Le 29 mars 2000, UGC lançait sa formule "UGC illimité". En septembre 2000, c'est au tour de Gaumont et MK2 à Paris de créer la formule "le Pass". Les possesseurs de cartes d'abonnement illimité sont aujourd'hui estimés à 250 000. Pour mesurer les effets sur la fréquentation et surtout sur la santé des exploitants, le CNC a analysé les données issues des déclarations de recettes des exploitants et l'institut Advent Cinéma a mené une enquête auprès de 1 790 possesseurs de cartes âgés de 13 ans et plus, du 14 au 20 mai 2001 dans dix établissements cinématographiques.
L'étude communiquée en priorité à l'Observatoire de la diffusion, organisme informel mis en place par Marc Tessier à la suite de l'émergence des multiplexes, révèle que, pour l'instant, les cartes ne pèsent que d'un poids "encore modeste" sur la fréquentation. Pour le premier semestre 2001, "les entrées cartes" représentent 6% des entrées totales en France (2,7% en 2000) et 21% des entrées sur Paris. 5,7 millions de spectateurs sont allés au cinéma avec leur carte du 1er janvier au 30 juin 2001. Alors que la fréquentation dans les salles varie fortement en fonction des périodes de l'année et des grosses sortie, la saisonnalité n'influe pas sur les entrées carte.
Tanguy, profil type du détenteur de carte
Ce sont les films nouvellement à l'affiche et les films européens non nationaux qui bénéficient le plus des cartes. Plus de 90% des possesseurs d'abonnement estiment avoir élargi leur éventail de films vus depuis qu'ils ont leur carte. Sans pour autant avoir de chiffre concret, le rythme d'utilisation est estimé à 5 fois par mois. Mais le rythme tend à diminuer pour le spectateurs qui ont la carte depuis longtemps.
Le possesseur de carte est plutôt un homme d'environ 28 ans-29 ans, titulaire d'un diplôme supérieur ou professionnel, plutôt célibataire à Paris et qui habite chez ses parents pour les détenteurs de banlieue. Ils se déclarent, en grande majorité satisfaits de la carte.
Réduction des recettes
La carte a provoqué la réduction de la recette moyenne par entrée en 2000 de 0,6 %, contribuant à diminuer la rentabilité économique des établissements qui les proposent. La marge brute réelle des émetteurs de cartes n'est que de 1,28 F par entrée en 2000 contre 15, 16 F pour la marge brute normale. Un chiffre qui devrait cependant augmenter (autour de 3-4 F) en 2001 en raison de l'augmentation du prix des cartes et des frais de dossier ainsi que d'une utilisation plus modérée par les possesseurs de cartes plus anciens.
Sur Paris, c'est les établissements généralistes non offreurs de carte, comme le Paramount ou le Grand Rex qui pâtissent de la carte puisqu'ils proposent le même type d'offres que les UGC, Gaumont ou MK2. En revanche, les salles art et essai, dont la progression est cependant moins forte que les établissements avec carte, semblent tirer leur épingle du jeu. Interrogée par l'AFP, l'ARP (la société civile des auteurs, réalisateurs, producteurs) insiste néanmoins sur "le caractère prédateur et déstabilisant" des cartes. Elle souligne que l'étude "indique que les trois-quarts des possesseurs de cartes fréquentent exclusivement les cinémas qui les acceptent. Plus d'un possesseur de carte sur deux ayant abandonné les cinémas dans lesquels il se rendait avant d'acquérir cette carte d'abonnement."
L'ARP souhaite la publication rapide du décret d'application sur la loi, initiée par Catherine Tasca, visant à encadrer l'usage des cartes.
Marie-Claude Harrer