Avec Laure Calamy, Olivia Côte, Kristin Scott Thomas...
De quoi ça parle ? Adolescentes, Blandine et Magalie étaient inséparables. Les années ont passé et elles se sont perdues de vue. Alors que leurs chemins se croisent de nouveau, elles décident de faire ensemble le voyage dont elles ont toujours rêvé. Direction la Grèce, son soleil, ses îles mais aussi ses galères car les deux anciennes meilleures amies ont désormais une approche très différente des vacances… et de la vie !
Mafieuse sans pitié dans "Only God Forgives"
Marc Fitoussi a adoré Kristin Scott Thomas en mère mafieuse de Ryan Gosling dans le violent Only God Forgives (2013) de Nicolas Winding Refn. Le cinéaste a ainsi su qu'elle allait être capable de se métamorphoser pour incarner Bijou, "un personnage important, à la fois horripilant au premier abord, cassant, et même assez infect avec son compagnon", précise-t-il, en poursuivant :
"Mais c’est aussi un trait d’union entre Blandine et Magalie. C’est grâce à Bijou, qui craint d’être atteinte d’une récidive de son cancer du sein que Blandine peut commencer à relativiser ses propres souffrances. Et c’est encore Bijou qui la renseigne sur le passé de Magalie. J’aurais détesté que ce soit Laure qui le dévoile. On serait tombé dans le pathos, or la pudeur tient une grande place dans leur histoire."
"Leur réconciliation ne pouvait pas passer par cette confession ; par une relecture des événements, oui. Dire les choses, c’est toujours ma crainte quand j’écris. Dissimuler, amorcer des pistes, j’adore... La clé est toujours dans ce qu’on ne sait pas."
Une comédie optimiste et ensoleillée
Après Maman a tort, une comédie dramatique hivernale et plutôt désenchantée sortie en 2016, Marc Fitoussi a eu envie d’écrire une comédie optimiste et ensoleillée. Le souvenir d’amitiés nouées lorsqu'il était plus jeune s’est alors rapidement imposé :
"On est tous tenté de retrouver ses copains de jeunesse. On pense qu’on va rire comme on le faisait, que l’on va rompre la monotonie de nos vies d’adulte. Personnellement, j’ai toujours trouvé que la mode qui consiste à forcer ces retrouvailles via des sites dédiés était un leurre."
"Comme je suis un tout petit peu cruel dans ce que j’aime raconter, ma première idée a donc été de faire se revoir deux femmes, ex-meilleures amies trente ans auparavant, et dont les retrouvailles virent au naufrage. Évidemment, l’histoire s’est un peu complexifiée..."
"Je pars toujours d’événements très simples, presque anodins mais, même en me lançant dans un projet de pure comédie, je ne peux pas m’empêcher d’être un peu grave et un peu sérieux par endroits... Je fais cela l’air de rien ; jamais frontalement", confie le réalisateur.
Fans du "Grand Bleu" !
Marc Fitoussi fait revivre à ses héroïnes leur passion de jeunesse pour Le Grand Bleu en allant visiter Amorgos, où Luc Besson a tourné une partie de son film : "J’avais quatorze ans à la sortie du Grand bleu et j’avais trouvé le film plutôt long et ennuyeux."
"Mais, quelque temps avant de me lancer dans l’écriture, il se trouve que j’ai fait un séjour dans les Cyclades. Je fais escale à Amorgos et là, je découvre que cette île est entièrement dédiée au film de Luc Besson. Super dépaysement !", raconte le metteur en scène, en poursuivant :
"Les tavernes en diffusent des images sur grand écran, la musique d’Eric Serra est dans tous les hôtels, jusqu’au café du port rebaptisé du nom du film. Que le phénomène perdure ainsi au-delà de ma génération m’a stupéfié. Il fallait en faire quelque chose."
Tournage difficile
Le tournage s'est avéré compliqué à cause de la logistique (l'équipe devait régulièrement passer d’une île à l’autre) et du climat (la présence de vents terribles, notamment dans la partie Kerinos, lorsque Blandine et Magalie traînent leurs valises sur la route avant d’être prises en stop) :
"Mon ingénieur du son et son indispensable perchman, Thomas Berliner, ont dû se battre comme des lions pour obtenir un son direct convenable. La perche se baladait, les micros se décollaient, c’était un enfer. Parfois, il fallait aussi tourner vite", se remémore Marc Fitoussi, en ajoutant :
"Comme cette séquence de dispute où elles vont rejoindre les surfeurs avant que Laure ne chante Words de F-R David au ukulélé : on devait ensuite changer d’île et tout le matériel devait partir par ferry à vingt-trois heures pétantes. Cette course contre la montre créait forcément du stress."
Références cinématographiques prestigieuses
En amont du tournage, Marc Fitoussi a revu des films de duos au féminin comme Thelma et Louise et Dangereuse sous tous rapports. Il se rappelle : "Au final, je lui fais un hommage discret en faisant porter à Laure le genre de bracelets africains que porte Melanie Griffith dans le film."
"J’ai aussi revu Sideways d’Alexander Payne, à cause du duo dissonant formé par Paul Giamatti et Thomas Haden Church et On a volé la cuisse de Jupiter de Philippe de Broca parce que je n’aurais peut-être pas tourné ce film en Grèce sans ce film que j’adorais voir et revoir quand j’étais enfant."
"Enfin, j’ai revu des films sur la sororité, dont Tout ce qui brille et, dans un registre plus grave, Quatre mois, trois semaines, deux jours de Cristian Mungiu. Mais, au fond, je me rends compte, que comme à chaque fois, je ne tire pas grand-chose de ces recherches."