La production pourrait être le secteur du cinéma le plus durement affecté en cas de ralentissement de l'activité économique. En effet, la bonne santé d'une maison de production dépend directement du nombre de films qu'elle produit. Lorsqu'un studio se voit dans l'obligation de passer de 25 films par an à 20, il affiche toujours un panel de films suffisamment large et varié pour lui permettre de passer l'année sans problèmes. Mais pour certaines maisons de production dépendante des studios, une telle réduction serait suffisante pour les réduire à la survie, si ce n'est à la faillite...
Si les studios parviennent à rassurer et à redonner confiance au secteur de la production, ce scénario pourrait être évité. "Nous n'avons pas l'intention de réduire la production. Au contraire, nous devons trouver les moyens de réduire les frais de représentation et de fabrication. Mais nous ne toucherons ni à la production, ni au marketing des films. Ce sont les affaires !", affirme ainsi Jim Gianopulos, l'un des dirigeants de la Twentieth Century Fox. Voilà qui devrait rassurer les petites maisons de production, celles qui ne sortent qu'un film par an. La différence entre un film et pas de film du tout est en effet énorme pour elles.
Des conséquences seulement visibles sur le long terme
Néanmoins, si la récession économique a des retombées sur l'industrie cinématographique, elles ne seront visibles que sur le long terme. En effet, les acteurs sociaux investissent durant la phase de croissance du cycle économique, lorsqu'ils ont une anticipation optimiste de l'avenir. Or, dans l'industrie cinématographique, entre 18 mois et trois ans s'écoulent entre le moment du financement et celui de la sortie en salles. Par conséquent, si les événements de septembre se traduisent par des anticipations pessimistes des agents sociaux, les conséquences de celles-ci sur l'industrie cinématographique ne se feront pas sentir avant 2003.
Et on constate effectivement que pour le moment, la première partie de la phase descendante du cycle économique se traduit par la sortie de nombreux petits films sur le marché, films qui ont reçu le feu vert pour leur financement à un moment où la situation économique était positive et durant laquelle on investissait facilement.
La production télévisuelle première victime
Le secteur de la télévision est moins sujet a un tel délai, puisqu'il ne s'y écoule que quelques mois entre la décision d'investissement et la diffusion du programme. Il est donc probable que les producteurs de télévision soient plus rapidement touchés que ceux de cinéma. Mais cela ne sera pas sans conséquences sur le secteur du septième art : "Quand les distributeurs ne peuvent trouver un acheteur pour la télévision, ils deviennent plus méfiants et refusent toute prise de risque. Cela fait chuter les prix. Les banques refusent alors de prêter de l'argent à vue. Et les prix tombent encore plus bas," explique Rick Sands de Miramax.
"La production est déjà en train de ralentir. C'est net aux Etats-Unis. Mais quand nous nous tournons vers l'Europe, StudioCanal, le plus gros producteur européen, ne s'implique pas énormément dans la production en ce moment. Et nous ne voyons aucune grosse co-production multinationale comme La Bolandeira de Walter Salles en ce moment".
L.B. avec Screen International