Le journal allemand Die Zeit vient de publier un article polémique du philosophe américain John R. Searle, qui adresse de nombreuses critiques au dernier film de Steven Spielberg A.I. Intelligence Artificielle (attendu en France le 24 octobre). John R. Searle est professeur de philosophie de l'esprit et du langage. Il s'est distingué par ses travaux qui réfutent l'hypothèse que le cerveau fonctionne sur le modèle d'un ordinateur.
John R. Searle ne critique pas le thème même du film : fabriquer un robot doué de sensibilité, en l'occurrence le petit David, interprété par Haley Joel Osment (Sixième sens). Ce qu'il attaque, c'est le titre A.I. Intelligence Artificielle, qui laisse suggérer au spectateur une réflexion sur l'avenir de l'intelligence artificielle, alors que ce n'est pas le cas. Selon le philosophe, "de graves fautes intellectuelles" sont imputables à Steven Spielberg. Selon lui, l'histoire repose sur une ambiguïté : le robot semble se comporter comme un Homme même s'il n'a pas de conscience. Or, le cinéaste fait croire par la suite qu'il a finalement une conscience.
Pour que le robot soit doté d'une conscience, il faudrait un cerveau ; et jusqu'à maintenant, personne ne sait comment en créer un. L'Homme sera peut-être un jour capable d'élaborer un cerveau, mais à ce moment là, le résultat n'aura plus rien à voir avec ce que l'on nomme "intelligence artificielle". Car la définition de l'intelligence artificielle est un projet de fabrication de programmes d'ordinateur simulant l'intelligence humaine et non le fonctionnement d'une conscience. Pour répondre à cet éminent professeur, Steven Spielberg va devoir plancher sur ce sujet hautemement philosophique...
A.C.