Polémique autour du film Un homme d'exception. A moins d'une semaine des Oscars, le long métrage de Ron Howard, basé sur la vie du mathématicien John Forbes Nash Jr., se trouve sous les feux du scandale. De nombreuses publications reprochent au film d'avoir fait l'impasse sur les tendances homosexuelles du héros, mais également sur le fait qu'il ait été l'auteur de propos antisémites.
Russell Crowe monte au créneau
Les dirigeants d'Universal ont immédiatement réagi à ces allégations par le biais de leur présidente Stacey Snider. "Nous n'avons jamais cherché à enjoliver sa vie, mais je ne crois pas que ce soit une fausse interprétation que de se concentrer sur les faits qui cherchent à saisir l'essence de sa vie", a-t-elle ainsi déclaré au sujet de John Forbes Nash Jr. Stacey Snider s'en est également vivement pris au fait d'attaquer un homme atteint de schizophrénie. "Je n'ai jamais rencontré John Nash, mais un homme de 73 ans qui a traversé l'enfer et a accepté de nous confier sa vie ne devrait pas avoir à affronter ce genre d'attaque". Pour Russell Crowe, qui incarne John Forbes Nash Jr. à l'écran, "citer les paroles que Nash prononçait alors qu'il était hospitalisé et complètement sous l'emprise de sa schizophrénie est plus qu'irresponsable".
John Nash s'explique
Ce dimanche 17 mars, c'est John Nash lui-même qui a tenu à nier tout antisémitisme de sa part lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision CBS. "J'ai eu des idées étranges à certains moments, explique-t-il. C'est vraiment mon inconscient qui parle, c'était vraiment ça, je le sais maintenant". Face à des accusations d'abandon d'enfant (d'un fils né lors d'une ancienne liaison), il a également déclaré être désormais proche de ce dernier, John Stier, lui versant même une part des royalties touchées sur le film. Quant à sa femme Alicia, elle a tenu à démentir l'homosexualité de son mari.
Ron Howard : une campagne mal intentionnée
Après l'altercation entre Russell Crowe et le réalisateur des BAFTA à la fin du mois de février (voir nos articles et ), cette "publicité" tombe au plus mal pour Un homme d'exception, nominé dans huit catégories et favori des Oscars qui se tiendront le 24 mars. Si les réactions des membres d'Universal et de Russell Crowe témoignent de l'inquiétude des studios concernant le sort de leur poulain à l'aube de la traditionnelle grand-messe d'Hollywood, le réalisateur Ron Howard n'hésite pas à parler de campagne mal intentionnée, destinée à jeter l'opprobre sur son film et à le priver d'éventuelles statuettes : "Je sais que le studio est ulcéré à ce sujet et je ne le blâme pas d'après ce que j'en sais. Tenter de miner la crédibilité d'un concurrent, c'est une honte, c'est tragique".
Clément Cuyer avec AFP et AP