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    Messier et l'exception culturelle

    Le monde du cinéma français a vivement réagi aux propos que Jean-Marie Messier a tenu sur la mort de l'exception culturelle française.

    La conférence de presse à New York du 17 décembre annonçant la création d'une nouvelle entité Vivendi Universal Entertainement après le rachat d'une partie du groupe de cinéma et de télévision USA Networks par Vivendi, a soulevé l'indignation du monde du cinéma français. Pour Jean-Marie Messier (propriétaire d'AlloCiné) : "l'exception culturelle française est morte". Lors de cette allocution, Jean-Marie Messier répondit à l'inquiétude des cinéastes et producteurs à propos d'une "américanisation du cinéma français" que cette dernière n'était plus légitime dans une ère de globalisation culturelle où "l'exception culturelle n'était qu'un archaïsme franco-français".

    Mardi 18 décembre, l'ARP, la société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs a dénoncé les propos tenus par Jean-Marie Messier. L'ARP a réagi en rappelant que : "l'exception culturelle n'est pas française et que son devenir n'est en aucun cas entre les mains du p.-d.g. d'une multinationale, quelle qu'en soit sa nationalité". Par ailleurs elle a souligné que cette politique soi-disant dépassée avait tout de même prouvé "de façon éclatante au cours de l'année 2001 son efficacité en France et à l'étranger au travers d'une production riche et diversifiée ayant su rencontrer le public".

    Un cinéma français en sursis ?

    Le rachat d'USA Networks met en place une conquête plus ambitieuse des marchés médiatiques nord-américains. Cette stratégie délibérément tournée vers les Etats-Unis de Jean Marie Messier pointe la question de l'avenir du cinéma français et met en relief la menace qui pèse sur lui. Le problème de cette fusion est qu'elle touche directement Canal Plus, qui en achetant plus de 90 % des films français et en co-produisant de nombreux longs métrages à travers le monde, est un véritable pilier de la diversité du cinéma.

    Or l'absorption d'USA Networks annonce que la priorité de Vivendi est désormais les Etats-Unis, et les productions dites commerciales, alors qu'en est-il du rôle de soutien de la chaîne cryptée aux productions dites plus artistiques à l'avenir ? Cette menace se fait d'autant plus pesante qu'en 2004 la convention entre le CNC, le CSA et Canal Plus, qui depuis des années a assuré une certaine diversité aux productions hexagonales ainsi que mondiales, arrive à son terme sans que son renouvellement soit assuré par le groupe Vivendi.

    Le rôle du politique

    Les responsables du cinéma français en appellent à une plus grande implication des politiques et des législateurs, ultime rempart afin que l'exception culturelle, et par conséquent la capacité de choisir librement sa politique en matière de cinéma et le fait de ne pas réduire ce dernier à une marchandise quelconque, perdure. Paradoxalement, le discours du p.-d.g. de Vivendi Universal sur l'aspect obsolète de l'exception culturelle et sur sa future déchéance arrive à un moment où le cinéma français enregistre des records et semble être un modèle fiable.

    La bonne année 2001 ne doit pas nous faire oublier que depuis un certain temps les professionnels du cinéma dénoncent la difficulté de réunir des fonds pour les petites productions. Pour l'instant le doute demeure, l'avenir seul nous dira si un compromis ou un nouvel agencement juridique permettront de faire cohabiter toutes les formes d'oeuvres cinématographiques.

    David Custodio avec AFP

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