie, Sophie se remémore les vacances d’été passées avec son père vingt ans auparavant : les moments de joie partagée, leur complicité, parfois leurs désaccords. Elle repense aussi à ce qui planait au-dessus de ces instants si précieux : la sourde et invisible menace d’un bonheur finissant. Elle tente alors de chercher parmi ces souvenirs des réponses à la question qui l’obsède depuis tant d’années : qui était réellement cet homme qu’elle a le sentiment de ne pas connaître ?
Paul Mescal nommé aux Oscars
Le comédien a été envisagé très tôt pour le rôle de Calum. Au départ, il n’était pas disponible mais il a finalement pu lire le scénario et s'entretenir avec la réalisatrice : "Paul a de suite eu de l’empathie pour Calum. Je trouvais sa performance dans la série Normal People très émouvante et accomplie. C’est drôle parce que depuis, beaucoup de gens font des parallèles entre ces deux personnages sur des détails auxquels je n’avais pas pensé."
Un projet de longue date
Charlotte Wells a commencé à travailler sur Aftersun quand elle était en école de cinéma. À cette époque, elle voyait en cours des films comme Alice dans les villes et La Barbe à papa, qui parlent d'enfance et de la relation père-fille : "j’avais une vision très conventionnelle de mon film, de sa structure, de son intrigue, dans le sens où la relation était la source principale de tension."
Elle a continué à travailler sur le film tout en réalisant des courts-métrages. Des années plus tard, elle a écrit le film très rapidement, en dix jours : "Je n’avais pas prévu la tournure qu’il prendrait. J’ai passé tant d’années à décrire mes propres souvenirs, à apprendre pourquoi il m’était si nécessaire de faire ce film, à me poser des questions sur ma relation avec mon père, sur cette période de ma vie que je n’avais jamais osée interroger avant... Ce film est devenu de plus en plus personnel."
Première fois
Aftersun est le premier long-métrage de Charlotte Wells. C'est l’expérience d’aller au cinéma, à la fois comme expérience personnelle et sociale, qui lui a donné envie de faire des films, plus que la découverte d'un film en particulier. "En revanche, quand je suis entrée à l’école de cinéma, en cursus de production, ça m’a beaucoup intéressée intellectuellement. À cette époque, j’ai beaucoup vu de cinéastes femmes comme Claire Denis, Kelly Reichardt. Je ne regardais pas spécialement ces films parce que c’était des films de femmes mais en y repensant je pense qu’il y avait quelque chose de très inspirant à observer leur travail."
Une photographie marquante
Pendant la préparation, la réalisatrice a cherché dans des albums de famille et a trouvé une photo d'elle et son père dans le sud de l’Espagne, où ils étaient partis en vacances quand elle avait environ 5 ans.
"Il y avait une très belle femme derrière moi. Je me suis demandé alors qu’aurait pu être le vrai sujet de cette photo. Au départ, c’était l’histoire d’un père et de sa fille en vacances et de comment le père trouvait l’équilibre entre le fait d’être père et jeune homme en même temps. Mais cela a beaucoup évolué. C’est au final devenu une quête des souvenirs, une recherche sur notre implication à chercher des réponses dans le passé qu’on ne trouvera peut-être jamais", explique-t-elle.
Frankie Corio
Frankie Corio, qui joue Sophie, a été trouvée après un long casting et parmi près de 800 enfants. Elle avait envoyé plusieurs vidéos mais c'est en rencontrant Charlotte Wells qu'elle s'est démarquée.
La réalisatrice se souvient : "Elle parvenait instantanément à dégager une émotion qu’elle ne ressentait pas et elle avait le pouvoir de tout faire disparaître une fois l’exercice terminé. Elle était pleine d’énergie et ouverte à cette aventure. C’était important pour moi qu’elle ressemble à une enfant, je ne voulais pas d’une fille de 11 ans qui semblait déjà être adulte mais quelqu’un d’encore un peu maladroit et très enfantin."