Bien malin qui peut établir une frontière entre le cinéma et le petit écran. En proposant des films produits pour et/ou par la télévision, le Festival Tout Ecran de Genève brouille les pistes, pose les bonnes questions, tout en se gardant bien d'y répondre. Consciente que les réalisations de qualité ne sont pas l'apanage du cinéma, la manifestation se défie des chapelles. Et des exemples récents lui donnent raison. Les réussites de Claire Simon (Ca, c'est vraiment toi), Dominique Cabréra (Nadia et les hippopotames, la version cinéma de son téléfilm Retiens la nuit) ou Claude Miller (La Chambre des magiciennes) -autant de cinéastes qui ont travaillé pour la télévision, et avec succès- suffisent à convaincre.
Le Festival Cinéma Tout Ecran est le cadre d'une compétition. Une quinzaine de longs métrages concourent pour cette septième édition. Si la liste n'est pas encore définitivement établie, quelques titres sont d'ores et déjà connus :
Adrift de Michiel van Jaarsveld (Hollande)
Brève traversée de Catherine Breillat (France), en présence de la réalisatrice
Care d'Antonia Bird (Grande-Bretagne)
Elephant and grass de Dervis Zaim (Turquie)
Keep away from the window de Jan Jakub Kolski (Pologne)
Love bakery de Park Hun-soo
Newsman de Yvan Butler (Suisse)
Regarde-moi de Frédéric Sojcher (Belgique)
Roadblocks de Stavros Ioannou (Grèce)
Secret tears de Park Ki-Hyung (Corée du Sud)
Strumpet de Danny Boyle (Grande-Bretagne)
South west nine de Richard Parry (Grande-Bretagne)
The Pilgrimage of students Peter and Jacob de Drahomira Vihanova (République tchèque)
Trash girl de Gilberto Squizzato (Italie)
Evénement d'importance pour la production télévisuelle française, Brève traversée de Catherine Breillat constitue le premier volet de Masculin/Féminin, une nouvelle collection de téléfilms dans la lignée de Gauche-Droite (dont faisait partie Le Petit voleur d'Erick Zonca).
Un jury présidé par l'acteur (et romancier) Peter Ustinov départagera les films sélectionnés, distinguant les meilleures productions du Grand Prix du meilleur film et du Grand Prix de la meilleure réalisation. Les comédiens ne seront pas oubliés par les cinq jurés (parmi lesquels la journaliste et directrice de France Culture Laure Adler), puisqu'ils se verront également décerner des prix d'interprétation. L'an dernier, le Festival avait récompensé le réalisateur mexicain Arturo Ripstein pour C'est la vie. En marge de la compétition sera remis, pour la première fois, le Prix du meilleur film de télévision suisse.
Le court métrage tient une place importante dans le festival. Outre deux "Nuits du Court Métrage" (les 25 et 26 octobre), Genève accorde des "Cartes Blanches" à Canal + et au British Council (l'organisme anglais chargé de la répartition des aides publiques pour le cinéma), qui proposeront des sélections de films courts.
Le Festival propose également une sélection de séries internationales, dont des programmes réalisés en Afrique (Taxi brousse, Burkina-Faso/Bénin), au Japon (The Fuccon family), ou encore en Grande-Bretagne (Urban gothic, Shades, Absolutely fabulous).
Cette année, Genève rend hommage à David Cronenberg (La Mouche, Crash, Existenz). Le cinéaste canadien débuta sa carrière à la télévision en réalisant des téléfilms et quelques épisodes de séries télévisées.
Invité d'honneur de l'édition 2001, NOS, société de radiodiffusion des chaînes de télévision du service public hollandais invite les festivaliers à découvrir les programmes de la télévision batave, et à participer au colloque international "La Télévision comme espace de création", espace de réflexion consacré cette année à la place qu'accordent les chaînes européennes à la fiction.
V.G