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L'arrivée sur le projet
Tom Hanks : J'étais en train de tourner la première moitié de Seul au monde. C'est alors que Steven Spielberg est venu me voir sur le plateau et m'a tendu un livre, en me disant : "J'ai trouvé ton prochain film". C'était la bande dessinée, Les Sentiers de la perdition. Je n'arrivais pas à le lire car j'avais l'impression d'être un personnage de Fahrenheit 451 ; c'est-à-dire, qu'il y avait beaucoup trop de grandes images et très peu de dialogue. Je ne savais pas quoi en penser. Or, je savais qu'il y aurait très vite un scénario inspiré de celle-ci. Puis, environ un an et demi plus tard, j'ai en effet reçu le scénario de David Self. J'avais déjà discuté avec notre ami Walter Parkes, producteur exécutif chez Dreamworks. Je lui avais dit : "Je ne sais pas qui va réaliser ce film. Mais, je serais très intéressé par ce projet si vous m'envisagiez dans le rôle de Michael Sullivan". Peu de temps après, Sam a rejoint l'équipe, ce à quoi je me suis écrié : "Mais, ce n'était pas Steven qui était sensé réaliser ce film ? Cela me paraissait logique..." Je plaisante... ! (rires) Quant à ce que va donner ce film, cela reste à voir...
Avec "American beauty", deux histoires de famille
Sam Mendes : Ce qui me plaît dans ces deux films, c'est qu'ils racontent une histoire de famille toute simple, tout en y ajoutant une sorte de poids, de résonance mythique. Et, cela est tout à fait faisable en Amérique car c'est un pays de mythes, pour le meilleur et pour le pire. Mais, cela reste tout de même une histoire de famille. Il y a des ressemblances entre les deux films. Le personnage principal dans chacun des deux possède une moralité ambivalente. Je voulais que les spectateurs n'arrivent pas à distinguer clairement si ce que faisaient les personnages était bien ou mal, noir ou blanc, mais plutôt qu'ils perçoivent davantage des nuances de gris. La perception du bien et du mal varie d'un spectateur à l'autre. Autrement dit, le film ne porte aucun jugement sur le comportement de ces personnages. Du moins, je l'espère. Une grande partie du film est raconté à travers les yeux d'un enfant. Le point de vue de l'enfant, de la jeune génération, est très important dans les deux films, tout comme le fait que les adultes aient quelque chose à apprendre des jeunes. Dans Les Sentiers de la perdition, nous voyons un homme redevenir humain grâce à son fils, alors, qu'au départ, ce n'était le chemin qu'il suivait. Voilà donc des aspects qui m'intéressaient tout particulièrement.
Un rôle à contre-emploi ?
Tom Hanks : Je ne sais pas à quel genre j'appartiens. Je suis le genre d'homme qui incarne des gardiens de pénitencier, des capitaines lors du jour J, qui s'envolent pour la Lune... J'espère que je pourrais regarder ma carrière et voir qu'il y a des hommes qui me ressemblent et qui font la même chose que moi dans ces films. Je suis conscient qu'il s'agit d'un film de gangsters. Mais, en général, quand je regarde un film, peu importe son genre, que ce soit un drame ou une comédie, je vois quelqu'un qui me ressemble et qui se trouve face à un dilemme auquel il n'était pas préparé.
Filmer la violence
Sam Mendes : La première chose sur laquelle je me suis penchée est sur le fait qu'il y a beaucoup de violence dans ce film. Je ne voulais pas qu'il se concentre sur la violence, mais plutôt qu'il montre l'effet qu'un acte de violence peut avoir sur les gens qui le regardent et sur les gens qui le commettent. Le sujet de ce film n'est pas l'acte de violence en soi, contrairement à la bande dessinée. Cette dernière est bien plus violente : il y a trente à quarante victimes. Certes, il y a aussi pas mal de morts dans le film, mais chaque victime est un personnage à part entière avec une personnalité bien à lui.
Propos traduits par Camille Joubert