"Je trouve formidable que des candidats à l'élection présidentielle répondent à l'invitation du Festival de Paris", a lancé ce dimanche 7 avril Isabelle Adjani. L'actrice, présidente d'honneur du Festival, a ouvert, au Cinéma des Cinéastes, le colloque "Les créateurs questionnent les politiques". Quatre candidats ont répondu à l'appel : Lionel Jospin, François Bayrou, Robert Hue et Jean-Pierre Chevènement.
Le premier était quelque peu avantagé puisqu'il a obtenu davantage de temps de parole et était interrogé notamment par Jean-Michel Ribes (SACD) et Pierre Santini (ADAMI), tous les deux membres de son comité de soutien. Très organisée, son équipe de campagne avait prévu pour les journalistes une copie-papier de son programme en sept points, déjà présenté au Théâtre Edouard VII le 24 mars dernier. Sur le fond, le programme des quatre candidats présents ne comporte pas de différences fondamentales. Une tendance qui se retrouve dans les propositions de Jacques Chirac, énoncées le lendemain matin au Théâtre du Palais Royal.
Garder le système d'aide au cinéma
Concernant plus particulièrement le cinéma, les cinq candidats sont favorables au maintien et à l'extension des mécanismes d'aide : taxe sur le ticket d'entrée et financement par les chaînes de télévision. "C'est un système à défendre et à étendre", explique François Bayrou. Lionel Jospin veut "conforter les mécanismes qui ont permis au cinéma français de se développer alors que d'autres cinématographies européennes déclinaient". Quant à Jacques Chirac, il s'engage "à conforter notre système d'aide au cinéma qui contribue, avec le succès que l'on sait, à sa vitalité et à son rayonnement".
L'exception culturelle
Inquiète face aux conséquences que pourrait avoir sur le cinéma la fusion Vivendi-Universal, Coline Serreau, présidente de l'ARP (Société des Auteurs Réalisateurs Producteurs), a demandé dimanche au Cinéma des cinéastes l'inscription de l'exception culturelle dans la Constitution française et la Constitution européenne à venir "Il faut que toute l'Europe ait les mêmes systèmes d'aide à la création que nous. C'est un point vital pour l'ARP". Les quatre candidats présents se sont montrés favorables à l'inscription dans la Constitution française. Robert Hue et Jean-Pierre Chevènement, tous les deux eurosceptiques, ont émis une réserve quant à l'inscription dans une prochaine Constitution européenne, puisqu'ils sont contre sa création.
Lionel Jospin promet de s'employer "à maintenir la culture hors des négociations commerciales internationales, à gagner un maximum de pays à la cause de l'exception et de la diversité culturelles et de proposer de négocier une convention universelle sur la diversité des cultures". Jacques Chirac souhaite que la France joue "un rôle moteur pour que l'Europe s'implique dans la régulation des industries culturelles, afin d'éviter la formation de monopoles, et permette aux industries de programme d'affronter la mondialisation". Pour François Bayrou, confiant, "il ne faut pas avoir peur. Il suffit d'appliquer les lois existantes et que les autorités de régulation fassent leur travail".
Démocratisation de l'accès à la culture
La démocratisation de l'accès à la culture est un point que tous les candidats évoquent, notamment à travers l'enseignement de l'histoire de l'Art dans les écoles et la baisse de la TVA sur les CD et DVD. Lionel Jospin propose également que le réseau des salles classées "Art & Essai" soit protégé et étendu.
Enfin, Jean-Pierre Chevènement souhaite "dépasser le 1 % du budget à la Culture". Lionel Jospin souhaite "amplifier l'effort budgétaire" (qui était passé à 1 % du budget total en 1997). Quant à Jacques Chirac, il veut le "sanctuariser" pour qu'il cesse d'être "la variable d'ajustement".
Marie-Claude Harrer