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    Interview : Zabou et Campan

    Rencontre avec la réalisatrice Zabou Breitman et le comédien Bernard Campan autour de "Se souvenir des belles choses", ce 9 janvier dans les salles.

    La comédienne Zabou Breitman, alias Zabou, signe avec Se souvenir des belles choses son premier film en tant que réalisatrice. Dans cette comédie dramatique, elle dirige Isabelle Carré et Bernard Campan, pensionnaires d'un centre pour amnésiques. Présents au Festival de Saint-Jean-de-Luz au mois d'octobre dernier, Zabou Breitman et Bernard Campan revenaient pour AlloCiné sur ce film, sorti dans les salles françaises ce 9 janvier.

    AlloCiné : Quelle est l'origine de ce film ?

    Zabou Breitamn : Le sujet de Se Souvenir des belles choses provient de choses glanées dans des reportages de Raymond Depardon, de la mémoire qui me fascine depuis toujours et d'histoires d'amour. Cela faisait dix lignes sur un synopsis que j'ai confiées à Hugo films. Ils ont dit oui tout de suite. Dans cette note, j'avais indiqué l'idée d'ascenseur : le personnage masculin monte, il se rétablit peu à peu alors que le personnage féminin descend. A un moment ils se croisent. C'était cela le thème de base. Il ne s'agissait pas de faire un film sur la maladie mais sur comment se construire.

    J'ai revu Les Ailes du desir et c'est quasiment le même thème. De toute manière, il n'y a pas 50 000 histoires : il y a des façons de faire différentes.

    Pourquoi avoir accepté ce rôle où on vous voit dans un registre grave ?

    Bernard Campan : La question est : pourquoi refuser un rôle comme celui-là ? J'ai lu le scénario et j'ai pleuré. J'ai bien redemandé à Zabou : "Tu est sûr que c'est pour moi ?" Elle en était persuadée.

    Z.B. : Isabelle Carré avait un texte complexe mais il était moins long que celui de Bernard. Je tenais vraiment à ce qu'il sache le texte à la virgule près.

    Dans la scène du baiser dans le musée : il y avait pas mal de texte. A un moment Isabelle ne lance pas exactement la bonne phrase mais comme Bernard était tellement sûr du texte, cela a donné quelque chose de magique.

    Claire Poussin quitte la clinique pour s'installer avec Philippe. L'amour est-il vraiment le meilleur des remèdes ?

    Z.B. : Le docteur Licht, joué par Bernard Lecoq, inspiré par le neuropsychologue avec qui j'ai travaillé, le pense. La scène est née de la discussion avec ce médecin. Il m'a dit : "un grand médecin doit les laisser vivre". J'ai demandé : "même pour six mois de bonheur ?". Il m'a répondu : "Même pour une nuit d'amour". Lorsque la médecine fait sa révérence devant l'amour c'est formidable.

    J'ai aussi travaillé avec une orthophoniste qui m'a raconté la scène où Isabelle chante "Au clair de la lune". Ceci est utilisé pour les aphasies très profondes. On utilise des chansons enfantines qui font appel à la mémoire profonde. C'est une manière de retrouver la mémoire par la rime.

    B.C. : En revoyant le film et quand j'entends Zabou, je me rends compte à quel point elle s'est documentée même s'il elle a fait appel à son imagination.

    Z.B. : Je ne pouvais pas me contenter de ma simple imagination car je ne peux pas imaginer quelque chose que je ne connais absolument pas. C'est en allant vers les autres qu'on peut travailler son imagination.

    Etiez-vous curieux de la façon dans Zabou Breitman allait vous diriger ?

    B.C. : Non, je n'étais pas curieux. Je ne me suis pas trop posé la question. En tout cas, elle m'a rassuré, m'a materné. Elle rentrait à l'intérieur de moi et voyait tous les endroits qui n'allaient pas. J'ai une petite expérience au cinéma mais je sais que Zabou est une très grande directrice d'acteurs.

    Z.B. : Je disais aux acteurs ce que moi j'aime bien entendre quand je suis comédienne. Pour les scènes où je jouais avec Bernard Lecoq, j'ai demandé à Denys Granier-Deferre, qui joue un aphasique dans le film, de me diriger.

    La mise en scène et l'écriture me plaisent. Mon père est scénariste, auteur et comédien et ma mère est comédienne. J'ai appris sur le tas.

    Comment s'est déroulé la première projection publique en France ? (au Festival de Saint-Jean-de-Luz)

    Z.B. : J'avais l'impression que tout le monde détestait. Je trouvais mon travail nul. En revanche, j'ai toujours trouvé les acteurs formidables. Il n'y a pas une fois où j'ai émis un bémol sur leur jeu et pourtant je suis une spectatrice très difficile. Il n'y a pas de performance d'acteurs ; je n'aime pas ça. Je trouve qu'ils ont travaillé en osmose.

    Propos recueillis par Marie-Claude Harrer

    Retrouvez la et deux extraits ( et ) de "Se souvenir des belles choses"

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