Le dernier long métrage de Ridley Scott provoque des remous en Somalie, où des copies piratées sont actuellement projetées à Mogadiscio. La Chute du faucon noir, qui revient sur l'intervention américaine dans ce pays en 1993, a en effet été mal perçu par l'un des plus importants chefs de guerre somaliens. Osman Hassan Ali "Atto", l'un des responsables de l'Alliance nationale somalienne (SNA), celle-là même qui avait combattu les Américains, envisage ainsi de poursuivre les auteurs du film en justice pour les dommages causés à "sa réputation".
Respecter la réalité
Osman Hassan Ali "Atto", qui va "consulter ses avocats", se montre très volubile sur le film. "C'est incroyable de voir le préjudice que des cinéastes peuvent porter à votre personnalité. Je n'accepte pas que mon activité en Somalie soit salie par ce film", déclarait-il avant d'ajouter que "c'est bien de faire un film, mais respectez au moins la réalité".
Un combattant somalien de l'époque, Mohamed Said Abdulle, est lui aussi en colère. "Le film est stupide et présente les dirigeants et les combattants somaliens comme des êtres inhumains. (...) La bataille de Mogadiscio était de la légitime défense contre une domination étrangère. (...) Les Américains ont abattu des centaines de nos compatriotes ce jour-là, mais ils parlent encore de leurs 18 soldats tués". Pour lui, le film ne serait qu'une "astuce" visant à préparer l'opinion publique américaine à une offensive militaire contre la Somalie, pays qui, selon Washington, pourrait abriter des terroristes.
Un simple problème de vérité historique ?
Autre son de cloche, en revanche, chez Ahmed Omar Jess, un autre responsable de l'Alliance nationale somalienne, pour qui le film de Ridley Scott ne pose qu'un "problème de vérité historique". "Nous n'avons pas de problème avec les Etats-Unis", déclarait-il. La Chute du faucon noir sortira en France le 20 février prochain. Réalisé par Ridley Scott, il bénéficie notamment des présences de Josh Hartnett et Ewan McGregor.
Clément Cuyer avec AFP