Jack Valenti règne depuis trente-cinq ans sur le cinéma américain. Dynamique président de la MPAA et de la MPA, ce pimpant octogénaire entend bien rester l'intime des studios hollywoodiens pendant quelques années encore. Il a aujourd'hui 80 ans, l'occasion pour nous de mieux le découvrir.
Jack Valenti naît le 5 septembre 1921 à Houston, au Texas. Très jeune, il commence à travailler pour le groupe pétrolier américain Humble Oil Company, le futur Exxon. Lorsque la guerre éclate, il devient pilote de bombardier dans l'U.S. Air Force. A la fin du conflit, il intègre l'université de Houston, où il obtient son diplôme grâce aux cours du soir. Il sera par la suite diplômé de Harvard. En 1952, Jack Valenti se lance dans le conseil en communication et en politique, en montant sa propre agence. Trois ans plus tard, il entre en contact le sénateur Lyndon B. Johnson, une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière.
Le 22 novembre 1963, le président Kennedy est en visite à Dallas. Jack Valenti est en charge de la presse pour cet événement. Lorsque le président est assassiné, Valenti rentre avec Lyndon B.Johnson, alors nouveau président, à Washington, et devient son conseiller. Le 1er juin 1966, sa carrière prend un nouveau tournant : Jack Valenti est nommé président du MPAA. Il est le troisième homme à présider aux destinées de l'organisme chargé de veiller sur la production cinématographique américaine.
En tant que président de la MPAA et de la MPA, Jack Valenti est désormais au centre de la vie hollywoodienne. Fondée en 1922, la Motion Picture Association of America (MPAA) a pour objectif de servir les intérêts de l'industrie cinématographique et audiovisuelle américaine, sur le territoire américain. Initialement créée pour s'occuper du cinéma, la MPAA a peu à peu élargi d'elle-même ses mandats aux nouveaux médias : télévision, vidéo, et maintenant Internet. A la fin de la seconde guerre mondiale, les autorités américaines ont créé la MPA. Cette seconde instance, née en 1945, est destinée à veiller à la bonne exportation des films américains hors des Etats-Unis. Autrement dit, elle sert à promouvoir le cinéma américain hors de ses frontières.
Dès son arrivée à la tête de la MPAA, Jack Valenti s'est attaché à la question de la classification des oeuvres cinématographiques. Depuis 1922, le septième art était régi par le Code Hayes, un code de censure moral précisant ce qu'il était interdit de montrer à l'écran. Jack Valenti supprime ce code en 1968. Au lieu de créer des directives sur le contenu des oeuvres, ce qui impliquait une censure a priori, il a imaginé un système permettant de classer les films après leur réalisation.
Ainsi est né le système des movies ratings, comprenant les catégories suivantes :
G : aucune restriction, le film est visible par tous les publics.
M : pour public "mature". Cette mention n'étant toutefois que purement indicative.
R : la lettre R signifiait "restreint". Le film était interdit aux moins de 16 ans non accompagnés.
- X : interdit aux moins de 17 ans.
Ce système de classification a très peu évolué depuis sa création. Aujourd'hui, les catégories sont les suivantes :
G signifie que le film est visible par tous les publics.
PG signifie que le film contient des éléments qui ne sont pas destinés aux enfants.
PG-13 indique que le film contient des éléments inappropriés pour les enfants de moins de 13 ans.
R indique que le film contient de nombreux éléments pour un public mature, et nécessite que les enfants de moins de 17 ans soient accompagnés d'un adulte.
- NC-17 indique que le film est interdit aux moins de 17 ans.
Récemment, ce système a fait l'objet d'une polémique. La FTC, commission fédérale du commerce, trouve en effet les classifications actuelles inappropriées. Selon la commission, trop de films violents sont encore accessibles aux jeunes, et la MPAA en serait le relais via une classification trop laxiste. Naturellement, Jack Valenti défend bec et ongles son système, en montant régulièrement au créneau.
A 80 ans, "Big Jack" n'entend pas quitter ses fonctions. Après avoir officié sous sept présidents différents et un nombre incalculable de dirigeants de studios, il tient à poursuivre ses activités quelques années encore. Comme il le dit lui-même : "La place n'est pas à prendre. Il n'y a rien de plus à ajouter". Et il ne manquera pas de travail, tant les dossiers sont nombreux : de la violence dans les films à la lutte contre la piraterie, nombreux sont les sujets importants dans cette industrie en pleine mutation. Chapeau bas, Mr. Jack !
F.M.L