L'AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne) n'a pas obtenu gain de cause. L'association ultra-catholique demandait l'interdiction de l'affiche d'Amen. qui sort en France le 27 février et qui représente une croix catholique prolongée d'une croix gammée. Le Tribunal de grand instance de Paris, suivant l'avis du Parquet, a rejeté, ce jeudi 21 février, cette demande. (Voir notre article "Amen." : le Parquet se prononce)
Le président du tribunal a justifié son choix en donnant sa propre analyse de la croix hybride. Pour lui, "l'affiche ne représente pas une croix catholique prolongée d'une croix gammée" expliquant que l'amalgame entre les deux croix n'est nullement évident, la croix gammée étant incomplète. "Une lecture ouverte de l'affiche permet d'y découvrir une volonté de briser la croix nazie, symbole du totalitarisme, et de replanter en terre, comme pour la réhumaniser, la croix que continue de porter toute une communauté. Seule une lecture fermée du message (...) peut donner à voir l'amalgame dénoncé entre la chrétienté et le nazisme".
De vives réactions
L'affiche, conçue par le photographe Oliveiro Toscani, avait provoqué de vives réactions, notamment au Festival Berlin où le film était présenté en compétition. Le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, le président de la conférence des évêques de France Mgr Jean-Pierre Ricard mais aussi des personnalités juives, dont Henri Hajdenberg, ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) ou encore René-Samuel Sirat, ancien Grand rabbin de France l'avaient critiquée.
"Dans mon esprit, l'affiche d'Amen. n'a aucun caractère provoquant (...) L'affiche correspond au problème posé par le film et traité aussi par de nombreux historiens : celui de la responsabilité du Vatican du fait de sa passivité lors du génocide des juifs et des tziganes par les nazis", avait affirmé Costa-Gavras.
Marie-Claude Harrer avec AFP