L'attaque américaine en Afghanistan pourrait avoir de fortes conséquences sur le Mifed, qui se tiendra à Milan du 28 octobre au 1er novembre. Le Mifed, marché international de l'audiovisuel, existe depuis 1960. Il s'adresse aux sociétés et aux professionnels qui vendent et/ou acquièrent des droits cinématographiques, télévisuels et vidéos. C'est le second marché mondial de l'audiovisuel, derrière celui de Cannes et devant celui de l'AFP de Los Angeles.
L'événement est donc extrêmement important pour l'industrie cinématographique. Les attaques terroristes du 11 septembre avait déjà découragé de nombreux acheteurs qui s'y rendent habituellement : ainsi, le nombre de participants inscrits aurait chuté de 26% cette année selon les chiffres annoncés par Screen International. Et ces compagnies, déjà moins nombreuses qu'à l'ordinaire, pourraient annuler leur inscription à la suite de l'intervention américaine en Afghanistan. Une situation devenue encore plus tendue après la catastrophe survenue hier soir à l'aéroport de Milan...
Les acheteurs nord-américains et européens désertent le Mifed
La plus grosse chute enregistrée concernant les inscriptions au Mifed est celle des acheteurs nord-américains. Seulement 101 compagnies américaines et canadiennes ont souscrit au catalogue des produits Mifed proposé par Screen International, contre 148 l'an passé. En tout, on dénombre 222 compagnies inscrites contre 302 en 2000. La deuxième chute concerne les vendeurs européens, qui sont 88 cette année au lieu de 114 l'année dernière. Les effectifs des autres nations restent sensiblement les mêmes.
Une poignée de compagnies viendra probablement s'inscrire tardivement (5 compagnies se sont inscrites dans la quinzaine précédents l'ouverture du Mifed l'an passé). Mais malgré cela, on sera loin des chiffres de la dernière édition de la manifestation. Si la directrice commerciale du Mifed Elena Lloyd confirme que le nombre de participants cette année est inférieur de 30% à 50% à celui de l'année dernière, elle ne pense pas qu'il y ait un risque sérieux d'enregistrer d'autres annulations à la suite des événements : "Bien que le nombre d'annulations soit effectivement supérieur à celui de l'an dernier, la hausse n'a rien de significatif. Il est normal d'avoir quelques annulations. Et, dans la mesure où une inscription précoce n'offre aucun avantage économique -elle permet de ne pas faire la queue pour obtenir un badge-, le fait que le nombre de pré-inscriptions connaisse une baisse ne reflète pas forcément le nombre final de participants".
Une atmosphère plus sinistre après le drame de Linate
Mais la nouvelle de la catastrophe aérienne de l'aéroport de Linate, à Milan, n'a évidemment pas rassuré les organisateurs du Mifed. "Cela n'a fait que rendre l'atmosphère encore plus sinistre," souligne Elena Lloyd. Plusieurs vendeurs à Rome ont ainsi affirmé qu'ils n'étaient pas rassurés de voyager hors de l'Italie en personne, et qu'ils patienteraient quelques temps avant de se prononcer sur leurs éventuelles présences au London Screenings, une autre manifestation importante pour les professionnels du septième art et de l'audiovisuel. Reflétant le sentiment général, l'un d'eux affirme : "Nous voulons voir qui, à part les vendeurs italiens, se rendra à Londres, avant de nous décider. Nous voulions vraiment y participer, mais c'est le fait de devoir aller en ce moment au Royaume-Uni qui nous gêne".
Afin de rassurer les participants au Mifed, Elena Lloyd a également affirmé que les mesures de sécurité avaient été renforcées pour l'édition 2001, avec plus d'agents de sécurité et un détecteur de métaux à l'entrée. "Les sacs seront fouillés si nécessaire".
L.B. avec ScreenDaily
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