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    2002 : boom du cinéma hispanophone ?

    Le monde du septième art sous le charme latino. Aujourd'hui en plein essor, le cinéma hispanophone devrait incontestablement marquer le cru 2002.

    A intervalle régulier, un cinéma semble devoir être qualifié d'émergent et devenir rapidement tendance. De John Woo à Wong Kar-Wai, les productions asiatiques semblaient détenir ce monopole. Or depuis quelques temps, ce n'est pas un continent qui est le moteur d'un renouveau mais plutôt une langue -l'espagnol- et par conséquent le cinéma hispanophone. Petit tour d'horizon d'une culture cinématographique en plein essor.

    L'Espagne tient ses promesses

    Il serait injustifié de dire que le cinéma espagnol est en plein décollage. La Movida a depuis longtemps montré qu'elle n'en était plus à ses balbutiements mais qu'elle avait atteint une certaine maturité. D'ailleurs elle ne se réduit plus seulement à Pedro Almodovar aux yeux du grand public. Preuve de cette bonne santé, depuis treize ans le taux de fréquentation des salles ibériques est en hausse croissante et la part des films espagnols s'accroît. C'est ainsi qu'en 2001 les deux premières places du box-office ont été occupées par Torrente 2, Mision en Marbella de Santiago Segura et Les Autres, premier film hollywoodien du Madrilène Alejandro Amenabar.

    Le cinéma espagnol qui agrandit son audience internationale, est porté par un large éventail de cinéastes qui s'illustrent avec leur propre style et dans des registres variés, Amenabar en étant le meilleur exemple. En 2002, Julio Medem, le réalisateur du film Les Amants du cercle polaire, devrait renouer avec le succès en explorant l'inconscient des rapports de couple avec son prochain long Lucia y el sexo. Alex de la Iglesia, le "Tarantino espagnol", revient avec La Comunidad une comédie noire qui fera inévitablement parler d'elle lors de sa sortie en France le 6 mars 2002. Enfin, El Bola d'Achero Manas, Goya 2001 du Meilleur film, a reçu un accueil favorable de la part du public espagnol.

    Côté acteur, l'éloge peut se faire tout aussi flatteuse étant donné le talent de comédiens tels que Maribel Verdu (Goya, Y tu mama tambien (Et... ta mère aussi !) ), ou Eduardo Noriega qui sera à l'affiche de Visionnaires en février 2002. De plus, avec Javier Bardem, vu dans Avant la nuit, ou Penélope Cruz, dont Hollywood est tombé amoureux, ces acteurs percent désormais à l'étranger. Le cinéma espagnol tient ses promesses en enrichissant chaque jour un peu plus ses créations...

    L'Amérique latine explose

    Pendant que l'Espagne confirme l'éclectisme de ses productions, l'Amérique Latine nous fait l'effet d'un réservoir de talents à suivre de très près. Cinéma à petits budgets, le manque de moyen est souvent pallié par un regain d'innovation.

    L'Argentine a depuis quelques années pris la tête de ce mouvement. Le témoignage sur les années de dictature Garage Olimpo de Marco Bechis qui sort Hijos en 2002, mais aussi des films axés sur les tensions socio-économiques comme Monde Grue de Pablo Trapero, sont révélateurs d'une nouvelle génération de cinéastes qui tente avec des petits moyens et des décors naturels de faire ressortir toute la poésie du quotidien. Dans cette lignée, on retiendra un premier essai prometteur, La Ciénaga (sortie en France le 9 janvier 2002) de Lucrecia Martel, réalisatrice à surveiller. Et parmi ces espoirs du nouveau cinéma argentin, citons également Fabian Bielinsky ou Israel Adrian Caetano.

    Mais c'est le Mexique qui crée la surprise. Entre 1997 et 2000, la part de marché du cinéma mexicain sur son propre territoire est passée de 0 à 9 %. Depuis, il semble que cette tendance ne cesse de s'accentuer. Amours chiennes d'Alejandro González Inárritu deuxième plus gros succès du cinéma mexicain, derrière Y tu mama tambien (Et... ta mère aussi !) d'Alfonso Cuaron (qui a réalisé aux Etats-Unis De grandes espérances), sont la preuve que les productions mexicaines savent assurer l'équilibre entre nécessité commerciale et réflexion. Marisa Sistach avec Perfume de violetas, nadie de oye qui est dans la course pour l'Oscar du meilleur film de langue étrangère 2002, incarne l'intérêt de ce cinéma pour les problèmes de violence et l'indifférence des relations sociales.

    Hollywood s'inspire

    Tournons-nous vers la Mecque du cinéma, Hollywood. La tendance pour cette dernière étant sans aucun doute le cinéma latin : Antonio Banderas, Penélope Cruz, Jennifer Lopez, Salma Hayek, Guillermo Del Toro, Robert Rodriguez : autant de nom à l'affiche des studios qui prouve la popularité du latino (de toutes les latitudes) outre-Atlantique. Autre indicateur de cet engouement, Pedro Almodovar est sacré par l'Académie des Oscars en 2000 pour Tout sur ma mere.

    Hollywood se met à l'espagnol pour deux raisons essentielles, d'une part pour des objectifs commerciaux : la proportion de la population américaine d'origine latino-américaine est considérable et le marché sud-américain peut représenter un territoire de conquête plus que rentable pour l'industrie américaine. D'autre part, la volonté de se renouveler pour conserver leur hégémonie pousse les studios hollywoodiens à chercher de nouvelles idées. Or, la culture hispanophone en regorge en ce moment.

    2002 sera-t-elle l'année tremplin pour les artistes hispanophones, et a fortiori l'année Alejandro Amenabar ? Tom Cruise a considérablement investi sur ce dernier : il produit son premier long métrage américain, Les Autres avec Nicole Kidman, et offre au talentueux Cameron Crowe la réalisation de Vanilla sky remake d'Ouvre les yeux, premier succès du même Alejandro Amenabar. Autre indicateur, c'est David Fincher, réalisateur de Fight club, qui produit Powder keg le premier long américain d'Alejandro González Inárritu.

    Un tel investissement souligne le potentiel artistique du cinéma hispanophone ainsi que sa capacité à mobiliser les spectateurs. Avec ce genre d'effervescence sur la côte ouest, il n'est plus risqué de dire que le cinéma hispanophone a désormais le vent en poupe.

    David Custodio

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