Depuis la fin des années quatre-vingt dix, de plus en plus de réalisateurs, comme Lars von Trier avec Les Idiots, ont fait le pari du numérique. Mais la haute définition numérique n'en est encore qu'à ses débuts. Barbet Schroeder l'a déjà utilisée dans La Vierge des tueurs sorti en septembre 2000 en France. Mais le cinéaste a eu recours à une caméra qui enregistrait 30 images par seconde. D'où un énorme problème lors du transfert sur un film à 24 images par seconde.
Grâce au format 24P de la nouvelle caméra Sony HDW-900, les images tournées en numérique sont directement utilisables lors de la post-production et compatibles avec le film. Car ce support film reste indispensable lors de la sortie en salles puisque les cinémas ne sont pas (encore) équipés de projecteur numériques. Georges Lucas a d'ailleurs immédiatement décidé d'utiliser ce nouveau procédé pour le deuxième épisode de Star wars intitulé Attack of the clones. Mais, "cocorico", c'est le Français Pitof qui a eu la primeur de cet outil en réalisant Vidocq, qui sort le 19 septembre dans l'Hexagone.
Pitof, ex-directeur d'effets spéciaux et réalisateur de seconde équipe sur des films comme Delicatessen ou Alien, la résurrection, a trouvé de multiples avantages à tourner en haute définition numérique, les images produites étant modulables à l'envie. Ainsi sur les 2 300 plans du long métrage, 800 ont été retouchés, tout cela pour un budget prévisionnel de 150 millions de francs.
Mais pour Pitof cette révolution technique est aussi une révolution artistique. D'une part, la toile de fond historique de Vidocq ,dont l'action se déroule peu avant la révolution de 1830, aurait normalement nécessité une reconstitution du vieux Paris. Or, le réalisateur a choisi par exemple de tourner une séquence sur le véritable Pont-Neuf, de gommer ensuite les éléments modernes qui y figuraient et de rajouter des détails d'époque en post-production.
D'autre part, Pitof souhaitait donner un traitement très particulier à l'image. S'inspirant des tableaux de Gustave Moreau, il a pu modeler les couleurs et augmenter les contrastes avec une netteté et une précision difficilement égalables sur pellicule.
Enfin, les effets spéciaux qui devaient intervenir dans les scènes de combat et d'orage ont été facilités par le numérique. Reste que le spectateur devra s'habituer à un nouveau type d'images, et qu'il n'est pas sûr qu'il en adopte immédiatement l'esthétique.
A.C.