L'"effet multiplexe" n'est pas bénéfique à l'offre de cinéma proposée aux Mulhousiens, loin de là. Alors que la fréquentation globale 2001 a augmenté de 15 % dans la ville alsacienne, seul le Kinépolis, multiplexe de 14 salles implanté fin 1999, en a bénéficié. Il se classe d'ailleurs cette semaine en quinzième position des cinémas les plus fréquentés de province avec près de 15 000 entrées.
Le Gaumont Palace, dernier cinéma du centre-ville, n'a pu concurrencer le nouveau venu. Il a fermé définitivement ses portes ce dimanche 20 janvier au soir. "Ce n'était plus possible. Nous perdions environ 1 500 euros par jour", explique à AlloCiné le directeur Serge Sedoff. Les neuf salles du cinéma, qui attiraient 450 000 spectateurs par an avant l'arrivée du Kinépolis n'en accueillaient plus que 142 000 en 2001. Dès l'arrivée du multiplexe, fin 1999, Gaumont avait déjà fermé son autre cinéma mulhousien : le Gaumont Rio.
Situation "tragique"
Mulhouse, qui disposait de huit cinémas au début des années quatre-vingt, n'en possède désormais plus que deux : le Kinépolis et le Bel Air, proche de l'Université. Ce cinéma d'Art & Essai, géré par une association, possède également une salle à la Filature, un lieu de spectacle. "Une convention nous lie au Kinépolis depuis deux ans. Elle nous procure l'assurance du groupe belge de ne pas diffuser de films Art & Essai et oblige Kinépolis à nous verser 45 735 euros par an", explique Stéphanie Pain, responsable du Bel-Air. Or cette convention a pris fin en décembre 2001. Une rencontre sera organisée dans quelques jours à la mairie pour pérenniser le financement du cinéma. "Nous allons essayer d'obtenir la reconduction des engagements de Kinépolis. Mais, quoi qu'il advienne, nous comblerons les besoins de financement du Bel-Air. La Ville assurera la pérennité de ce cinéma", affirme l'adjoint à la culture Michel Samuel-Weiss qui juge "tragique mais prévisible" la situation actuelle.
La ville tente actuellement de trouver un nouvel exploitant pour le Gaumont Palace. L'indépendant René Letzgus, qui exploite deux cinémas à Strasbourg et, avec Pathé, un multiplexe à Brumath, dans la banlieue strasbourgeoise, semble être intéressé.
Marie-Claude Harrer