Le 5 octobre, le tribunal de commerce de Paris a tranché : il a condamné les Films Alain Sarde, filiale de StudioCanal, à payer une somme de plus de 280 000 euros (soit plus d'1,8 millions de francs) à Messaouda Films. Les deux compagnies de production s'affrontent suite à un projet commun qui a mal tourné. Le projet en question est celui de Gilles Mimouni, The Pretender, un film en langue anglaise au budget ambitieux avec Vincent Cassel, Mathieu Kassovitz et une vedette américaine (Sean Penn était pressenti). Les deux compagnies ont signé une convention de développement fin 1999, et ont arrêté en janvier 2001 un scénario non définitif ainsi qu'un budget de 125 millions de francs (soit environ 19 millions d'euros).
Au mois de juillet, avant même que le tournage (prévu en octobre) ne commence, le désaccord s'installe entre les deux compagnies. Il porte notamment sur le montant du devis. La rupture est consommée quelques semaines plus tard, lorsque Les Films Alain Sarde refusent de continuer à payer la préparation du long métrage, "conformément à ce que prévoit la convention de développement" précise le directeur de StudioCanal, Brahim Chioua.
Le "petit" face au "gros"
Les deux protagonistes de cette affaire n'interprètent pas les faits de la même manière. Pour Brahim Chioua, "Il s'agit d'une pure affaire commerciale. Nous avons souvent travaillé avec Georges Benayoun. Notre décision de ne pas aller plus avant dans ce projet, alors que nous l'avons développé en totalité, s'explique par son manque de professionnalisme". Mais Georges Benayoun, le patron de Messaouda Films, ne l'entend pas de cette oreille. Il met en cause le groupe Vivendi dans son ensemble, et joue la carte du "petit" face au "gros" : "Je ne suis pas un employé de Vivendi. Ils pensent que nous sommes tous des employés de Vivendi ! Je fais un acte de résistance". Pour lui, Les Films Alain Sarde se sont engagés, même si aucun contrat de coproduction n'a été signé. Les Films Alain Sarde se sont ensuite rétractés "par (..) peur devant un projet hors des normes des Films Alain Sarde." Il ajoute que "ce désengagement est intervenu le 4 juillet, juste après l'annonce du nouvel organigramme Vivendi / Canal+".
Le tribunal de justice lui a donné raison, condamnant Les Films Alain Sarde à payer les trois factures impayées dues à Messaouda Films. Néanmoins, l'affaire n'est pas encore close, puisque Les Films Alain Sarde ont décidé de faire appel de cette décision. Le verdict final sera rendu dans trois mois, et pourra entraîner une procédure au fond, "puisque Les Films Alain Sarde persistent dans la même attitude en ne payant pas la somme due bien que la décison soit exécutoire" selon l'avocat de Messaouda Films. Quant au tournage de The Pretender, il est repoussé au mois de mars.
Laure Brasseul avec Le Film Français